Steve Silberman

Une autiste du nom de Laura Tisoncik a lancé en 1998 un site web à première vue tout ce qu’il y a de plus officiel : le site de l’Institut pour l’étude des personnes neurologiquement typiques. « Le syndrome neurotypique est un trouble neurobiologique qui se caractérise par une préoccupation pour les questions de sociabilité, des illusions de supériorité et une obsession pour la conformité », pouvait-on lire dans la foire aux questions du site. « Il n’existe pas de remède à ce jour ».

Une feuille de papier encadrée titrée « Questions à poser à Leo » est placardée sur la porte d’entrée. Comment t’appelles-tu ? Quel âge as-tu ? Quelle est ton adresse ? Comment s’appelle ta grande sœur ? Comment s’appelle ta petite sœur ? Shannon a conçu cette liste non seulement pour encourager les visiteurs timides à engager le dialogue avec leur fils, mais aussi pour aider Leo à verbaliser les choses qu’il sait sans être toujours capable de les mettre en mots. […]

Lorsque Leo est heureux, il produit des riffs de scat à partir desquels il élabore de petites mélodies. S’il est content mais agité, il émet un son qui ressemble à « tikka, tikka, tikka ». S’il est plus anxieux, on entendra un « Arch-cha-cha ! » rappelant le célèbre humoriste et chanteur américain Jimmy Durante. Un éclat de joie soudain peut le pousser à agiter les bras dans tous les sens et à courir en cercle en criant « Whoop ! Whoop ! Whoop ! » […]

Et lorsque Shannon passe sans s’arrêter devant sa boutique de beignets favorite, il contient sa déception en disant quelque chose que Shannon a grommelé des années en arrière : « Pas de beignets aujourd’hui, bordel. » Shannon a toujours su qu’elle ne devait pas utiliser ce type de langage à la légère devant ses deux filles, Zelly et India. Mais lorsqu’elle a entendu Leo répéter cette phrase, elle a compris que lui aussi l’écoutait constamment, même lorsqu’il avait l’air perdu dans son monde.

Il n’y avait pas de temps à perdre, à en croire un grand nombre de parents qui craignaient de rater le moment propice où la thérapie comportementale contribuerait réellement au développement de leur enfant. A une époque où le pronostic standard pour l’autisme était l’internement à vie, les cliniciens se sentaient éthiquement obligés de poser un diagnostic le plus tôt possible dans la vie de leurs jeunes patients.

Les adultes autistes conscients et leurs parents sont souvent en colère contre l'autisme. Ils peuvent s'interroger sur les raisons pour lesquelles la nature ou Dieu a créé des troubles aussi terribles que l'autisme, la maniaco-dépression ou la schizophrénie. Mais si les gènes à l'origine de ces troubles étaient éliminés, le prix à payer pourrait être terrible. Il est possible que des personnes présentant quelques éléments de ces caractéristiques soient plus créatives, et puissent même être des génies. Si la science éliminait ces gènes, le monde entier serait peut-être ainsi à la merci des comptables.

Shore [un professeur universitaire qui a fait carrière tout en étant autiste] admet trouver plus compliqué d’enseigner à des enfants neurotypiques, parce qu’il ne comprend pas comment fonctionne leur esprit.

Il faut que je le lise , si en plus il y a une version en Français .
Si ça peut aussi faire avancer et faire lire également les écrits des autistes non oralisant , ça serait déjà exceptionnel chez nous en France , comme ceux d'un Ido Kedar pas traduit en Français , entre autres .