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Critiques de Thierry Bellefroid (27)
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Chaos debout à Kinshasa

1974. Zaïre. Les amateurs de sport attendent fébrilement l'un des événements sportifs les plus importants du moment : le combat opposant Mohamed Ali et George Foreman, deux légendes de la boxe. Pour Ali c'est l'occasion de revenir sur le devant de la scène et de reconquérir son titre de champion du monde. Pour Mobutu, le président du Zaïre, il s'agit de faire la promotion de son pays et d'exalter la culture africaine en s'affranchissant de l'influence des grandes puissances coloniales. Pour Ernest, enfin, afro-américain lambda ayant contracté des dettes auprès des mauvaises personnes, ce combat représente une opportunité exceptionnelle, celle d'enfin partir à la découverte de ses origines africaines. Espionnage, manipulation, corruption, assassinat politique... : le lecteur se retrouve plongé dans un véritable panier de crabes, sans toujours être en mesure de bien comprendre les enjeux et motivations de chacun. Le principal reproche que l'on pourrait faire à l'ouvrage réside dans ce manque de contextualisation qui peut s'avérer vraiment gênant pour ceux qui n'auraient vraiment qu'une vague idée du contexte politique africain de l'époque (dont, malheureusement, je fais partie). Le bref dossier apportant des éclairages bienvenus sur les circonstances particulières ayant entouré cet événements sportif aurait ainsi gagné à être placé au début de l'album (et non à la fin) pour permettre au lecteur de bien saisir toutes les références qui fourmillent tout au long du récit.



En dépit de ce désagrément, l'intrigue se suit avec intérêt, à défaut de véritable passion (il faut dire aussi que le sport n'est pas vraiment mon sujet favori). L'ouvrage brasse de nombreuses thématiques propres à l'Afrique des années 1970 : les relations tour à tour amicales et conflictuelles entretenues avec les colonisateurs d'autrefois (ici la Belgique) ; la paranoïa anti-communiste qui ne touche manifestement pas que le gouvernement américain ; l'installation de la dictature au Zaïre ; la politique panafricaine lancée par Mobutu qui veut rendre sa fierté aux Africains (adoption d'un costume traditionnel et rejet des noms chrétiens imposés par les Européens, par exemple)... L'album permet également de découvrir les nombreuses facettes de Mohamed Ali, pas seulement celle du sportif mais aussi de l'homme engagé politiquement, prônant lui aussi un retour aux origines pour les Noirs partout dans le monde. Les graphismes sont pour leur part assez particuliers, pas tant en ce qui concerne le coup de crayon mais plutôt en matière de colorisation. Barly Baruti opte pour des tons pastels et une multitude de couleurs qui se mélangent en un mariage étrange, parfois un peu trop criard à mon goût (c'était déjà le cas dans « Madame Livingstone » mais dans une moindre mesure). On adhère ou pas, en tout cas l'aperçu que l'artiste donne du Congo de l'époque est saisissante et pour le moins dépaysante.



Avec « Chaos debout à Kinshasa », Thierry Bellefroid et Barly Baruti proposent de revisiter un événement marquant de l'histoire de la boxe, le tout sur fonds de magouilles politiques entre grandes puissances occidentales et un pays d'Afrique en proie à la dictature. A découvrir... à condition d'avoir des bases solides concernant le contexte de l'époque.
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Quatuor

Je suis fan des bandes dessinées de Catel. Dans celle ci elle nous raconte 4 histoires d'amour plus ou moins heureuses. J'adore le coup de crayon de cette auteure.
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Chaos debout à Kinshasa

Un album que j'avais hâte de lire car le sujet m'intéressais, je ne regrette pas c'est un coup de coeur absolu tant pour les illustrations superbes que pour le texte. Un roman graphique de grande qualité qui nous rappelle un événement mondial de l'histoire du sport et de la boxe en particulier et qui nous fait part de l'état d'un pays en proie à la corruption et à un dictateur.



