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Citations de Thierry Grillet (25)


« Abondante en énergie, [l'Antiquité] n'est pas répertoire de modèles – comme l'avait imaginée la Renaissance – mais réservoir de vie. » (page 94)
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Un travail documentaire

Sur la dernière page de - La Vie de notre seigneur Jésus-Christ-, oeuvre illustrée de 365 planches, James Tissot a glissé un autoportrait, intitulé - Portrait du pèlerin-. mais Tissot est-il vraiment un pélerin, lui qui se rend par trois fois (en 1886, 1889, et 1896) au Moyen-Orient ? C'est davantage un peintre, un orientaliste fasciné par un pays exotique. Il documente inlassablement par des dizaines de dessins, de gouaches et d'aquarelles les paysages et les visages qu'il rencontre en Palestine. Ecumant le désert, traversant les villages, flânant dans les rues de Jérusalem, Tissot fouille ce monde étrange, qui semble s'être figé dans les temps bibliques. Véritable voyage dans le temps, cet itinéraire en terre sainte est aussi pour James Tissot une course contre le temps. Il lui faut fixer les traits de cette bible vivante avant de la voir transformée et corrompue par les signes de la modernité. Aussi travaille-t-il avec acharnement, en tant qu'ethnographe, à capter et comprendre les différents types physiques qu'il croise sur le chemin. Dans ce conservatoire à ciel ouvert, Tissot, le portraitiste et l'amoureux des étoffes, s'attache avant tout aux visages et aux vêtements. Ces physionomies d'arméniens, avec leur barbe ,leur tunique, ne sont-elles pas celles-là mêmes qu'arboraient les prophètes il y a deux mille ans ? (p. 162)
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Peintre des robes et des manchons, des bals et des salons, Tissot est également fasciné par la Tamise. Est-ce la poésie des quais et des départs- souvenir de Nantes ? Tissot ne se lasse pas de peindre les docks, les promenades en canots, les ponts de bateaux, les terrasses sur l'eau...ses personnages regardent le fleuve, comme s'il était le miroir d'une méditation mélancolique. (p. 62)
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Peintre qui a grandi avec les débuts de la photographie, Tissot ne croit qu'à la précision et au détail. Malgré tout, il ne confond pas l'exactitude avec la vérité. Il sait bien, lui qui a été invité par les impressionnistes en 1874 à exposer avec eux, que la vérité peut aussi naître de l'imprécision. (p. 12)
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A propos

Jacques-joseph, dit James Tissot a vécu une vie brillante, à la Belle Epoque, dans les deux capitales du XIXe siècle: Paris et Londres. Mal connu, est-il un peintre français ou anglais ? James, le prénom qu'il adopte en 1859 et ses années londoniennes (1871-1882) ont fait de lui un artiste voyageur, à cheval entre deux mondes. Cette difficulté à localiser le peintre affecte également son oeuvre. Entre le peintre de la mondanité et l'illustrateur de la vie de Jésus-Christ et de l'Ancien Testament, quelle continuité ? Entre le dandy détaché et l'homme d'affaires, "un marchand de génie", selon le peintre anglais John Singer Sargent, quel fil tirer ? (p.6)
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Les tissus

