Stéphane Szerman

OUVRAGE A EVITER. PAS TRES SERIEUX.



Dans l'absolu, je ne suis pas convaincue par le concept de résilience mais ça n'a rien à voir avec le fait que j'ai trouvé ce livre d'une affligeante nullité. En même temps, que celui-ci, je lisais le que-sais-je sur le même sujet: "la résilience" de Serge Tisseron, donc j'ai eu droit par deux fois au même descriptif. Définition plus que floue. On va dire que pour schématiser, la résilience c'est rebondir mais voilà, parfois on nous parle de rebondir pour la puberté et pour avoir assisté au massacre de sa famille au Rwanda...Est-ce que c'est rebondir par rapport à une enfance malheureuse ou est-ce rebondir à un traumatisme grave grâce à une enfance structurée heureuse, stable et remplie d'amour? rebondir jusqu'à quel point, c'est vivre avec ses souffrances incommensurables ou les guérir?... Ce mot tendance m'a tout l'air d'être un fourre-tout bien pratique mais finalement bien inutile.

Ensuite on a droit au strates d'études qui ont permis de développer ce concept bordélique à commencer par celle des "enfants d'Hawaï" qui me semble être la plus intéressante car face au déterminisme et au fatalisme de la psychologie et toutes les sciences sociales qui y sont associées voici 100% des ces enfants qui auraient été pronostiqués" vie foutue" mais la résilience nous accorde une rallonge de 30% d'entre eux qui s'en sortiront selon les critères de la société et qui se sentent heureux devenus adultes.



Seulement voilà, l'auteur nous donne énormément d'exemples de résilience tirées de personnes célébres comme notre Johnny national ou Bayrou. Sait-on s'ils sont heureux? Leur réussite sociale nous suffit-elle à le déduire? Cela pourrait paraitre un détail mais il est non négligeable car le bavardage vide autour de ces exemples et ceux de ces patients rallonge la quantité à lire de 50%(oui, c'est un fait objectif, j'ai fait un rapide calcul quant au temps de lecture et au nombre de pages) par rapport au que-sais-je qui lui, est beaucoup plus rigoureux et clair et concis pour exposer tout cela, ainsi que les facteurs génétiques, les facteurs de risques, les facteurs protecteurs etc... mais en terme de qualité le que sais-je est d'autant plus intéressant qu'il fournit des analyses très fines des effets secondaires pernicieux de la notion tendance et du phénomène de résilience.

J'ai l'impression que dans la plupart des cas, il ne s'agit que d'apparente résilience qui s'accompagne d'une souffrance chronique et/ou jusqu'à la décompensation où la facture finit par se payer majorée de lourds intérêts.



Beaucoup plus subjectif et personnel, l'auteur, pour différentes raisons que je ne vais pas détailler, m'est particulièrement antipathique. Il semble doté d'une empathie à géométrie variable qui m'a beaucoup choquée à plusieurs reprises.

Le sous-titre racolleur "on peut tous s'en sortir" m'exaspère également car par exemple lorsque l'on a été privé d'attachement sécure dans sa prime enfance et que l'on est privé de soutien suite au traumatisme, on a peu de chance de s'en sortir selon cette belle théorie.

C'est là que je pose la question, est-ce que si l'on a une chance de s'en sortir dans ce cas-là, cette théorie ne nous en prive pas parce qu'elle nous dit que cela n'est pas le cas? et que dans quelques années, une autre théorie bancale tentera de nous expliquer qu'on peut espérer une rallonge de 30% de plus grâce à des mécanismes qu'elle aura tout autant de mal à expliquer? Dans ce cas précis, il n'y a plus qu'à la jeter au feu et avançons cabossés! "Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait" Mark Twain.

Comment apprendre à ralentir pour faire plus de choses cela semble paradoxal mais possible !

Prendre du recul et ralentir le temps : tout est dedans.