Un thriller politique qui n'a rien à envier à un livre classique, tout y est , les magouilles, les malversations, les petits truands... On est donc en 1974 année du combat entre Mohammed Ali et George Foreman. Les personnages sont attachants et on aime les suivre pour découvrir ce qui va leurs arriver. Que ce soit Ernest, Blanche ou Edmond ils m'ont tous captivée qu'ils soient fictifs ou pas ils ont tous quelque chose à apporter à l'histoire. La guerre froide a fait du Zaïre un enjeu économique pour USA et URSS. C'est très bien documenté et on est vraiment à fond dedans dès le début, un vrai page turner. Il ne serait pas juste de ne pas rendre hommage à l'aspect illustration qui est tout simplement magnifique, des couleurs pastelles somptueuses qui servent le texte avec brio, le trait est superbe. J'ai totalement adhéré.



Une BD dont on ressort K-O et le pire c'est qu'on en redemande.



VERDICT



Un superbe album mêlant la petite histoire à la grande Histoire qui ravira les fans de Boxe comme les fans d'histoire et d'Afrique. A lire d'urgence !
Lien : https://revezlivres.wordpres..
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L'âge d'or de la bande dessinée belge

« L'âge d'or de la bande dessinée belge » raconte uniquement l’histoire de la BD belge, de langue française, à partir du fond de planches originales constituées au musée des Beaux-Arts de Liège. Nulle référence à son alter ego flamand.



Outre l’histoire rapide du musée et de l'association « Signes et lettres » qui fut à l'origine, dans les années 70 de ses collections, les auteurs retracent celle du 9e art belge francophone bien sûr, mais aussi français en grande partie.



Ils n’oublient même pas de citer les images d’Épinal et la première biographie, celle de Georgin en 1940 à Paris, consacrée à un auteur d'histoire en images.



Dans « Regards sur la collection » 17 auteurs/dessinateurs donnent chacun leur avis sur l'une des planches. Ils expliquent les raisons de leur choix et de leur admiration, qui date souvent de l'enfance, parlent des auteurs qui les ont influencé, et surtout révèlent les ficelles du métier, qui nous échappent quand on lit rapidement, pris par l’histoire. Une leçon de roman-graphisme !!!



Un dessinateur doit sur une planche, en 10 ou 12 dessins maximum, faire vivre une séquence qu'un cinéaste lui peut relaté en 24 images seconde, sur le temps qu'il veut !!!!



Basée sur le même principe que la partie "anthologique " de cet ouvrage, il serait possible de constituer une passionnante encyclopédie historique du « roman graphique » mondial.



Cette lecture m'a beaucoup appris et je ne saurais trop remercier « Les Impressions nouvelles » et Babelio et conseillé cet album aux curieux de BD, mais, surtout à ceux qui ont la chance d'aller à Liège de faire un détour par ce musée, cela doit en valoir le « coût ».
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François Schuiten, l'Horloger du Rêve

Connaissez-vous François Schuiten ? Les amateurs de BD sûrement. Les autres peut-être pas. Peut-être avez-vous lu un épisode ou plusieurs de sa série la plus célèbre, en collaboration avec Benoît Peeters, Les cités obscures ? Personnellement, je ne les ai pas tous lus, mais les quelques albums que j'ai eu la chance de lire et regarder m'ont émerveillé, notamment par les dessins et l'univers qu'ils décrivent, un monde qui fait référence au nôtre tout en lui étant parallèle.

L'horloger du rêve est une biographie de François Schuiten. Une biographie illustrée évidemment, comment pourrait-il en être autrement ? richement illustrée (le dossier de presse visible chez Gilles Paris fait état de "500 illustrations dont de très nombreux dessins inédits.") Extrêmement bien documenté, ce gros livre séduira ceux qui aiment le dessinateur et ceux qui veulent en connaître un peu plus sur lui, ou simplement les curieux, comme moi. Il est très beau (le livre, pas le dessinateur, encore que je n'en sache rien, je ne le connais pas) ; une preuve de ce que je dis, je n'aime pas les bandeaux sur les couvertures des livres, en général, je les ôte et les jette, mais là, regardez bien celui-ci, ce sont les rouages (dessinés par F. Schuiten), impossible de l'enlever, il apporte un plus indéniable à la couverture. Et à l'intérieur c'est idem, certains dessins sont pareils à des toiles surréalistes. Il y a aussi des extraits de BD, des détails, des affiches, ...

Sachez également que T. Bellefroid a travaillé son sujet et qu'on en apprend plus sur la genèse du dessinateur, sur ses premiers projets de mini-BD jusqu'à ses participations à des scénographies, des expositions itinérantes, des films, des spectacles vivants voire même des interventions sur les paysages urbains de plusieurs grandes villes (Bruxelles, Paris, Lyon, Lille notamment).

