Citations de Thomas C. Durand (50)
On pourrait dire que la génétique crée des différences, mais qu’il faut une société pour en faire des inégalités.
Préjugés et haine de l’autre procèdent d’une lecture étroite du monde sous les fourches caudines d’idéologies identitaires dont le but est de rassurer les croyants sur leur place dans l’univers.
Le premier ennemi de la connaissance n’est pas l’ignorance, c’est l’illusion de la connaissance.
L’ignorance engendre plus fréquemment la confiance en soi que ne le fait la connaissance. Ce sont les personnes qui savent peu et non celles qui savent beaucoup, qui affirment de façon si tranchée que tel ou tel problème ne sera jamais résolu par la science.
Le sceptique, la rationaliste ou le zététicien n’est pas toujours aimé à sa juste valeur. C’est qu’il est agaçant aussi, à ne jamais croire aux rumeurs, à la magie, aux mystères ésotériques et aux médecines interlopes. Il semble juger les autres, se moquer de leurs croyances, et donc les insulter. C’est en tout cas ainsi que beaucoup le perçoivent.
Dans son rapport de 2018, la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) indique que le risque sectaire apparaît d’abord avec les médecines dites alternatives, les psychothérapies et le développement personnel, devant les mouvances religieuses ou spirituelles.
Assurons-nous bien du fait avant de nous inquiéter de la cause.
En éliminant les hypothèses farfelues, nous avons utilisé l’instrument mental évoqué plus haut : le rasoir d’Ockham. Il tranche et nous débarrasse ainsi des hypothèses superflues, des prémisses inutiles, des postulats improbables. Les hypothèses restantes, aussi insatisfaisantes soient-elles, sont forcément plus vraisemblables, et c’est ce qu’on leur demande.
Tout est poison. Rien n’est poison. C’est la dose qui fait le poison.
Principe de Paracelse.
Les prestidigitateurs n’exploitent pas la détresse d’une personne affligée par un deuil pour lui faire acheter un livre sur l’au-delà ou des séances de « transcommunication instrumentale ». Aucun ne se fait de l’argent en vous vendant du papier agrémenté de votre signe astrologique et des conseils diététiques associés.
La téléphatie, la télékinésie, les voyages astraux, tout ça… ce ne sont que des balivernes ? C’est prouvé ?
Non, ce n’est pas prouvé, Mais la charge de la preuve incombe à celui qui avance l’existence d’un phénomène inconnu. Si jamais je prétendais qu’il y a une théière en porcelaine qui orbite entre Mars et Jupiter mais qu’aucun télescope ne peut la voir… ce serait dommage qu’on me croie sur parole. Il serait plus raisonnable de douter suffisamment de moi pour me demander des preuves. (C’est la théière de Russel, hypothèse proposée par le philosophe anglais Bertrand Russel pour montrer qu’il ne revient pas à un athée de prouver l’inexistence de Dieu, car ce genre de preuve est impossible à fournir).
Les coïncidences constituent le substrat de la synchronicité. Or elles n’existent qu’au sein d’un témoignage, d’une subjectivité, et l’on sait à quel point un témoignage est épistémiquement fragile. Au final, la synchronicité fait penser à une auberge espagnole. Chacun apporte le sens qu’il veut, les conclusions qui l’arrangent, et en retire toujours -miracle ! - exactement ce qu’il était venu chercher.
Il existe de nombreuses théories sur la magie, et plus spécialement sur les dons. La principale raison en est que beaucoup de théoriciens ne vivent que de la publication de leurs spéculations et passent leur temps à se contredire eux-mêmes, année après année, sans vraiment lire les critiques que reçoit leur travail.
L'erreur consiste à considérer qu’une idée, si elle contredit une idée religieuse, est nécessairement de nature religieuse elle-même, La science a toujours produit des idées dont la validité entraine le discrédit d'idées préalables. On appelle cela le progrès.
Certes, ma voix est bien peu de chose ; mais, si faible qu’elle soit, qui sait si elle n’éveillera pas une voix plus puissante ? Qui sait si la semence, emportée au hasard par le vent, n’ira pas germer au coeur d’un de ces jeunes hommes à la parole de flamme, dont la fonction est de propager les idées ? Si cela était, je m’estimerais trop heureux et mon ambition serait amplement satisfaite.
Ce qui sera, je vais vous le dire. On fera sentir à l’auteur, – qui le sait mieux que personne, – à quel point la compétence lui fait défaut pour traiter de si hautes questions. « De quoi se mêle-t-il ? » dira-t-on, « tout cela ne le regarde point ». Je vous demande bien pardon : cela regarde tout le monde.
Ta gueule, c'est quantique !
Les travaux des scientifiques montrent que l'essentialisme est l'une des principales sources de la pensée raciste et de sa grosse cousine la pensée communautariste ; de manière générale, elle est le carburant de la rhétorique querelleuse partout où l'on entend des phrases qui affrontent des Nous (normaux) et des Eux (les salauds, les escrocs, les pauvres, les étrangers, les riches, faites votre choix). L'essentialisme est aussi la force motrice qui continue à propulser le sexisme sur les rails du bon sens à bon marché au prétexte qu'il doit exister une nature masculine et une nature féminine.
Régulièrement des astrologues tombent juste, car même eux ne sauraient avoir le privilège de toujours se tromper, Voltaire le savait, Didier Raoult aussi : « Parmi tous les imbéciles qui prédisent, il y en a toujours un qui a raison, c’est comme ça » (LCI, 26 octobre 2020).
Quelqu’un qui a des propos sexistes n’est pas forcément une personne sexiste. Dire le contraire serait essentialiste. Ce serait donc d’une part faux, et d’autre part sans espoir : les gens seraient condamnés à ne jamais changer.
Telle une peau de chagrin, la notion de propre de l'homme s'amenuise à mesure que se développent les connaissances sur le monde animal. A n'en pas douter, notre espèce est spéciale, mais peut-être pas assez pour que son originalité s'impose d'elle même. Comme on l'a déjà dit, il n'y a aucune raison objective de penser qu'existe une discontinuité entre l'humain et le reste du monde animal.