Thierry Taittinger

Mon père, Eugenios (le médecin) faisait peu de cas de la religion.

Elle, caressant le chat :
- Mais attends...donc Eve serait un clone d'Adam ?
Lui, conduisant :
- Si elle est née de sa côte, a fortiori ils ont le même ADN.
- ... C'est pour ça qu'ils seraient... ?
- Jumeaux.

Un "spirou", en wallon, c'est justement le surnom qu'on donne aux enfants à la fois malicieux et remuants.

Si l'on voulait être simple, on dirait que la bédé franco-belge se divise en deux écoles : celle du fil de fer (Hergé, Jacobs, Martin) et celle du latex (Franquin, Peyo, Morris). D'un côté la ligne claire tracée au cordeau, de l'autre les pulsions du pinceau. Chez Hergé une certaine affirmation d'épure, chez Franquin la turbulence des lignes. Mais rien n'est moins simple. Il faut ces deux dimensions du tracé pour construire un monde et y faire vivre les icônes nommées Tintin ou Gaston. La plume et le pinceau ne s'y opposent. Au contraire, ils agissent en interaction : la plume exigeant un tracé neutre et objectif, le pinceau y injectant du sentiment et de l'expression.

Quasi monomaniaque, de différenciant de Matisse, Derain et Vlaminck dont les thèmes sont plus traditionnels (paysages, nu, portrait), il crée un archétype, une créature mi-élégante, mi-prostitué, aux yeux immenses, à la chevelure abondante, à la peau éclairée sans aucune modulation, mais des aplats stridents à partir du rouge exacerbés. Autour des blancs de la nacre ou de la poudre de riz s’organisent, les lilas vineux, des bleus électriques, des jaunes qui jouent la transparence. Le maquillage naturellement outrancier et exagéré par l’artifice de la lumière électrique hisse la femme au rang de prêtresse.

Mon principe, ce n'est pas d'imiter la forme, mais d'imiter la vie. (Rodin)