Un (très) beau livre gros et lourd à s'offrir ou se faire offrir.


Lien : http://lyvres.over-blog.com/
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Chaos debout à Kinshasa

Une belle page d’espionnage sur fond de combat du siècle, entre Mohammed Ali et George Foreman.
Lien : http://www.actuabd.com/Chaos..
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L'âge d'or de la bande dessinée belge

Que vous soyez intéressé par le regard d’auteurs contemporains sur leurs aînés, par des analyses de l’histoire, de la marchandisation ou de l’exposition de la bande dessinée, ou que vous souhaitiez simplement contempler posément des originaux splendides, cet ouvrage est fait pour vous !
Lien : http://www.actuabd.com/L-Age..
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L'âge d'or de la bande dessinée belge

Superbement réalisé (papier et impression de qualité), L'âge d'or de la bande dessinée belge devrait séduire les aficionados du phylactère et, qui sait, provoquer des vocations au-delà du cercle des bédéphiles avertis.
Lien : http://www.bdgest.com/chroni..
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Féroces tropiques

En 1913, le peintre Heinz von Furlau embarque à bord d’un navire de guerre allemand qui fait route vers la Papouasie. Jeune soldat, son rôle consiste à peindre ce voyage et rapporter ainsi un témoignage visuel de cette expédition colonialiste. La traversée est rude, les matelots n’ont de cesse de le rudoyer jusqu’à ce que, petit à petit, il trouve sa place au sein de l’équipage. Lorsqu’ils accostent enfin, ils découvrent un paysage luxuriant, Heinz est sous l’émerveillement.



Le jeune artiste part avec la première équipe chargée de faire une reconnaissance du terrain. Les hommes sont aux aguets, apeurés par les légendes sur les Papous cannibales. La tension est à son paroxysme lorsque les Allemands découvrent un lieu de sacrifices : une prairie ornée de pieux surplombés de crânes humains. Cette macabre découverte met les hommes sur le qui-vive. Peu après, les soldats rencontrent une jeune indigène. Certains tentent de la violer mais Heinz s’interpose. La rixe verbale vire au cauchemar lorsque la troupe est la cible des lances des guerriers papous. Heinz et ses compatriotes tentent de fuir, en vain. Nombre d’entre eux seront tués mais Heinz fait partie des rares captifs. Lorsque qu’arrive le moment de son exécution, la jeune femme qu’il avait protégée prend à son tour sa défense. Dès lors débute une nouvelle vie pour le peintre puisqu’il va s’installer dans la tribu et vivre avec eux pendant quatre ans.



Mais en 1914, les troupes Australiennes envahissent la Nouvelle-Guinée allemande. Ils déciment la tribu, capturent Heinz et le libèrent peu de temps après. A son retour en Allemagne, il est décoré pour fait d’armes, obtient le grade de Lieutenant et est aussitôt renvoyé sur le front, c’est la Première guerre mondiale. En 1919, Heinz tente de s’intégrer dans la nouvelle Allemagne. Mais se profile déjà le spectre du nazisme. Il reprend la route en 1923 et tente de retrouver la tribu qui l’avait accueilli quelques années plus tôt.



Je retourne où je suis né. Au pays des couleurs. Au pays du silence.



C’est la première fois que Thierry Bellefroid réalise un scénario de BD (si on exclut Quatuor qu’il a co-scénarisé avec quatre autres auteurs). Plus habitué à l’écriture de romans, ce journaliste est l’un des plus grands spécialistes belges de la bande dessinée (plus de détails sur la fiche auteur de BDGest). Avec cet album, il nous propose une réflexion sur la guerre et ses conséquences désastreuses sur l’homme. Au travers d’un peintre fictif, il examine l’homme et son penchant pour la violence. Le regard qu’il pose passe par le prisme de son personnage. Ce dernier, quasi mutique, extériorise ses émotions dans ses tableaux. Nous le voyons en difficulté dans son rapport aux Autres et en proie à un sentiment d’incompréhension majeur quant aux événements dont il est témoin. A l’aide d’une voix-off, le scénariste nous fait part de ses interrogations sur la nature humaine et sa capacité à nier son humanisme au profit d’attitudes bestiales (violence, racisme, haine de l’autre en général). Ce récit se nourrit des réflexions du personnage principal, tour à tour philosophiques, artistiques ou altruistes. Il peut s’apparenter à un journal intime, les toiles et carnets de croquis du personnage étant autant de souvenirs l’aidant à faire le bilan de sa vie.