Dès l'origine, le déguisement paraît être un des motifs, voire l'élément central des toiles de Tissot. Le costume, historique, ethnographique ou mondain, joue le premier rôle. Ce goût pour le "déguisement" le conduit à faire l'acquisition de kimonos, à l'origine de nombreuses oeuvres japonisantes. A la fin de sa carrière, les illustrations qu'il réalise pour l'histoire sainte lui inspirent une enquête archéologique sur le vêtement biblique.
La mode contemporaine lui assure la réputation de peintre de la "vie moderne". Son oeil est attentif aux volumes, aux couleurs, amoureux des plis, des manchons, des capuches, des chapeaux, des boléros, des poufs et des frous-frous. Tissot capte, comme le fait Zola plus tard dans- Au Bonheur des dames-, l'apparition de ces désirs nouveaux pour le textile.
Et il les met en scène sur ses toiles à travers des femmes élégantes qui s'inspirent alors des revues et des gravures de mode.
Mais chez Tissot cette passion documentée et documentaire pour la toilette est sublimée par une vision de la femme. Sans doute est-elle le jouet de ses désirs pour l'étoffe, mais au coeur de cette frivolité, elle affiche une mine absente, souvent mélancolique, signe peut-être de la conscience malheureuse qu'elle a de la vanité de ce petit théâtre des apparences. (p. 144)
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Tissot voyage par trois fois en terre sainte pour y documenter son travail et le relier au savoir scientifique et archéologique de l’époque. Il en tire 365 gravures, à l’esthétique à la fois orientaliste et sulpicienne, pour illustrer –La Vie de notre seigneur Jésus-Christ-, aux éditions Mame. Le succès public (et financier) est considérable. Les éditions en langues étrangères se multiplient. Tissot s’engage alors dans la création d’illustrations pour un nouveau projet portant sur l’Ancien Testament- travail inachevé à sa mort en 1902… (p. 154)
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« Pour le sociologue Christian Morel, les décisions absurdes, celles qui conduisent à la catastrophe, se reconnaissent à deux facteurs : d'abord un mauvais diagnostic qui embraye sur une mauvaise décision, et, plus grave, le maintien, contre toute logique et contre tout attente, de la décision. C'est depuis plusieurs années le cas. Comment expliquer autrement le peu d'effets « égalisateurs » ou
« émancipateurs » des réformes engagées ? Aussi je m'interroge. Ce collège qui m'a fait, avec son bloc de disciplines, avec ses défauts aussi, on veut continuer aujourd'hui à le défaire. Aujourd'hui, comme hier. Car, malgré les affrontements politiques, les élites et les experts qui se succèdent paraissent collaborer à la destruction de ce monde commun qu'est la culture, et en particulier, la culture classique. Pourquoi donc ? » (page 13)
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« […] cette filiation ne vaut pas identité. Cet héritage n'appartient à personne. Il est né de l'humanité pour l'humanité. » (page 93)
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« « Nous sommes la culture ! Nous sommes l'éducation ! Nous sommes sur les cimes ! Nous sommes au sommet de la pyramide ! Nous sommes le but de l'histoire universelle ! » » (page 85)
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e fin, mais par son mouvement propre, pour s'augmenter elle-même. Utile à rien, sinon à nous rendre encore plus humains. Sans doute est-ce pour cette raison qu'elles sont nommées humanités. Comme un éloge, paradoxal aujourd'hui de la gratuité. » (page 81)
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« Que sont donc les humanités ? Sinon ces balades dans ce pays étranger, très lointain parce qu'il n'existe plus sur la carte. C'est une sortie hors de soi, qui permet de revenir à soi. C'est dans ce détour que nous nous apercevons. C'est dans ce détour que nous nous comprenons. Dans l'intervalle, nous nous sommes transformés. Notre regard voit ainsi dans le présent, par moments, le palimpseste du passé. Comme lorsque nous considérons dans le sort de ces migrants africains qui se noient en Méditerranée, la face grimaçante d'une terrible Énéide contemporaine. Vaincus et jetés sur les routes comme les Troyens, ils ont connu l'horreur en Libye, en Syrie, au Nigeria ou au Mali. Mais eux n'ont pas la ressource qu'offraient aux héros virgiliens, les devins et les songes. Pour eux, pas de rêve. La mer est la continuation de l'horreur par d'autres moyens. Qu'est-ce que ces humanités – qui portent bien leur nom – peuvent nous dire de ce moment ? Je pense à une scène précise. Lorsque Énée et ses compagnons abordent Carthage, chez la reine Didon, ils tombent sur des bas-reliefs sculptés dans le marbre d'un palais. Ils y découvrent stupéfaits le récit de leurs malheurs en un véritable « film » de pierre. Ainsi loin de Troie, dans ce pays étranger, quelqu'un, ici, s'est soucié de leur sort. Virgile écrit alors : Lacrimae sunt rerum, « Il y a des pleurs pour toute chose ». C'est sans doute le rappel – qui devrait sonner à nos oreilles – que le premier signe de l'humanité, c'est cette capacité à l'empathie, à pleurer le sort de ces hommes. Pleurer, pas seulement comme un acte compassionnel et fugace, mais comme l'acte qui nous fait reconnaître la valeur de ces autres vies que les nôtres… Voilà comment le monde ancien continue de vivre en nous et de nous inspirer. » (pages 74-75)
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« L'éducation que les sociétés donnent à leurs enfants est en plein bouleversement, et ce bouleversement n'a pas été suffisamment réfléchi. Avides de performance économique, les nations, et leurs systèmes éducatifs, font piètre cas des compétences indispensables à la survie des régimes politiques libéraux. Si cette tendance se confirme les pays du monde entier produiront bientôt des générations de machines utiles plutôt que de citoyens accomplis capables de penser par eux mêmes, de critiquer la tradition, de comprendre l'importance des souffrances et des succès des autres. Il en va de l'avenir de toutes les démocraties du monde », écrit-elle. » (page 74)
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« Les humanistes, en éditant les textes de la latinité païenne, se réjouissaient alors de découvrir un monde dans lequel le péché originel était inconnu et où les formes de la culpabilité s'appliquaient moins à l'individu qu'au groupe […]. » (page 52)
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« Car les mots font les choses, et pas l'inverse. Eux qui sortent le monde de son anonymat. » (page 51)
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« La finalité des langues, lorsqu'on les considère toutes, c'est d'exprimer toute la bigarrure du réel. »
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« Revenir au sens des mots, à leur épaisseur, permet de prendre du recul et de reprendre des questions qui apparaissent sous un jour nouveau. » (page 49)
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« […] engager une vaste mobilisation tant sur le rôle des savoirs dans l'émancipation des individus et des peuples que sur celui de l'école comme lieu d'unification autour d'un ensemble de références communes. » (page 41)
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« Car les langues anciennes aujourd'hui recrutent autant, sinon davantage, dans les banlieues qu'au centre-ville. Luxe gratuit qu'on retire ainsi à ceux qui en auraient tiré le plus de profit. C'est vrai. Le latin a contribué jadis au maintien des inégalités. » (page 30)
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« Tout se passe un peu comme si pour préserver une égalité de façade, l'éducation s'accommodait des inégalités du supermarché de l'offre scolaire à la sortie des cours… » (page 27)
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