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Citation de coco4649


AU TEMPS DE L'EMPRISONNEMENT ET DU PROCÈS (1623-1625)

XXXIX
Lettre de Théophile à son Frère


Ah! que les cris d’un innocent,
Quelques longs maux qui les exercent,
Trouvent malaisément l’accent
Dont ces âmes de fer se percent !
Leur rage dure un an sur moi
Sans trouver ni raison ni loi,
Qui l’apaise ou qui lui résiste ;
Le plus juste et le plus Chrétien
Croit que sa charité m’assiste
Si sa haine ne me fait rien.

L’énorme suite de malheurs !
Dois-je donc aux races meurtrières
Tant de fièvres et tant de pleurs,
Tant de respects, tant de prières,
Pour passer mes nuits sans sommeil,
Sans feu, sans air et sans Soleil,
Et pour mordre ici les murailles,
N’ai-je encore souffert qu’en vain ?
Me dois-je arracher les entrailles
Pour soûler leur dernière faim ?

Parjures infracteurs des lois,
Corrupteurs des plus belles âmes,
Effroyables meurtriers des Rois,
Ouvriers de couteaux et de flammes,
Pâles Prophètes de tombeaux,
Fantômes, Loups-garous, corbeaux,
Horrible et venimeuse engeance,
Malgré vous race des enfers,
À la fin j’aurai la vengeance
De l’injuste affront de mes fers.

Derechef, mon dernier appui,
Toi seul dont le secours me dure,
Et qui seul trouves aujourd’hui
Mon adversité longue et dure,
Rare frère, ami généreux,
Que mon sort le plus malheureux
Pique davantage à le suivre,
Achève de me secourir :
Il faudra qu’on me laisse vivre
Après m’avoir fait tant mourir.

p.202-203
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