Mes carnets de croquis sont remplis. Je dois trouver de nouveaux supports. Malgré les puces, les sangsues, les serpents. Malgré la dureté de l’existence, l’humidité permanente, la précarité du campement, mlgré l’éloignement, la nostalgie des vieux amis… Malgré tout cela, je suis heureux.



Le fait que le scénario se situe dans trois espaces – temps différents le rend difficile d’accès. C’est en premier lieu une voix-off et un vieillard solitaire qui nous accueillent dès la première page. Celle-ci tournée, nous partons en 1913 aux prémices de l’expédition, sans que toutefois l’ambiance graphique ne change (teintes, luminosité), sans lien apparent avec le vieux loup de mer barrant son bateau. Enfin, la dernière période s’imbrique sporadiquement entre les deux précédentes et relate la vie de soldat allemand pendant la Première Guerre Mondiale. Les faits sont ensuite relatés chronologiquement pour chaque époque. A chaque saut de temps, j’ai mis un temps à me situer dans l’histoire. Passée la première moitié de l’album, cette difficulté s’estompe, les changements d’ambiances graphiques aidant. On assiste au cheminement de cet homme, on comprend comment sa personnalité s’est construite à travers le temps. J’ai apprécié ce personnage sombre, désabusé, qui plie sous le poids de sa vie et qui va jusqu’à renoncer à ses idéaux humanistes et artistiques. De plus en plus extérieur aux choses, de plus en plus critique sur « son Allemagne » et les agissements de ses compatriotes, il lâche lentement prise, jusqu’à en perdre la raison.



Mon ignorance est un sauf-conduit. Elle m’empêche de devenir fou.



Excepté pour la première transition, les ambiances graphiques guident le lecteur dans le récit. Ainsi, le lecteur voyage entre des ocres tantôt chaleureux tantôt agressifs et des gris verts accentuant la laideur de la guerre et la souffrance des hommes. De plus, j’ai trouvé qu’elles donnaient du liant, de la consistance et de la profondeur à la narration dont la compréhension nous échappe par moments. Joe G. Pinelli a réalisé les visuels de l’album au pinceau, dans une veine fauviste. J’ai trouvé ce travail magnifique. Certains lecteurs déploreront surement la difficulté de reconnaître les personnages. Le graphisme matérialise l’âme de son personnage et répond en écho à la voix du narrateur, transmettant ses doutes et ses émotions. Loin d’en être à son premier coup d’essai, cet auteur a débuté en publiant des œuvres autobiographiques puis n’a eu de cesse de renouveler et d’affiner sa technique de dessin (plus de détail sur l’article de Dominique Bodson). Dans Féroces tropiques, son trait est instinctif et nerveux. Il nous offre tantôt la scène telle que le personnage la voit (une réalité qui peut lui échapper et se tordre sous l’effet d’hallucinations visuelles). J’ai pris beaucoup de plaisir à naviguer entre ces scènes tantôt descriptives tantôt intimistes. Régulièrement, l’auteur délaisse les fonds de cases ce qui a pour effet de prendre à partie le lecteur puisqu’il se retrouve régulièrement en face à face avec les personnages.



Il y a certes la difficulté de situer les personnages sur la première moitié d’album et l’impossibilité de maîtriser les tenants et les aboutissants de l’intrigue avant son dénouement. Mais je n’ai pas trouvé, au final, que cela était dommageable. Les bribes de récit convergent pour n’en former plus qu’un seul dans les cinq dernières planches et nous permettent enfin de comprendre qui est l’homme que nous avons vu en première page.



Un album étrange, une ambiance mélancolique, un magnifique voyage dans la vie d’un homme.
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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Dernier voyage

Ce recueil rassemble les nouvelles finalistes du concours de nouvelles policières organisé en 2012 par la police locale de la ville de Liège.

Pour son 7e concours , la thème retenu est le titre de ce recueil : Dernier voyage

Des nouvelles noires qui ne plongent jamais dans la violence et l'abjection gratuites, mais, si violence il y a, celle-ci sert toujours à dénoncer les travers d'une société déboussolée.

