Citations de Thierry Delcourt (II) (24)
Rappelons que les symptômes de l'enfant ont une signification dans son histoire et son psychisme, qu'ils ont même une utilité, ne serait-ce que pour se défendre contre l'angoisse et la perception d'une menace de leur intégrité dans l'insertion scolaire. S'ils se protègent, s'ils s'expriment, s'ils s'opposent par un comportement de repli, d'agitation, d'opposition active ou passive, ce n'est pas par hasard, et rarement parce qu'ils seraient atteints d'un trouble neurodéveloppemental. Rappelons aussi que l'enfant est un sujet à part entière et qu'il n'a pas à subir des bilans et des rééducations sans son accord.
Ce qui vaut pour l'Éducation nationale vaut pour la santé, les centres de soin et les établissements médico-sociaux accueillant les enfants en difficulté. Des directives aberrantes tombent tous les jours, sans concertation avec les professionnels, et applicables immédiatement.
Qui n'a pas, enfant, connu de difficultés dans sa vie familiale, scolaire et sociale ? Les enfants doivent franchir des épreuves, parfois un parcours du combattant, pour réussir leur sociabilisation et leurs apprentissages scolaires. Si certains y parviennent aisément, d'autres rencontrent des obstacles. Ça coince un peu, beaucoup, en tout cas suffisamment pour que les parents soient interpellés plus ou moins aimablement et maladroitement. On leur fait comprendre que leur progéniture a un problème, qu'elle pose problème à la classe. Les termes techniques utilisés inquiètent l'enfant et ses parents. Certains mots résonnent longtemps à leurs oreilles : anormal... handicap... inadapté... rééducation... traitement.
À l'instant où sont prononcés ces mots, on passe d'un projet d'épanouissement de l'enfant à sa mise au ban. Objet malformé, il est jugé anormal car il ne correspond pas aux normes définies par l'Éducation nationale quant aux acquis scolaires et au comportement. Il n'est malheureusement pas abusif d'affirmer que l'école fabrique des enfants anormaux.
Car, avant cela, comme l'évoque Carolyn dans le film de Charles Picq, il y a ces morts d'enfants innocents, leur abandon et toutes les douleurs qui lui font rappeler cette grande loi bouddhique: que la première expérience de l'humain, c'est la souffrance. C'est une clé d'Inanna, celle d'éveiller la compassion, le partage et l'amour sans lesquels l'émotion confinerait au désespoir.
(p.244)
Ce qui compte à ses yeux, c’est de préserver sa créativité, de poursuivre inlassablement sa quête poétique, d’atteindre un idéal du mouvement infini et pur, de développer et de transmettre ses choix et ses convictions artistiques, philosophiques, spirituelles.
Thierry Delcourt, psychiatre et psychanalyste, est parti à la rencontre des artistes pour comprendre leur processus de création. Il peut ainsi analyser ce qui est en jeu dans la créativité de chacun d'entre nous
Thierry Delcourt, Psychiatre et psychanalyste, analyse là le processus de création, particulièrement pour les femmes contemporaines
édition mi-poche qui reprend et simplifie les deux livres précédents "Au risque de l'art" et "Artiste féminin singulier" dont l'auteur est toujours Thierry Delcourt. Ce livre est plus accessible à tous publics que les deux précédents
Plus grave encore, quand le spectre de l'autisme est brandi comme une alerte face aux parents sidérés et comme une obsession anxieuse des enseignants déroutés face à un élève différent. L'extension du domaine de l'autisme est comparable à ce qui a lieu pour la bipolarité. Mot-épouvantail, il recèle une force d'évocation tragique. Chacun ayant en tête la gravité de l'autisme, il est très discutable d'en avoir élargi l'acceptation et de poser ce diagnostic sur des symptômes de plus en plus légers, et de vouloir le faire de plus en plus précocement. En fait, il ne s'agit pas de troubles du spectre de l'autisme, TSA, mais du spectre d'un trouble de l'autisme, un SOS-fantôme qui affole les parents et altère la relation affective et éducative avec leur enfant. Sauf que déclarer un trouble du spectre de l'autisme garantit l'acceptation de toutes les aides pour l'enfant qui, au passage, en paye le prix et devient handicapé. Exit la compréhension du problème qui peut relever de diverses causes : psychique, psychosociale, culturelle...
