Tanguy Prouvost

Nous sommes en octobre, journée classique, un samedi d'automne comme il avait pu en exister beaucoup ; football en famille sur le sable du Touquet. Certains arborent la tenue de leur club favori. On improvise des poteaux de buts à l'aide de chaussures ou de pulls... Un après-midi de vacances à la mer comme il y en avait eu de nombreux auparavant, une journée comme il pourrait y en avoir beaucoup d'autres encore. C'est dans ces conditions qu'il a décidé de m'apparaître : étrange, unique, mystérieux. Je ne l'avais jamais vu, il m'était jusque-là encore totalement inconnu. Lui par contre m'avait déjà repéré. C'est en moi qu'il voulait se dévoiler au monde. En moi qu'il voulait sortir de ce cocon et s'ouvrir au grand jour. Quand il s'est montré, j'en ai perdu l'équilibre et suis tombé sur le sable fin du Touquet. J'ai trébuché comme si une force extérieure m'attrapait les jambes, comme si j'avais bu un ou deux verres de trop. Je voyais double aussi.

« On choisit pas les trottoirs de Manille, de Paris ou d’Alger pour apprendre à marcher. » Si je devais ajouter un petit apport personnel à la chanson de Maxime Le Forestier, j’écrirais qu’on ne choisit pas non plus d’apprendre à « dé-marcher*. » Tout ça, c’est comme naître fille ou garçon, c’est le hasard de la vie. « La vida es una tombola » comme le chante si bien Manu Chao.

* Dé-marcher est un verbe du premier groupe, totalement inventé par moi-même, et qui signifie régresser dans la marche.

Vous qui allez bien, profitez de la vie, mince ! Dansez, courez, et dites-vous que vous avez de la chance, des personnes vous envient juste parce que vous savez faire cela. Moi je rêverais de pouvoir de nouveau taper dans un ballon…

Dans la vie, les jeux sont donnés, mais avec un jeu donné, chacun peut faire une partie différente. Johann Wolfgang von Goethe