Rencontre avec Pascale Pascariello, journaliste à Mediapart, et Thierry Chavant, dessinateur. Co-auteurs du reportage : «La vie volée de Maria»
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Dans mon monde, ces deux baffes représentent une violence rare. Ici, elles ne font lever la tête de personne.
Je n'entends rien aux nuances de ce monde comme disaient les bonnes soeurs dans mon dos. Le monde n'est que grisaille.
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« Je ne pensais pas rencontrer un jour quelqu’un comme elle. Surtout ici loin de toute lumière, de toute chaleur. Une femme blanche. Je la vois. Elle n’est pas distante ou froide, juste timide et fragile, elle se protège. Nous sommes si semblables derrière nos différences. » (p. 25)
On m'a arrachée à ce que je connaissais, un navire m'a fait traverser l'océan pour m'échouer sur ces terres grises et inconnues.
Ce statut de" flic low cost" formé en 3 mois et envoyé sur le terrain n'apparaît nulle part dans les organigrammes de la Police Nationale .
- La grande tribu des Ouolofs a vaincu le village des Kémus. Ils ont glorieusement vendu les survivants aux Blancs de la côte, il y avait bien deux cents femmes ! ! . . . Ils ont brûlé le village, et tué tous les enfants et ceux qui ne servaient à rien.
- Tu sembles désapointé, Toumaï, ce n'est pas l'Afrique dont tu rêvais ? Tu pensais que les Blancs étaient les méchants, que c'étaient eux qui nous réduisaient en esclavage ? . . . Ils ont amplifié une situation que mes vieux yeux seront heureux de ne plus voir bientôt. Mais bien avant l'arrivée des Portugais, les Maures commerçaient avec les royaumes noirs. Entre " frères de couleur " nous nous réduisions en esclavage.
- Chez nous aussi il y a ceux qui règnent et ceux que l'on exploite.
- Sais-tu qui était Bagwélé, ton père, Toumaï ?
- Non.
- C'était un puissant chef dyula, un grand commerçant. Il avait de nombreux enfants de ses femmes. . . et de ses esclaves. Tu es sans doute l'enfant d'une de ses esclaves.
- Non ! Mon père est mort en esclavage dans les Caraïbes. J'y suis né et . . .
- C'est ce que l'on t'a raconté, Toumaï.
- Nous vendons aux Blancs ceux qui sont déjà esclaves ou leurs enfants, ou ceux que la loi ou la morale punit, ceux que l'on ne veut plus.
- C'est ainsi que sont les choses, toi et ta Blanche, vous vous battez contre l'inéluctable.
- Et un Noir et une Blanche n'ont rien à faire ensemble.
- Oui : une femme est soumise à l'homme, comment veux-tu soumettre une Blanche en étant Noir ?
- Je ne veux pas la soumettre.
- Les femmes doivent être tenues, regarde ta Blanche, elle a trahi son peuple et son époux en s'enfuyant avec toi. Les femmes ne sont bonnes qu'à procréer et à nous servir.
- Ce n'est pas par hasard si tu es ami avec Mbissine ; comme toi elle n'est rien.
- Elle ne peut pas donner d'enfants.
- Toumaï. demain à l'aube tu partiras. Tu n'as rien à faire ici.
« Je n’ai ni famille, ni patrie, ni attaches, je n’ai pas de racines, quant à mon avenir, on le trace pour moi. Je suis comme prisonnière. » (p. 10)
Le prix de la liberté de la femme est lourd à payer.
Dialogue entre deux lampes à génie
- Hé ! Tu la connais celle-là ? Quelle est la différence entre un génie et Dieu ?
- Hé ! Hé ! Non chais pas...
- Avec un génie pour que ton voeu soit exaucé il suffit de frotter... Avec Dieu, pour que ta prière soit exaucée tu peux te brosser !
- Ha! Ha! Ha! Putain elle est bonne ! N'empêche blague à part : quel génie ce Dieu...
Dans la majorité des cas, cette hiérarchie n'a pas le choix, à force de demander l'impossible à ses hommes et ses femmes de terrain, elle ne peut ensuite que les couvrir.