La mort n'a pas de mystère pour les gens qui sont à la guerre. Tuer, c'est simplement appuyé sur la détente. On nous apprenait que pour rester en vie il fallait être le premier à tirer avec précision. C'est la loi de la guerre. Le commandant disait : "ici vous devez savoir faire deux choses : vous déplacer rapidement et tirer avec précision. Mais penser, c'est mon affaire." Nous tirions où on nous disait de tirer. J'avais appris à obéir aux ordres. Je n'épargnais personne. Je pouvais facilement tuer un enfant. Car tout le monde nous faisait la guerre, les hommes, les femmes, les vieux, les enfants. [...] Car chacun essayait de survivre. Pas le temps de réfléchir. Il ne faut pas oublier que nous avions de dix-huit à vingt ans. Je m'étais habitué à la mort des autres, mais j'avais peur de mourir. J'ai vu qu'en une seconde, il pouvait ne plus rien rester d'un homme, comme s'il n'avait jamais existé.