Les effets des médicaments étaient évidents, aussi bien dans l’atténuation remarquable des symptômes actifs des psychoses que dans la diminution des mesures carcérales dans les unités. Ces mêmes médicaments ne faisaient cependant rien pour répondre aux questions qui mûrissaient en moi durant les dix-huit mois qui précédèrent mon séjour à Bâle, bien au contraire : il me semblait que leur effet calmant sur les symptômes et les patients, pour impressionnant qu’il fût, avait, plus encore pour les traitants, une fonction d’anesthésiant. Est-ce que les patients allaient vraiment mieux, ou bien taisaient-ils leur détresse car ils ne la ressentaient plus ? Et si ces manifestations étaient des signaux de leur misère, ne valait-il pas mieux, à long terme, les décoder plutôt que de les éteindre ?
C’est dans la relation qu’on construit sa réalité, qu’on se situe, qu’on apprend le monde et le moyen de se connecter à lui, en particulier par le langage, système de transmission général qui permet l’expression de sentiments particuliers. On ne peut pas survivre seul, en dehors de son contexte.
Souvenez-vous : les mensonges sont des songes. Mentir, c’est raconter un rêve que l’on substitue à la réalité. C’est une forme de réparation illusoire.