Elle n’oublie pas que l’on est jamais rien d’autre que soi.
Le Berengaria quitte la baie de New York et laisse derrière lui la verticalité de la ville pour ne plus offrir à ses passagers que l’horizontalité somnolente d’une mer d’huile. Le vieux continent s’étire sur l’horizon comme une terre promise à l’autre bout de l’océan. Le rejoindre, c’est emprunter le chemin inverse des esclaves, entassés en des temps infâmes dans les navires négriers.
Joséphine a le cœur serré. Dernière elle, son berceau, sa terre natale. Elle laisse ses frères et sœurs, cette épaisse misère dans laquelle elle a grandi, une enfance où il a fallu arracher la moindre parcelle de lumière aux ombres d’un taudis.
Ce que vous appelez le destin n'est rien d'autre qu'une volonté mêlée de chance et de ténacité. De courage, aussi.