Des histoires étonnantes, inventives, pimentées, mystérieuses et captivantes, qui se distinguent avant tout par leur liberté de ton.


Lien : https://collectifpolar.com/
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Comès : D'ombre et de silence

De l’ombre du corbeau à celle perdue et retrouvée de « Petite Pisse Partout », c’est à un extraordinaire voyage au cœur de la vie et de l’œuvre de Didier Comès que nous invite Thierry Bellefroid dans  Comès, d’ombre et de silence paru chez Casterman conjointement à la réédition en deux volumes de sa production en noir et blanc ainsi que des deux opus d’Ergün l’errant réunis en un seul livre, toujours chez Casterman. Si on ajoute à cela les deux expositions qui se tiennent actuellement à Bruxelles, l’occasion est belle de découvrir ou reparcourir l’univers de ce maître incontesté du noir et blanc, seul dessinateur belge à avoir obtenu la récompense suprême à Angoulême en 1981 pour son chef d’œuvre Silence.



Cette monographie richement documentée offrant reproductions d’originaux et photographies plus intimes met en évidence les répercussions que la vie et la personnalité de l’artiste vont avoir sur son œuvre.

1942, Sourbrodt, naissance de Dieter Herman Comes.

« Mon vrai prénom, c’est Dieter. Et ça c’est très important dans ma vie, en ce sens que je suis né dans cette partie de Belgique qui, en 1942, avait été annexée par l’Allemagne. Malheureusement – je dis bien malheureusement, parce que c’est quand même une forme d’identité le prénom –, lorsque j’ai été à l’école primaire, c’était après la guerre, on a francisé tous les prénoms.

Et Dieter, son « prénom de cœur » s’est mué en Didier qu’il gardera comme prénom d‘auteur tandis que dans son patronyme, le « e » se coiffera d’un accent grave pour devenir Comès.

Le petit Dieter-Didier va grandir dans une atmosphère où tout lui rappelle la guerre et en restera profondément marqué. Un point positif tout de même et c’est loin d’être un détail :la découverte des Comics dans les années 50. Fasciné par le noir et blanc de Milton Caniff, Il va également se tourner vers Jack Davis et Frank Robbins (alors publié dans le quotidien La Meuse).

Adolescent, puis jeune adulte, il va se chercher. Entre le jazz – Il est batteur semi-professionnel – et le dessin, son cœur balance.

Les hasards de la vie et les rencontres feront en sorte que le dessin l’emportera. Il publiera dans le Journal de Tintin en même temps que Pratt, alors illustre inconnu. Tous deux, jugés trop difficiles et trop sérieux par le lectorat du journal, se feront virer, puis participeront à la grande aventure de (A suivre). Ce sera vite la consécration, tout d’abord pour Pratt avec La ballade de la mer salée et enfin pour Comès avec Silence !

C’est tout cela que Thierry Bellefroid retrace admirablement : l’histoire de Comès liée à celle de (A suivre) et de l’édition belge sur fond de très belles amitiés liées avec Pratt, bien sûr, le grand ami de toujours mais aussi avec son éditeur et d’autres dessinateurs.

Aussi la lecture de cet ouvrage nous permet-elle de mieux voir et comprendre son évolution graphique et thématique. Si l’on se replonge conjointement dans ses 11 albums, cela n’en est que plus savoureux.



Suite à Silence parut La belette. On l’a alors à tort enfermé dans le genre fantastique rural ce qui provoquera en réaction Eva, œuvre à part dans sa production, thriller psychologique, huis-clos hitchcockien glaçant lorgnant vers l’expressionnisme. Comès c’est bien plus qu’un dessinateur de la sorcellerie de campagne ! Alors oui, toute son œuvre s’inscrit dans le genre fantastique. Il ne faut pas pour autant en oublier les thèmes qui l’habitent, notamment l’absurdité de la guerre et la mort. C’est aussi une ode à la nature teintée il est vrai d’animisme et de chamanisme, une vision à la fois précurseure et ancestrale des femmes et surtout un regard bienveillant porté sur la différence et la défense des marginaux. [...]

