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Citations de Stephen Jourdain (56)


Charles Antoni : Tu ne trouves pas de sens à être sur cette planète, au delà du fictif ?

Stephen Jourdain : Mais je ne crois pas une fraction de seconde à l'existence en soi de cette planète ! Je n'y crois pas du tout. Je crois au paysage terrestre, à ce paysage-ci. Le cosmos, le monde (ce qu'on appelle généralement le monde), c'est une abstraction. Elle peut être utile, peut-être ne peut-on pas vivre sur Terre sans cette abstraction mais c'est une abstraction ! Nous parlons du monde en l'enflant démesurément au lieu de prendre en compte la rue dans laquelle nous marchons ou la pièce dans laquelle nous nous trouvons, le paysage terrestre que nous avons sous nos yeux. Le monde, c'est ce que nous avons sous les yeux. Ce qui est au-delà, le grand machin cosmique, c'est une fable. On peut très bien s'amuser avec cette fable, il n'y a pas de péché à cela mais il faut la voir dans sa nature. Vous conviendrez volontiers que si on conçoit le cosmos comme une fable, on aura quelques réticences à parler d'une conscience cosmique, éh oui, cela serait comique !
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L'éveil est un événement, la plus colossale et la plus décisive des révolutions que puisse connaître le "dedans" d'un homme.
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Et pourtant, à t'en croire, il serait impossible de remarquer quoi que ce soit de différent chez un éveillé...

En fait, un observateur intelligent et très attentif pourrait remarquer certaines choses. Mais je me suis toujours attaché à n'en rien laisser paraître. De même qu'on ne va pas baiser devant tout le monde, à moins d'être exhibitionniste, il ne saurait être question d'étaler au grand jour cette réalité si intime qu'est l'éveil.
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Tu as cependant nettement senti que cette expérience te différenciait des autres ?

Lorsque cela s'est produit, j'ai parfaitement ressenti l'abîme qui me séparait des autres. Un abîme sans appel, soyons francs. Si cela jaillit en toi, tu auras l'impression qu'il existe entre toi et les autres, plongés dans l'état de conscience courant, une différence telle qu'on ne saurait même envisager l'idée de jeter une passerelle. La distance est énorme... Aujourd'hui, après quarante ans, c'est un peu différent. Je veux dire par là que, par une sorte de phénomène de projection, je ressens tout le monde comme éveillé même si, intellectuellement, je sais très bien qu'il n'en est rien. Mais à l'époque, la distance m'était perceptible, sensible.
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Lorsque j’entends (non pas dans les salons, il n’y a plus de salons maintenant, il n’y a pas de salons mais il y a des cénacles) lorsque j’entends dans un de ces cénacles dire : “celui-là il est tout près d’avoir l’éveil” et “celui-là s’en éloigne”, je suis ahuri, parce qu’il ne se passe rien. Si on se représente Ça comme quelque chose, on se trompe gravement dans la conception que l’on a des choses. Si par hasard la chose se produit, cette conception va voler en éclats, comme toutes les autres (ce que je viens d’exprimer, aussi), la place est nette, il ne reste plus rien, même pas ça. Aborder l’Éveil ou la Réalisation suprême comme quelque chose, c’est une erreur très très grave. Il s’agit de s’enfoncer dans l’être - nous sommes dans l’être, mais on est comme à la surface - il s’agit de s’enfoncer dedans, d’être plus. Il faut savoir comment s’enfoncer : C’EST ÊTRE CONSCIENT D’ÊTRE, c’est ça le levier. Si je veux être plus, il faut que je sois plus conscient d’être, c’est la même chose. Être et être conscient d’être, c’est une même chose. Et s’enfoncer dans l’être, ça ne change rien, il faut bien comprendre ça.
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Ce qui m’est arrivé quand j’avais seize ans. En fait il ne m’est rien arrivé du tout. C’est vrai que c’est l’événement le plus colossal que l’on puisse imaginer, on ne peut pas trouver d’adjectif qui soit à la hauteur de la dimension de l’événement mais soyons francs, il ne s’est strictement rien passé, “ce qui a été, a été”, “le rouge, devient rouge”, c’est vrai que c’est un événement inoubliable, “moi, devient moi, suis, devient suis”, inoubliable, mais en fait rien, un non-événement, rien, absolument rien. Celui qui vit cet événement énorme, s’attendrait à ce qu’il y ait des retombées, qui nous permettent de gérer notre vie le moins mal possible :

- que Dieu (dieu, c’est moi) que Dieu-moi nous prodigue ses conseils, infléchisse le cours de nos vies, nous fasse changer d’opinions.

