Il lui faut alors donner sens et densité à sa perception d'une profondeur qu'elle ne cesse encore de nommer son deep insight, une profondeur en soi autant que tournée vers le monde. Ce regard sensible pénétrant au fond de soi et du monde alimente sa poésie visuelle et lui permet de soutenir cette abstraction concrète:"Je suis ce que je danse."
P.74
Alors, que pèse son message? Il nous fait rêver, il nous transporte dans un univers auquel nos vies programmées ferment l'accès, remplissant le vide d'un trop-plein d'images, d'histoires et d'impératifs urgents. Quand on s'y prépare, ce message carlsonien permet l'immersion dans notre univers intérieur par sa dimension sensible au monde, au-delà de la prégnance de l'égo et la pression sociale. Encore faut-il espérer que notre univers intérieur ait été alimenté dans l'enfance par la perception immédiate et matricielle du monde.
P.50
Je suis la mer, les vagues, l'océan. Je suis l'émotion de cette tempête. Dans Vu d'ici, j'ai exposé mon âme. De nouveau, mon côté mystérieux transparaît à travers cette femme mystérieuse. Je choisis des personnages mais c'est une nécessité, un poème.
P.49
Pour Carolyn, l'enfer et la folie, c'est se couper de l'instant présent à vivre, d'une existence en harmonie avec l'univers, non dans sa dimension de totalité, mais dans l'espace infini et vide qu'il offre, d'où son "évidence" du pur mouvement. Ce qui n'est qu'angoisse pour le commun des mortels est vital pour Carolyn Carlson. Elle est en quête non seulement de lumière, mais aussi de la lumière qui, paradoxe, doit se trouver dans les ténèbres. Carolyn est persuadée que l'intuition et la simplicité sont les clés de la quête d'une essence de l'être qui accepte son dénuement.
(p.193)