Par contre, on accepte encore moins qu'avant la souffrance des autres, souffrance physique ou morale... On ne l'accepte pas! Comme cette jeune que je connais, qui a perdu son père cet été et qui ne l'accepte pas. Elle faisait des tentatives de suicide, elle se sentait vraiment inutile sur Terre. Et l'autre jour je lui ai raconté ce que j'ai vécu, le coup de la lumière... Et j'ai senti que la môme allait nettement mieux. Ah oui oui! Je l'ai sentie soulagée. J'ai senti qu'elle reprenait goût à la vie, tu vois. Mais c'est resté entre elle et moi et je sais qu'elle ne dira rien.
C'est ce que font actuellement Eric Dudoit, psychologue, et Eliane Heureux, sophrologue, au service de soin palliatifs pour adultes du CHU de la Timone à Marseille : ils proposent à leurs patients et à leurs proches des livres et des vidéos sur les expériences de mort imminente, qui leur sert ensuite de base de discussion pour aborder avec eux le difficile sujet de la mort. Afin d'évaluer si la connaissance ainsi acquise sur les EMI a un effet sur le moral des patients, ils ont mesuré leur niveau d'anxiété, grâce à des questionnaires, avant et après. Ils ont ainsi pu constater que la lecture ou le visionnage de ces témoignages diminue de manière significative l'angoisse des malades face à leur mort à venir.
La démarche du docteur Cafardy est scientifique et pragmatique. Son message est simple : écoutons ces témoignages issus de patients divers et parfois de soignants. ils sont porteurs d'un sens et d'une utilité au quotidien. L'enseignement de ce praticien est essentiel, parce que toute l'attitude actuelle de notre société envers la prise en charge collective, de la fin de vie (soins palliatifs, organisation des EHPAD, arrêt programmé des soins, etc.) est conditionnée par la peur quasiment viscérale de la mort, l'angoisse de la fin et l''anxiété de la souffrance puis du néant.. [préface de Philippe Charlier]