Neuf ans ont passé, mais je m’en souviens comme si c’était hier.
C’était le film que tout le monde voulait voir. À l’école, on ne parlait que de ça. Nous comptions les jours jusqu’à la sortie, découpions le moindre article glané dans les magazines. J’étais loin d’être un fou de comics comme Owen, mais c’était pourtant moi le plus impatient de tous. À sept ans déjà, je compensais ma nature réservée par un excès d’enthousiasme. Lorsque c’était un bon jour, c’était le meilleur de tous. Lorsque c’était un bon burger, c’était le meilleur que j’avais jamais mangé. J’en faisais sans cesse des tonnes, avec l’impression de ne jamais en faire assez. Dans ce corps frêle et insignifiant se cachait un feu ardent, qui brûlait pour à peu près toute chose. Alors, à force de m’entendre lui rabâcher que c’était LA superproduction de l’année, à force de m’entendre lui promettre que j’allais redoubler d’efforts en classe, mon père avait finalement abdiqué. Même si je devais avoir école le lendemain, il avait accepté de m’accompagner. Tout simplement inespéré ! J’allais voir le film au nez et à la barbe de tous mes copains, et donc être celui à qui tout le monde dirait : “alors, c’était bien ??”. Tandis que mon père pestait de devoir abréger son dîner pour dégager la neige du pick-up, je m’y voyais déjà, sautant dans tous les sens, mettant mon pull à l’envers, et mes gants aux mauvaises mains.
Les masques tombèrent les uns après les autres. On mesura brusquement le gouffre vertigineux qui séparait la sphère publique de la sphère privée. On prit conscience de cet incroyable exutoire que constituait Internet, place publique de toutes les déviances humaines. Si certains en avaient eu jusqu’ici une utilisation banale, voire anecdotique, d’autres, beaucoup d’autres, s’en étaient servis pour se défouler, assouvir leurs fantasmes ou exprimer un mal-être, d’une manière décomplexée, brute, violente. Sans avoir une seule minute à l’esprit que tout cela risquait d’être dévoilé au grand jour.
C'est le premier roman d'anticipation que j'ai lue, le sujet est super intéressant.
Un livre qui donne à réfléchir sur l'utilisation d'internet et si un jour tout sera dévoiler au grand jour ? Un livre prenant et même les personnes qui ne lisent pas peuvent le lire car la plume de l'auteur emporte et il est facile à lire . Un livre que je recommande à lire et qui fait réfléchir.
Thomas palpant un auteur à soutenir et à suivre.
Pfff mais qu'est-ce que je m'ennuie... Il n'y a vraiment rien à faire aujourd'hui. Cette fois-ci Virginie a pensé à éteindre la TV avant de partir, alors je ne pourrai même pas profiter des infos. La fenêtre est fermée donc pas la peine d'espérer non plus qu'un oiseau passe dans le coin.
Alors récapitulons... Mes besoins de l'après-midi : check. Ma toilette : check. Me faire les griffes sur le canapé : check. Bref, j'ai vraiment tout fait. Bon ben y'a plus qu'à piquer un somme.
MAAAAOOOUUUU... J'en baille dis donc.
Ha tiens, voilà Virginie qui rencontre ! Avec mes croquettes je l'espère... Ha ben non, c'est un petit sac qu'elle a dans la main.
[...]
- Attends Ponpon c'est pas le moment ! me lance-t-elle sans même m'adresser un regard.
Ok donc pas de pâtée, pas de câlins, rien. Attends un peu cette nuit quand tu seras endormie, je vais me faire un plaisir de miauler un bon coup, tu m'en diras des nouvelles.
[...]
Tout ça pour ça ? Un banal smartphone. On va pas en faire un roman non plus. Allez je retourne me coucher moi...
Consulter mon smartphone était la première chose que je faisais en me réveillant, la dernière que je faisais en me couchant. Et entre les deux ? Du web, du web et encore du web..... le wifi et la 4G étaient mon oxygène.
Le torrent le maintenait à la surface comme un bouchon de liège, et paraissait vouloir l’emmener quelque part. Et c’est au moment où Peter commençait à s’assoupir que la nuit tomba en un claquement de doigts, et que l’eau se figea. Le vacarme assourdissant n’était plus que silence absolu. La rivière, devenue lac, scintillait sous un ciel constellé d’étoiles. C’est alors qu’il l’entendit.
— Continue, je t’attends.
Tout d’abord effrayé, il se rendit compte que l’énorme mammifère n’avait non seulement aucune intention belliqueuse, mais se trouvait en plus accompagné d’une biche, qui devançait elle-même un loup, trottinant en compagnie de lapins. Il y avait de quoi être perplexe, mais c’était pourtant l’évidence même : prédateurs et proies filaient le parfait amour, au point qu’on se demande s’ils ne se montraient pas ensemble pour défier l’ordre établi, ou pour prendre le contrepied total de leur précédente vie. Plutôt rares aux abords de la Croisée des Chemins, les animaux et insectes se trouvaient en cette partie verdoyante d’Eastland en très grand nombre.
« Machinchose a liké telle photo. Bidule a envoyé tel snap. Tiens, il marche dans la rue. Oh, elle pose avec ses amis. Wow, il boit un café. C’était incessant, rarement digne d’intérêt, et pourtant je n’étais jamais rassasié. »
Il faut dire que la résidente n'avait que peu d'occasions de voir du monde. Après plusieurs semaines passées à ses côtés, mais aussi aux côtés des autres pensionnaires du Bon Repos, j'étais frappé de voir à quel point toutes ces personnes semblaient plongées dans une morne solitude, prisonnières d'une routine qu'elles n'avaient pas souhaité. Où étaient donc passées les familles nombreuses que la plupart de ces personnes avaient fondées? De ce qu'il me semblait avoir compris au fil du temps, Suzanne avait trois enfants, et je ne sais combien de petits enfants. