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Citation de Ziliz


Ziliz
22 février 2016
D'un air très sérieux, celui-ci a commencé par dire : « Dieu ? Pas facile de le rencontrer, il réside assez loin, à environ neuf années-lumière de la Terre. C'est un lauréat du prix Nobel, Piotr Kapitsa, qui a fait le calcul, ce doit donc être fiable », et il a raconté la façon dont le physicien avait procédé pour évaluer la distance à laquelle ledit Dieu avait planté son trône céleste. Kapitsa s'était basé sur le lancement de prières émises en 1905, vers la fin de la guerre russo-japonaise, par des popes pleins de ferveur patriotique et leurs ouailles les plus dévotes. Dans leur appel, ils adjuraient Dieu de châtier leurs ennemis. La réponse était arrivée dix-huit ans plus tard, en 1923, sous la forme d'un violent séisme qui avait frappé une partie de l'île centrale du Japon, dévastant de nombreuses villes et tuant des gens par milliers. Les prières voyageant certainement comme les photons à la vitesse de la lumière dans le vide intersidéral, soit 300 000 kilomètres à la seconde, et l'accusé de réception de la part de Dieu, idem, Kapitsa avait pu ainsi élaborer son calcul. Il serait d'ailleurs intéressant, a ajouté Clovis, que cette opération mathématique soit appliquée à toutes les suppliques adressées à Dieu de par le monde, en toute époque, pour que soit puni, massacré, tel pays ennemi, tel peuple exécré, ou au contraire pour que soit béni, sauvé, tel pays, telle personne aimée, et aux éventuelles réponses reçues. Il conviendrait ensuite de comparer ces divers calculs pour tenter de déterminer au plus juste la position du trône divin dans l'infinité de l'univers, mais cela risquerait d'être insoluble, car s'il y a des malédictions et des bénédictions qui tardent à obtenir satisfaction, il y en a d'autres qui font mouche rapidement. Alors soit Dieu ne tient pas en place, il vagabonde dans les galaxies, voire au-delà encore, soit il a l'humeur capricieuse et ne répond que quand ça lui chante, illico, à retardement, ou jamais.
Clovis aimait bien raconter cette blague scientifique qui valait à ses yeux les élucubrations concoctées par les divers systèmes de croyances ; elle valait même beaucoup mieux que ceux-ci car elle se savait une bouffonnerie et s'affichait comme telle, elle se moquait de toute prétendue capacité de compréhension des mystères ultimes par voie de révélations, d'hypothèses et de déductions [...].
(p. 194-196)
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