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Citation de Ziliz


Ziliz
19 décembre 2015
En ce début du mois de septembre 2005, le seul écho du monde qui avait ému la classe, entre deux pubs, deux clips de rap, deux matchs de foot et la rencontre sur le ring de 'fight' Foster vs Kupitea, les idoles de Moussa, ce fut bien le cyclone Katrina. La Louisiane dévastée. A la fin de la maudite heure du vendredi après-midi, de dix-sept à dix-huit, Anna relâcha un peu la pression pour laisser ses élèves organiser un "débat". Bien mal lui en prit.
Djamel ouvrit le bal en affirmant qu'Allah avait puni l'Amérique à cause de la guerre que les juifs et les croisés menaient contre les frères irakiens ! Moussa sursauta, indigné. La télé, il l'avait bien regardée. C'étaient ses frères noirs à lui, les pauvres, les descendants d'esclaves, qui souffraient le plus, alors quoi, Allah, Il en voulait aux blacks ? Fallait le dire tout de suite ! A ce train-là, c'était peut-être aussi Allah qui avait foutu le feu dans les immeubles parisiens durant l'été, où des tas de familles africaines avaient crevé brûlées vives ? Partout, pas seulement en Louisiane, les blacks n'en finissaient plus de dérouiller ! Même que les crocodiles, ils avaient envahi les rues de la Nouvelle-Orléans pour s'attaquer aux survivants, Moussa l'avait bien lu dans 'Choc' avec les photos et tout ! Djamel, il allait se faire pécho dans pas longtemps s'il continuait à raconter ses conneries de baltringue ! [...] En moins d'une minute, les "apprenants" d'origine africaine, pourtant musulmans dans bien des cas, s'étaient dressés face aux Maghrébins qui, même s'ils n'étaient pas certains d'avoir raison, soutenaient Djamel.
Anna fut épouvantée d'avoir, bien malgré elle, déclenché un conflit ethnique sous prétexte de "débattre". Lakdar intervint avec calme. Il ne comprenait pas où Djamel avait entendu dire de telles choses, certainement pas à la mosquée de la Cité du Moulin. Jamais l'imam Reziane n'avait expliqué ça. Djamel s'empêtra dans une argumentation foireuse. Il finit par capituler, les bras croisés, les yeux rivés sur le bout de ses baskets.
(p. 132-133)
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