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3.87/5 (sur 52 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Clairac , 1590
Mort(e) à : Paris , le 25/9/1626
Biographie :

Théophile de Viau est un poète et dramaturge français du XVIIe siècle.
Il fut l'un des poètes les plus lus au XVIIe siècle, mais il sera oublié suite aux critiques des Classiques, avant d'être redécouvert par Théophile Gautier.
Depuis le XXe siècle, Théophile de Viau est classé comme un auteur baroque et libertin.

Source : Wikipédia
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Rencontre proposée par Yves le Pestipon. Théophile de Viau, Avis au lecteur, 1623, du début à «suspectes de fausseté». Il y eut une affaire Théophile de Viau. Les jésuites, et en particulier le père Garasse l'accusèrent, non sans quelques raisons, d'avoir publié des poèmes licencieux. Il fut condamné à être brûlé en 1623, ce qu'il parvint à éviter, mais il mourut trois ans plus tard des suites de son arrestation. Cette affaire est un moment important de l'histoire de la censure, donc de la littérature, en France, parce que Théophile se défendit. Face aux attaques, il écrivit force textes, dont l'«avis au lecteur» de l'édition de ses oeuvres en 1623. C'est un texte magnifique face à la calomnie. Il pourrait être employé aujourd'hui par ceux qui font face aux «mauvais» et «faux bruits», et dont le «silence» seul pourrait passer pour «crime». Très petite bibliographie Libertins du 17esiècle, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1998. Théophile de Viau, Oeuvres poétiques, Classiques Garnier jaune, 2008. -- 08/04/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite (https://ausha.co/politique-de-confidentialite) pour plus d'informations.

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Citations et extraits (75) Voir plus Ajouter une citation
Je viens dans un désert mes larmes épancher,
Où la terre languit, où le Soleil s’ennuie,
Et d’un torrent de pleurs qu’on ne peut étancher
Couvre l’air de vapeurs et la terre de pluie.

Là le seul réconfort qui peut m’entretenir,
C’est de ne craindre point que les vivants me cherchent
Où le flambeau du jour n’osa jamais venir.

Théophile de Viau.
(1590-1626)
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Théophile de Viau
Je ne suis point industrieux
Comme ce forgeron des dieux,
Dont les subtilités nuisibles
Pour un chef-d’œuvre de son art,
Dessous des filets invisibles
Firent voir qu’il était cornard.

Cet infâme aux creux étnéans
Dessus les tombeaux des Géants,
Enivré de souffre et de flamme,
Forgeait des armes pour autrui,
Cependant que Mars et sa femme
Faisait des forgerons pour lui.

Je suis un forgeron nouveau,
Qui sans enclume et sans marteau
Forge un tonnerre à ma parole,
Et du seul regard de mes yeux,
Fais partir un éclair qui vole,
Plus puissant que celui des cieux.

Les plus rebelles des humains,
Subjugués des traits de mes mains,
Ont fait émerveiller l’Europe,
Et Vulcain avoue aisément
De n’avoir jamais vu Cyclope
Battre le fer si rudement.

Le dard qu’amour me fait forger,
Sans déplaisir et sans danger,
Pénètre au fond de la pensée,
Et la dame qu’il veut toucher
En est si doucement blessée,
Qu’elle n’en peut haïr l’archer.

Mais les flèches de mon courroux,
Fatales qu’elles sont à tous,
Font trembler le dieu de la guerre,
Et rien ne l’a fait habiter
Dans un ciel si loin de la terre
Que le soin de les éviter.
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Théophile de Viau
Sur une tempête qui s’éleva comme il était prêt de s’embarquer pour aller en Angleterre

Parmi ces promenoirs sauvages
J’ois bruire les vents et les flots
Attendant que les matelots
M’emportent hors de ces rivages.
Ici les rochers blanchissants,
Du choc des vagues gémissants,
Hérissent leurs masses cornues
Contre la colère des airs,
Et présentent leurs têtes nues
À la menace des éclairs.

J’ois sans peur l’orage qui gronde,
Et fût-ce l’heure de ma mort,
Je suis prêt à quitter le port
En dépit du ciel et de l’onde.
Je meurs d’ennui dans ce loisir :
Car un impatient désir
De revoir les pompes du Louvre
Travaille tant mon souvenir
Que je brûle d’aller à Douvre
Tant j’ai hâte d’en revenir.

Dieu de l’onde, un peu de silence !
Un dieu fait mal de s’émouvoir.
Fais-moi paraître ton pouvoir
À corriger ta violence.
Mais à quoi sert de te parler,
Esclave du vent et de l’air,
Monstre confus qui, de nature
Vide de rage et de pitié,
Ne montres que par aventure
Ta haine ni ton amitié !