Alors, comment penser le trouble, la difficulté, la différence de façon positive ? L'intelligence du problème repose sur deux piliers : celui de penser a priori l'entrave de l'enfant comme conjoncturelle et a priori transitoire, celui de toujours garder à l'esprit que se cache un potentiel de compétences inouïes qu'une autre approche est capable de révéler. En effet, le fonctionnement neuropsychique dépend de variables individuelles qui laissent des territoires inexplorés. On sait qu'un parcours scolaire chaotique avec un échec à la clé n'empêche pas la réussite privée et professionnelle, par exemple Albert Einstein, mais aussi bien d'autres. Il est facile de ranger ces personnes atypiques dans le fatras commode des troubles du spectre autistique, en ne sortant du lot que les autistes présentables type syndrome d'Asperger, du nom d'un médecin, honte de la profession, qui a collaboré avec le régime nazi pour sa politique d'eugénisme et d'extermination des enfants prétendus débiles et des malades mentaux.
A entendre leurs biographes, il n'est pas rare que les artistes oscillent entre la joie de créer et le tourment qui peut les mener jusqu'à la folie. Cette représentation de la création dans la souffrance est-elle biaisée, romancée et dramatisée?
Il y faut la disparition de l'"ego" et un "moi" transparent qui permet que la personnalité se transcende. Je suis la forme de ce que je danse, dans un partage de solitude et de mystère. Être à ce point attentif à l'existence nous éveille au pouvoir de vivre le moment présent. Les rêves qui surfent sur les vagues, je mes aide à prendre corps par eux-mêmes.
P.153
Le son vient du silence, la lumière de l'espace. C'est le lien entre être et non-être, la dualité du tao. Tu peux penser la réalité sans ressentir le vide et l'illusion. Par le yin et le yang, tout ça peut se penser de façon cyclique. C'est comme une fleur sauvage dans la lumière du matin.
P.148
Grâce à lui, j'ai découvert la cuisine macrobiotique, la méditation zen, et j'ai commencé un apprentissage du dessein calligraphique et des encres. C'était comme de revenir à une page vide, libre, en trouvant le juste trait; alors je découvrais mon centre. C'était une autre révélation, celle de prendre soin de moi, et je savais que ce que je suivais là, ce n'était pas exactement une thérapie, mais plutôt une autre voie pour exprimer mon art en tant esquisse et projection de pensée et sensations.
P.78
Pour Carolyn, la danse, ou plutôt le mouvement, est le rituel qui permet d'accéder à la lumière.
(p.211)
Pour résumer cette aventure merveilleuse, j'aime la poète Marie Caroline Richards quand elle dit que le matériau n'est pas le signe d'une intuition créative pour la vie; les techniques ne sont pas les signes; l'Art n'est pas le signe. Le signe, c'est la lumière qui habite l'acte quels que soient sa nature et son médium.
Audace... Passion... Amour... Confiance... Rejet... Doute... Provocation... Douleur... Frustration... Joie... Saisissement... Irrésistibilité... Le poids de l'éloquence...
(p.110)
Thierry Delcourt, psychiatre et psychanalyste, est l'auteur. Carolyn Carlson, danseuse, chorégraphe, poète et calligraphe, qui crée un univers poétique fabuleux depuis plus de 50 ans
"Il n'est malheureusement pas abusif d'affirmer que l'école fabrique des enfants anormaux"
"En exigeant l'impossible on ne récolte que l'impuissance"
L'artiste n'est pas celui qui change l'art, il est le véhicule de ce changement.
P.75