Chronique complète sur L'accro des bulles


Lien : https://laccrodesbulles.fr/2..
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Chaos debout à Kinshasa

Plongée romancée dans les dessous d'un combat de légende, très joliment mis en images, Chaos debout a Kinshasa est un thriller politique plaisant combinant habilement histoire et imaginaire.
Lien : http://www.bdgest.com/chroni..
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L'âge d'or de la bande dessinée belge

Grâce à cet ouvrage, Thierry Bellefroid partage sa passion pour la bande dessinée à travers la découverte des planches originales conservées au Musée des Beaux-Arts de la Ville de Liège (Belgique), dont le Fonds a été créé dans les années 1970.



J’y ai découvert que la paternité de la bande dessinée européenne était attribuée à Hergé, qui est l'un des premiers auteurs francophones à reprendre le style américain de la bande dessinée à bulles. Ainsi, son personnage de Tintin apparaît pour la première fois dans un supplément pour enfants en 1929, suivi l’année suivante par la publication de l’album Tintin chez les Soviets, en noir et blanc. Contrairement à ce qui se fait actuellement, les planches étaient tout d’abord publiées dans des magazines spécialisés pour ensuite être éditées sous la forme d’albums. Ce n’est que dans les années 1970 que la bande dessinée a été envisagée comme un moyen d’expression à destination des adultes.



Pour moi qui n’ai pas une culture BD très développée, ce livre a été l’occasion d’en apprendre plus sur la bande dessinée belge, ses acteurs importants, les techniques utilisées par les dessinateurs et l’évolution de cet art. Intéressée par la culture au sens large, j’ai aussi apprécié toute la réflexion sur la bande dessinée comme objet d’art et, donc, de spéculation financière.



Un dialogue entre passé et présent, parsemé de nombreuses planches colorées ou noir et blanc, qui permet de (re)découvrir la bande dessinée belge sous un angle historique intéressant.
Lien : http://carnetdelecture.skyne..
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Chaos debout à Kinshasa

Le combat du siècle a été le grand événement de Kin la belle depuis l'indépendance. Il a effectivement exposé le Zaïre et sa capitale au yeux du monde. Depuis, plus grand chose et la grouillante capitale mégalopole congolaise paraît bien endormie sur la scène internationale. Le sujet de ce combat de boxe donne aux auteurs l'occasion d'aborder beaucoup (trop?) de thèmes de l'époque (des affrontements de blocs aux relents de colonialisme, ou encore les mouvements afro américains). Bref on s'y perd un peu, mais peut-être à l'image de la ville, du pays et de l'époque....
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Mon père, sa mère

Premier livre que je lis de cet auteur. Que dire, sinon que je suis déçu, je m'attendais à mieux.

Court roman, de 138 pages que j'ai eu de la peine à terminer.

C'est la rencontre à Santorin, d'un sourd-muet et d'une fille anorexique. Tous deux sont en quête de leurs parents qu'ils n'ont pas eu et qu'ils cherchent.
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Quatuor

D’habitude j’aime beaucoup cet auteur de BD et bien là je n’ai pas accroché et ai trouvé tout cela un peu vain et creux. Pas son meilleur
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Féroces tropiques

Une BD-peinture. Le travail remarquable de Joe Pinelli pour rendre l'oeuvre et la vie du peintre allemand Heinz von Furlau. Une aventure intérieure, une longue errance dans le XXe siècle des colonies et des deux guerres mondiales, une réflexion d'artiste qui cherche du sens à tout ce chaos et de l'amour dans les couleurs fortes, au-delà des mers et des barrières de la langue. Une peinture poétique et pacifiste.
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Chaos debout à Kinshasa

A Kinshasa en 1974 se prépare le combat du siècle qui opposera Mohammed Ali et George Foreman. Mohammed Ali est bien décidé à gagner après trois défaites consécutives, quand Foreman de son côté se fait attendre. Ernest, petit malfrat d'Harlem gagne par miracle un voyage au Zaïre pour assister au match. Il pense renouer avec ses racines, mais c'est un Zaïre bien différent de celui qu'il avait fantasmé qu'il découvre, un Zaïre en pleine guerre froide, mené d'un main de fer par le président dictateur Mobutu qui traîne dans son ombre des politiciens corrompus, prêts à tout pour rendre son faste au pays émancipé des colons belges. Ernest croisera aussi la route de Blanche, femme fatale qui use de ses charmes et dont le frère est emprisonné par le régime.