Nochers, qui par un long usage
Voyez les vagues sans effroi
Et qui connaissez mieux que moi
Leur bon et leur mauvais visage,
Dites-moi, ce ciel foudroyant,
Ce flot de tempête aboyant,
Les flancs de ces montagnes grosses,
Sont-ils mortels à nos vaisseaux ?
Et sans aplanir tant de bosses
Pourrai-je bien courir les eaux ?

Allons, pilote, où la Fortune
Pousse mon généreux dessein !
Je porte un dieu dedans le sein
Mille fois plus grand que Neptune :
Amour me force de partir.
Et dût Thétis pour m’engloutir
Ouvrir mieux ses moites entrailles,
Cloris m’a su trop enflammer
Pour craindre que mes funérailles
Se puissent faire dans la mer.

Ô mon ange ! Ô ma destinée !
Qu’ai-je fait à cet élément
Qu’il tienne si cruellement
Contre moi sa rage obstinée ?
Ma Cloris, ouvre ici tes yeux,
Tire un de tes regards aux cieux :
Ils dissiperont leurs nuages,
Et pour l’amour de ta beauté
Neptune n’aura plus de rage
Que pour punir sa cruauté.

Déjà ces montagnes s’abaissent,
Tous leurs sentiers sont aplanis ;
Et sur ces flots si bien unis
Je vois des alcyons qui naissent.
Cloris, que ton pouvoir est grand !
La fureur de l’onde se rend
À la faveur que tu m’as faite.
Que je vais passer doucement !
Et que la peur de la tempête
Me donne peu de pensement !

L’ancre est levée, et le zéphyre,
Avec un mouvement léger,
Enfle la voile et fait nager
Le lourd fardeau de la navire.
Mais quoi ! Le temps n’est plus si beau,
La tourmente revient dans l’eau.
Dieux, que la mer est infidèle !
Chère Cloris, si ton amour
N’avait plus de constance qu’elle,
Je mourrais avant mon retour.
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Théophile de Viau
Théophile à son ami Chiron

Toi qui fais un breuvage d’eau
Mille fois meilleurs et plus beau
Que celui du beau Ganymède,
Et qui lui donnes tant d’appas
Que sa liqueur est un remède
Contre l’atteinte du trépas,
Penses-tu que malgré l’ennui
Que me peut donner aujourd’hui
L’horreur d’une prison si noire,
Je ne te garde encore un lieu
Au même endroit de ma mémoire
Où se doit mettre un demi-dieu?
Bouffi d’un air tout infecté,
De tant d’ordures humecté,
Et du froid qui me fait la guerre,
Tout chagrin et tout abattu,
Mieux qu’en autre lieu de la terre
Il me souvient de ta vertu.
Chiron, au moins si je pouvais
Te faire ouïr les tristes voix
Dont t’invoquent mes maladies,
Tu me pourrais donner de quoi
Forcer mes Muses étourdies
A parler dignement de toi.
De tant de vases précieux
Où l’art le plus exquis des cieux
A caché sa meilleur force,
Si j’avais seulement goûté
A leur moindre petite amorce
J’aurais trop d’aise et de santé.
Si devant que de me coucher
Mes soupirs se pouvaient boucher
D’un long trait de cet hydromèle
Où tout chagrin s’ensevelit,
L’enfant dont avorta Sémèle
Ne me mettrait jamais au lit.
Au lieu des continus ennuis
Qui me font passer tant de nuits
Avec des visions horribles,
Mes yeux verraient en sommeillant
Mille voluptés invisibles
Que la main cherche en s’éveillant.
Au lieu d’être dans les enfers,
De songer des feux et des fers
Qui me font le repos si triste,
Je songerais d’être à Paris
Dans le cabinet où Caliste
Eut triomphé de Cloris.
A l’éclat de ses doux flambeaux
Les noires caves des tombeaux
D’où je vois sortir les Furies,
Se peindraient de vives couleurs
Et seraient à mes rêveries
De beaux près tapissés de fleurs.
Ah! que je perds de ne pouvoir
Quelquefois t’ouïr et te voir
Dans mes noires mélancolies
Qui ne me laissent presque rien
De tant d’agréables folies
Qu’on aimait en mon entretien!
Que mes dieux sont mes ennemis
De ce qu’ils ne m’ont pas permis
De t’appeler en ma détresse!
Docte Chiron, après le Roi
Et les faveurs de ma maîtresse,
Mon cœur n’a de regret qu’à toi.
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AU TEMPS DE L'EMPRISONNEMENT ET DU PROCÈS (1623-1625)

XXXIX
Lettre de Théophile à son Frère


Ah! que les cris d’un innocent,
Quelques longs maux qui les exercent,
Trouvent malaisément l’accent
Dont ces âmes de fer se percent !
Leur rage dure un an sur moi
Sans trouver ni raison ni loi,
Qui l’apaise ou qui lui résiste ;
Le plus juste et le plus Chrétien
Croit que sa charité m’assiste
Si sa haine ne me fait rien.

