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Citation de VALENTYNE



La musique cessa. On changea de disque mais pas de compositeur et, après une brève cacophonie de voix humaines non accompagnées, on revint à Beethoven. Comme toujours chez les McNab, la fête du lendemain de Noël était placée sous l’égide exclusive de Beethoven.

Je me suis versé un coup de Tequila, dans un bon grand verre à eau, que j’ai vidé d’un trait.

Je n’y comprenais rien. Mais alors rien du tout. Le sang, après tout, ça restait du sang, et si vous y mettiez un peu du vôtre et que vous assuriez que la proportion d’alcool dans votre sang excédait bien le cinquième, alors, suivant toutes les définitions de l’ébriété, vous étiez ivre. N’importe qui le serait. C’était une question de biologie. Et pas uniquement de biologie humaine, d’ailleurs. Les chiens aussi pouvaient être ivres. J’avais lu l’histoire d’un pitbull complètement cuité qui avait attaqué un SDF dans le Bronx avant d’aller comater quelques rues plus loin. Plus tard, des gosses du quartier avaient été interpellés pour avoir saoulé l’animal. Les chevaux, eux aussi, pouvaient êtres ivres. Tout comme le bétail. Et les cochons. Et il y avaient aussi des rats alcoolos qui se pochetronnaient au gros rouge. Les éléphants, j’en étais sûr, pouvaient être ivres. Les rhinos. Les morses. Les requins-marteaux. Aucune créature, humaine ou non, n’était immunisée contre l’alcool. Sauf moi.

Cette exclusion biologique précisément et la nature peu naturelle de cette affliction provoquaient chez moi un sentiment de honte et me donnaient l’impression d’être stigmatisé, comme si j’avais contracté une forme inversée du sida qui m’immuniserait contre tout. Il y avait aussi la peur, la peur de devenir un paria aux yeux de tous – au cas-où ma maladie serait dévoilée – qui me poussait à faire semblant d’être ivre. Et puis je ne pouvais pas davantage supporter l’idée de décevoir ceux qui me connaissaient. Ils s’attendaient tous à ce que je sois ivre. J’étais le contraste auquel se mesurait leur sobriété. (page 13)
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