- non, rien, aucune retombée, rien, le fleuve de toutes les choses continue à couler majestueusement, simplement avant il y avait des bouchons, il ne coulait pas très bien, là le torrent dévale majestueusement, mais strictement rien n’ est changé.
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Question : Ça a été brusque ?
Stephen Jourdain : Le mot est bien faible pour évoquer le caractère totalement abrupt de l'événement.
Il n'y a pas eu passage. Il n'y a pas eu l'ombre d'une transition. Peut-être pourrait-on essayer de suggérer une telle rupture en se reportant à ce qui se passe lors du réveil en sursaut. Je me suis éveillé en sursaut alors que les yeux de mon esprit étaient grands ouverts. Je me suis éveillé en sursaut de ma veille, comme si celle-ci n'avait été que sommeil et rêve.
Je n'ai pas eu la sensation d'émerger. Cela a été bien trop rapide. Il y a eu rupture foudroyante, et, comme si une infime fraction de seconde plus tôt, j'avais, dans la foulée, sans m'en rendre compte, défoncé l'acier éprouvé du fond de mon intériorité pensante, je me suis retrouvé derrière moi-même, avant moi-même, v-e-i-1-l-a-n-t. Veillant pour la première fois de mon existence. Veillant d'une veille infinie qui se veillait elle-même infiniment ; et ainsi, s'œuvrait.
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L’esprit… Il en est de ce mot-clé comme des quelques autres mots-clé : si transparent, si évident que soit son sens pour notre intuition, il se montre absolument rebelle à la définition. On ne peut le définir que négativement. Dire ce qu’est l’esprit, non ; dire ce qu’il n’est pas, oui. Ce qui n’est déjà pas si mal !
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La conscience est cette lumière immatérielle qui révèle à lui-même notre être intérieur, cette miraculeuse transparence à soi de notre présence. Ceci est le mystère des mystères! La conscience est à jamais injustifiable. Aucune intelligence humaine, jamais, n’en donnera une définition.

Mais Dieu soit loué, elle est caractérisable. Ainsi peut-on, sans outrecuidance, apporter cette information : la conscience n’est rien d’autre que sa mise en relation avec elle-même. On peut l’évoquer comme l’apparition en son sein d’un lien qui l’unit à elle-même…

Ce que j’appelle l’Éveil (qui n’est pas réservé à une soi-disant élite mais constitue une potentialité universelle) viole les lois logiques comme le trou noir viole les lois physiques.

Eh oui, l’Éveil ou Conscience infinie de soi, fondement absolu de notre propre présence, fondement absolu de toute chose, cousine avec le trou noir !
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Stephen Jourdain : En théorie tout le monde peut, à tout instant, s’éveiller. Si on retient cette terminologie, il semblerait que l’éveil spontané soit rare. Mais il est vrai que l’Eveil recherché et trouvé est rare également. C’est extraordinairement facile quand on sait faire le geste, (très, très facile, lumineux !), mais très difficile à mettre en place ; il y a un truc !

C’est vrai qu’il y a un truc ! Quand on est petit et qu’on apprend à monter à bicyclette, on se dit que c’est impossible, qu’on ne tiendra jamais sur ce truc-là, impossible ! Et puis on essaie, on se casse la gueule un certain nombre de fois, et tout d’un coup on part sur son vélo. On a appris, on a compris. On ne sait pas expliquer ce que l’on a compris, c’est très difficile mais, tout à coup, on sait monter à vélo.

Là, on sait monter à Dieu, on sait monter à l’Eveil ; c’est pareil ; il y a un truc. Le tout est de donner le truc, ce n’est pas vraiment évident.
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Stephen Jourdain
Chaque homme, je le suppose, une fois au moins dans son existence, est tombé en arrêt, comme foudroyé, devant ce mystère des mystères : mon être intérieur s’apparaissant à lui-même. Devant le phénomène de la conscience. Je me sais !!!
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L’éveil » est je, moi, « un sujet sans yeux voyant, sans lumière, un objet sans apparence qui n’est autre que ce sujet voyant, se voyant. Ceci, à bout portant ». « Je » s'engendre lui-même. « Je » est cause pure de soi.
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Le lendemain, vers la même heure, je tente une expérience :
Hier j'étais tout près d'Ambre physiquement ; et je lui tenais la main. À l'instant présent, elle se trouve à nouveau dans sa chambre, couchée dans le noir. Je me tiens, moi, dans le salon du rez-de-chaussée ; non seulement donc un étage plus bas, mais point même à son aplomb ; en tirant un trait depuis ma position jusqu'à la sienne, l'on obtiendrait une longue diagonale.
Quatrième éclair de conscience.
Je monte d'un trait dans la chambre de Ambre.
- «Tu as encore fait ton truc» me dit-elle, «je l'ai senti venir, et j'ai sursauté».
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Vos pensées sont en toc. Vos images mentales sont en toc. Vos aventures mentales sont en toc. Votre moi est en toc. La présente allégation est en toc
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« Qu’est-ce que la conscience ? », s’interrogea-t-il ? Ce jour-là, la chance était avec lui, et une évidence fondit aussitôt sur lui : que resterait-il et de lui-même et de la grande question s’il n’était conscient de lui-même se la posant !
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Question : Vous semblez avoir désormais l’action de raisonner dans votre colimateur …

Steve : Raisonner …, il y a façon et façon. Mieux vaut bien sûr en ce domaine, une approche subtile et rigoureuse qu’un traitement mou et approximatif. Là, au moins, on porte l’hallucination à incandescence … Alors, l’intuition peut se réveiller et tout faire exploser ! De sorte qu’on pourra – enfin ! – faire ce qu’on a envie de faire : boire un café, griller une Gitane, descendre le torrent à la nage ou sur un matelas pneumatique, ou ne rien faire du tout. Enfin débarrassés de l’Être et du Non-être, du Semblable et du Dissemblable, du Un et du Multiple, du Temps et de l’Éternité, du Particulier et du Général, de tous ces grands piliers sur lesquels nous reposons ! Plus de piliers, plus de temples – cela paraît inouï – et pourtant il y a encore quelque chose !
Quelque chose comme l’essentiel.
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Question : Et à partir de là ?