L’énorme suite de malheurs !
Dois-je donc aux races meurtrières
Tant de fièvres et tant de pleurs,
Tant de respects, tant de prières,
Pour passer mes nuits sans sommeil,
Sans feu, sans air et sans Soleil,
Et pour mordre ici les murailles,
N’ai-je encore souffert qu’en vain ?
Me dois-je arracher les entrailles
Pour soûler leur dernière faim ?

Parjures infracteurs des lois,
Corrupteurs des plus belles âmes,
Effroyables meurtriers des Rois,
Ouvriers de couteaux et de flammes,
Pâles Prophètes de tombeaux,
Fantômes, Loups-garous, corbeaux,
Horrible et venimeuse engeance,
Malgré vous race des enfers,
À la fin j’aurai la vengeance
De l’injuste affront de mes fers.

Derechef, mon dernier appui,
Toi seul dont le secours me dure,
Et qui seul trouves aujourd’hui
Mon adversité longue et dure,
Rare frère, ami généreux,
Que mon sort le plus malheureux
Pique davantage à le suivre,
Achève de me secourir :
Il faudra qu’on me laisse vivre
Après m’avoir fait tant mourir.

p.202-203
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Vous avez la fesse soudaine,
Alors qu'on vous presse le flanc ?

Le cul sans cesse me demeine
Comme l'esguille d'un quadranc.

Qui vous voit la mine si froide,
Ne vous croit point le cul si chaud.

C'est au con qu'il faut un vit roide,
Ce n'est point au front qu'il le faut.
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Pourquoi ne me veux tu donner sans jalousie
De ta femme un portrait pour soulager mon mal ?

De peur qu'ayant receu de moy cette copie
Tu ne voulusse après avoir l'original.
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Théophile de Viau
Le matin


Extrait 1

L'Aurore sur le front du jour
Sème l'azur, l'or et l'ivoire,
Et le Soleil, lassé de boire,
Commence son oblique tour.

Ses chevaux, au sortir de l'onde,
De flamme et de clarté couverts,
La bouche et les nasaux ouverts,
Ronflent la lumière du monde.

La lune fuit devant nos yeux ;
La nuit a retiré ses voiles ;
Peu à peu le front des étoiles
S'unit à la couleur des cieux.
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AU TEMPS DE L'EMPRISONNEMENT ET DU PROCÈS (1623-1625)

XXXIX
Lettre de Théophile à son Frère


En quelle place des mortels
Ne peut le vent crever la terre?
En quel palais et quels autels
Ne se peut glisser le tonnerre?
Quels vaisseaux et quels matelots
Sont toujours assurés des flots?
Quelquefois des villes entières
Par un horrible changement
Ont rencontré leurs cimetières
En la place du fondement.

Le sort qui va toujours de nuit,
Enivré d’orgueil et de joie,
Quoiqu’il soit sagement conduit
Garde malaisément sa voie.
Ah! que les souverains décrets
Ont toujours demeuré secrets
A la subtilité de l’homme!
Dieu seul connaît l’état humain:
Il sait ce qu’aujourd’hui nous sommes,
Et ce que nous serons demain.

Or selon l’ordinaire cours
Qu’il fait observer à nature,
L’astre qui préside à mes jours
S’en va changer mon aventure.
Mes yeux sont épuisés de pleurs,
Mes esprits, usés des malheurs,
Vivent d’un sang gelé de craintes.
La nuit trouve enfin la clarté,
Et l’excès de tant de contraintes
Me présage ma liberté….

p.197

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AU TEMPS DE L'EMPRISONNEMENT
ET DU PROCÈS (1623-1625)

XXXVIII - LA MAISON DE SYLVIE
Ode II


Lorsqu’à petits flocons liés,
La neige fraîchement venue
Sur de grands tapis déliés
Épanche l’amas de la nue,
Lorsque sur le chemin des Cieux
Ses grains serrés et gracieux
N’ont trouvé ni vent ni tonnerre,
Et que sur les premiers coupeaux
Loin des hommes et des troupeaux,
Ils ont peint les bois et la terre,

Quelque vigueur que nous ayons
Contre les esclaves qu’elle darde,
Ils nous blessent, et leurs rayons
Éblouissent qui les regarde.
Tel dedans ce parc ombrageux
Éclate le troupeau neigeux,
Et dans ses vêtements modestes,
Où le front de Sylvie est peint,
Fait briller l’éclat de son teint
À l’envi des neiges célestes.

En la saison que le Soleil
Vaincu du froid et de l’orage,
Laisse tant d’heures au sommeil
Et si peu de temps à l’ouvrage,
La neige, voyant que ces daims
La foulent avec des dédains
S’irrite de leurs bonds superbes,
Et pour affamer ce troupeau,
Par dépit sous un froid manteau
Cache et transit toutes les herbes….

p.156
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