Le baiser m’emporta, comme une succession de vagues de feu. La douleur dans ma poitrine explosa comme une bombe atomique, ravageant tout sur son passage.
Mes anciens maîtres ne sont pas omniscients, Amelia. Ils ne connaissent pas tous tes faits et gestes, tous les détails de ta vie. Tout ce qu’ils peuvent faire, c’est te suivre, t’observer et agir en conséquence. Tous ceux qu’ils verront avec toi, ils les attaqueront.
Un médium doit faire quelque chose de son don, et non pas se contenter d’en apprécier les avantages comme je l’ai fait jusqu’à présent. Autrement dit, les médiums sont censés utiliser leur don de double vue contre les fantômes.
J’avais beau écarquiller les yeux, tendre le cou, tourner la tête à la recherche du moindre rai de lumière, je ne voyais rien que l’obscurité. Rien que des ténèbres compactes et impénétrables.
Pour être honnête, ce n’était pas exactement des pensées que j’avais en tête. Plutôt des images et des sons, en accompagnement des souvenirs flous et depuis longtemps enfouis de ma famille.
Le simple fait que je rêve me fait penser que… Je ne sais pas, ce sont des signes importants. Je m’interroge vraiment sur le rêve de ce soir. Tout paraissait si réel : les sons, les odeurs.
Après tout, une vraie fille ne serait pas jalouse de savoir que sa rivale sentait vraiment ce qu’elle touchait. Une vraie fille ne serait pas jalouse de voir que sa rivale ne disparaissait pas lorsqu’elle embrassait un garçon.
Une vraie fille ne s’inquiéterait pas de savoir qu’il pourrait choisir, en fait, devrait choisir, quelqu’un d’autre, ne serait-ce que parce qu’il pourrait vieillir avec elle. Ou changer en même temps qu’elle.
Un sourire joyeux, taquin. Le sourire de celui qui se considérait comme mon ami. Instinctivement, je mis les bras sur ma taille, pour dissimuler la partie la plus ajustée de ma robe. Sans savoir pourquoi, j’avais l’étrange impression qu’Alex ne se contentait pas de me regarder, mais qu’il voyait à travers moi. Comme s’il pouvait deviner tous les espoirs et toutes les craintes sur les traits de mon visage.
Dans les limites du raisonnable, je fais ce qui me plaît sans me soucier de ce que pensent les gens.
Dans la vie après la mort, on ne peut rien ressentir sans que quelqu’un d’autre meure pour ça.