La démesure des deux poids lourds africains, Ali et Mobutu transparaît dans chaque scène. Mohammed Ali doit redorer son image ternie parce qu'il a refusé de combattre au Viet-Nam et qu'il s'est converti à l'islam, il veut prouver qu'il reste un africain pur sang prêt à en découdre. Mobutu veut faire régner l'ordre dans son pays et les bas-fonds de Kinshasa dans lesquels nous entraîne notamment la belle Blanche résonnent des cris des opposants, torturés et tués par la sécurité... Autour de ces deux êtres emblématiques gravitent des personnages aux motivations relativement sombres. Les clichés des uns et des autres risquent de voler en éclats...



Les dessins graphiques rendent hommage à une Afrique colorée, bigarrée, aux destins chavirant...







Ce que j'ai moins aimé :



L'album mélange les intrigues secondaires, les personnages, les époques, si bien que les repères sont difficiles à trouver au premier abord, d'autant plus si on ne bénéficie pas de quelques pré-requis sur la politique africaine de l'époque...



Bilan : L'alliance subtile entre faits historiques et fiction éclaire néanmoins l'histoire du Congo belge par le biais de personnages emblématiques au destin exceptionnel. Des pages finales, "les coulisses" de l'album séparent fiction et réalité et apporte un point de vue documentaire sur cet épisode de l'Histoire, épisode passé, "mais qui, le Zaïre-Congo étant ce qu'il est - la terre de tous les extrêmes où le réel est souvent plus fort que la fiction -, pourrait encore voir le jour aujourd'hui ou demain..." (Préface de Colette Braeckman)
Lien : http://www.lecturissime.com/..
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François Schuiten, l'Horloger du Rêve

Noël approche, et avec lui la saison des beaux livres. Si vous avez dans votre cercle un amateur des vertigineuses bandes dessinées de François Schuiten, ce livre sera le cadeau de poids (je l’ai pesé sur ma balance de cuisine: 2,265 kg) qui le fascinera par sa beauté et son contenu.



Je ne connaissais que Les Cités obscures et les bandes dessinées gravitant autour de cette série si originale, aux dessins si fouillés où l’on perd ses repères comme dans les dessins d’Escher. Ce livre de Thierry Bellefroid, parfaitement construit et admirablement bien écrit, éclaire l’étendue du travail de François Schuiten dont la bande dessinée ne constitue qu’un aspect de la création visuelle.



Les repères biographiques font sens, du père architecte à la très grande exigence artistique aux frères initiateurs de la bande dessinée et parfois futurs collaborateurs, tout est axé dans cette somme admirable sur les mécanismes de la création. Nous n’apprendrons aucun détail croustillant concernant la vie privée de François Schuiten et c’est très reposant, un tel respect. Par contre nous comprendrons beaucoup mieux comment fonctionne le créateur, la difficulté de son métier aussi, avec les frustrations inhérentes aux projets refusés alors qu’ils sont très avancés, par exemple.



L’écrivain et journaliste belge Thierry Bellefroid connaît le monde de la bande dessinée belge de l’intérieur, et la qualité des informations possède cette « patte » inimitable du vécu, loin des fiches de recherches, ce qui rend son travail extrêmement vivant.



Ce livre fourmille de découvertes, c’est un plaisir de lecture de bout en bout, jamais lourd (à part son poids), jamais verbeux. Thierry Bellefroid nous offre avec cet ouvrage de référence un travail qui mérite à la fois respect et diffusion la plus large possible. Qu’on se le dise, tous les « beaux livres » ne méritent pas de prendre la poussière et la magie de ce très bel album enchantera longtemps le regard de son heureux propriétaire.



Voici ce qu’en dit l’éditeur :



Ce grand album luxueux propose un panorama complet du travail de François Schuiten : scénographie, architecture, peinture, etc.



Depuis quarante ans, François Schuiten construit une œuvre singulière et polymorphe. Elle s’est d’abord déclinée en bande dessinée, culminant avec succès dans la série « Les Cités obscures » en compagnie de Benoît Peeters. Mais cet horloger du rêve a très vite tissé des liens avec le cinéma, les arts de la scène et la muséographie. Architecte de l’événement, intervenant dans la ville autant que dans la vie, Schuiten a réalisé d’immenses scénographies comme « A Planet of Visions » à l’Exposition Universelle de Hanovre (cinq millions de visiteurs en 2000), du design urbain (la station de métro Arts et Métiers à Paris, la Dentelle Stellaire à Lille), de la conception de décors et de costumes pour l’opéra comme pour le cinéma, ou encore l’aménagement de lieux prestigieux (la Maison Autrique et le futur Train World à Bruxelles, la Maison Jules Verne à Amiens). Quant aux projets qui sont restés des utopies de papier, ce livre les révèle dans toute leur ampleur…



