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Citation de michelekastner


Et la peau de l'Histoire n'en finit pas de se couvrir de telles fleurs, de se crevasser de chancres de honte et d'injustices, de regards et de bouches d'enfants ouverts comme des plaies sur un monde qui les nie et les tue. Et cela dure depuis les origines, à travers toute la terre.
Le corps de l'Histoire est semblable à celui d'un noyé qui aurait séjourné longtemps au fond de la mer, et dont la chair dévorée se serait incrustée d'innombrables coquillages, d'algues, de coraux et de fleurs sous-marines. Et plus la chair est dévorée, plus prolifèrent les coquillages, les fleurs de nacre, les concrétions de larmes et de sang. Et plus la chair est tourmentée, mutilée, plus s'ouvrent dans ses blessures des myriades d'yeux et de bouches béants. Car' quoi qu'en pensent les maîtres et les puissants du monde, ce sont moins eux qui font l'Histoire que tous les petits, tous ces Très-Bas anonymes qui ont enduré, pâti l'Histoire, et en sont morts comme meurent les noyés, tout à la fois arrachés à leur séjour sur la terre, à la beauté de la terre, et à l'espace du ciel, de la lumière, du vent.
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