Steve : À partir de là, on a en une seule fois - on peut bien le dire – toutes les réponses à toutes les questions … Pas sur le plan intellectuel, sur le plan existentiel. On a crevé comme une feuille de papier le labyrinthe de la pensée, atteint l’être – et on COMPREND, on SAIT.
On peut certes broder là-dessus indéfiniment, avec plus ou moins d’adresse, mais le cœur de l’affaire consiste bel et bien en la mise en cause de cette certitude profonde, absolue : en tant que je me pose telle ou telle question, je suis réel, r-é-e-l – empreint de la même parfaite réalité que mon questionnement.
Je me pose une question – ce qui est bien mon droit ! Mais voilà que déjà, sans en avoir la moindre conscience, j’appose frauduleusement sur ce pur mouvement subjectif – et sur ce « je » qui s’y trouve si tragiquement impliqué – le label « réalité objective ».
En fait, la fraude va bien au-delà de ceci … Toute question fonctionne comme un doigt qui désigne, qui croit désigner, le continent massif du réel dit objectif, dit extérieur, alors qu’il est en train de le tracer sur la buée de quelque fenêtre … Pure illusion encore, donc.
Et nous voici tous, hommes intègres et de discernement, nous bouchant frénétiquement les yeux à la nature de ce que notre esprit considère : une pensée en train de prendre son envol, rien de plus, un peu de vapeur mentale, rien de plus.
Fantasmagorie. Hallucination.
Et nom de Dieu, ça prétend être du réel, du dur, du solide !
Que faire ? Nous réveiller et voir que ce n’est pas solide ; dès lors que ça revêt l’apparence solide, on va droit au désastre.
En revanche, quand ça veut bien avouer son irréalité fondamentale, son inconsistance, sa fluidité et sa légèreté essentielles … eh bien, on est sauf – et au contact de quelque chose de sacré.
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"L'éveil" est le surgissement de la conscience-moi infiniment consciente d'elle-même. "Eveil" c'est un bon mot, "l'éveil" cela chosifie et généralise dangereusement le sens du mot, mais il faut bien s'exprimer ! Je me console en me disant qu'au moins j'emploie ce substantif dans son sens propre, et non dans un quelconque fumeux sens figuré, où il ne resterait rien de la notion fondamentale de vigilance. "L'éveil" est un événement, la plus colossale et la plus décisive des révolutions que puisse connaître le "dedans" d'un homme, et il est également vrai que l'événement ici est datable... Impossible de ne pas tenir ce langage. Et en même temps, impossible de ne pas le désavouer aussitôt, de ne pas affirmer que "l'éveil" est un non- événement pur. Quand un chien se trouve devant une contradiction, il se gratte, moi je parle d'un non-événement majeur.

Conscience pure. Pure de quoi ? On pourrait se le demander. Mais l'épithète est juste. "Infinie", là c'est strictement descriptif, il y a dans cette conscience un infini qui n'a rien de théorique, un infini, aussi peu discutable que la présence du soleil dans le ciel d'août. "Un infini patent d'active conscience", je me cite. "Absolue" ? Je n'utilise ce terme que rarement, je le trouve lourd.
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Si la proposition magique fait long feu, c'est qu'elle n'est correcte que formellement. Le mot "moi" est là, pas le sens "moi", ce qui est véritablement signifié est "lui" = un objet. Le mot sacré "moi" a été vidé de sa signification personnelle, et ceci n'est pas pieux, ni intelligent, ceci est un sacrilège stupide.

Il faudrait donc ajouter cette précision, "l'éveil" = moi, oui, mais moi c'est... MOI !
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La proposition sacrée, première, inscrite en lettres de feu dans ce miracle qu'est "l'éveil", est : Je suis personnellement cette conscience infinie, cette conscience infinie est moi. L'intuition de cette identité absolue de "l'éveil" et de moi est une même chose que "l'éveil".

Très curieusement cette proposition est souvent correctement formulée par des esprits à la fois ouverts et brûlants : "éveil" = moi, conscience infinie = moi. Mais rien ne se passe et on se demande alors : nom de Dieu, pourquoi cela ne marche-t-il pas ? Et la question est empreinte de rage, car "l'éveil" est une potentialité de tout esprit humain, et que le type qu'on a devant soi est à un cheveu de l'actualiser.
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