Un très beau cadeau à offrir ou à s’offrir pour se perdre dans un univers onirique d’une grande puissance et ce, pour un prix particulièrement modique étant donné la qualité de l’ouvrage.
Lien : http://nicole-giroud.fr/horl..
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L'âge d'or de la bande dessinée belge

La très belle couverture de cet album nous plonge immédiatement dans le vif du sujet, à savoir, la bande dessinée belge ! On reconnaît sur cette couverture quelques uns des classiques qui ont construit l'histoire de la BD belge et qui sont encore la source d'inspiration de bien des auteurs : La marque jaune, Le silence, Les tuniques bleues, les Dalton, les Schtroumpfs...



Cet ouvrage, à mi-chemin, entre catalogue d'exposition, histoire et critique, propose une approche originale de la BD belge. A travers la reproduction partielle de la magnifique collection de planches originales du musée des Beaux-Arts de Liège, divers auteurs prennent la parole pour nous parler de la naissance de la bande dessinée belge et ses figures emblématiques.



Qui dit "naissance de la BD" dit bien évidemment "journaux". Car c'est d'abord dans la presse que la bande dessinée acquiert ses lettres noblesses. Les auteurs évoquent bien évidemment le Journal de Tintin (dirigé par Hergé) et le Journal de Spirou (dirigé par Jijé), les deux premiers magazines qui ont contribué à l'essor de la bande dessinée belge. Entre ces deux journaux, c'est moins une concurrence commerciale qui s'installe plutôt qu'une concurrence esthétique. Hergé et Jijé s'entourent chacun de jeunes auteurs prometteurs partageant la même esthétique, la même vision de la BD qu'eux. Ainsi s'affirment deux écoles : l'école de Bruxelles, avec Hergé pour figure de proue, et l'école de Marcinelle, menée par Jijé.



Il n'y a pas de doute, la bande dessinée est un art. De nos jours, tout le monde (ou presque... il y a toujours d'irréductibles imbéciles) s'accorde sur ce point. Pourtant, cela n'a pas toujours été le cas. Il a fallu vaincre bien des préjugés avant qu'elle soit reconnue comme un art à part entière. Cette partie de l'album, interrogeant la notion d'Art de la bande dessinée, est captivante car elle nous replonge vraiment dans le contexte historique de l'époque et nous rappelle que la BD était alors loin d'être perçue positivement.



Un des nombreux autres points positifs de cet album est qu'il aborde l'aspect commercial de la bande dessinée, et plus particulièrement la valeur financière que les originaux ont acquis au fils des ans. Au tout début de l'histoire de la BD, des planches originales pouvaient s'acheter pour quelques dizaines d’euros. Si, si, je vous assure ! Jijé lui-même vendait ses planches une cinquantaine d'euros. Désormais, il faut plutôt compter des centaines d'euros (sans parler des œuvres d'auteurs devenus célébrissimes où les chiffres peuvent s'envoler jusqu'au million...)



La dernière partie de l'ouvrage est sans conteste ma préférée. Cette partie, intitulée "Des auteurs d'aujourd'hui lisent des auteurs d'hier", propose de découvrir une planche originale et l'analyse qu'en fait un auteur contemporain. L'exercice est des plus stimulants. A la vue des planches, les auteurs nous livrent leur analyse et expriment leur émotion face à des planches qu'ils considèrent comme exemplaires. On se rend alors compte que, bien trop souvent, nous lisons les planches en oubliant de les regarder ! La composition d'une planche est tout aussi essentielle que le texte qui s'inscrit dans les bulles. Si le texte est juste mais que la composition (choix des plans - large, moyen, gros plan, plongée - taille des cases, nombre de cases etc.) ne l'est pas, la magie n'opèrera pas. Désormais, je prêterai plus d'attention à cette composition des planches qui rend le récit vivant.



Merci à Babelio et aux éditions Impressions Nouvelles de m'avoir permis de lire ce passionnant ouvrage. Je le recommande à tous les passionnés de bande dessinée mais aussi à ceux qui aimerait découvrir ou redécouvrir l'histoire de cet art populaire.
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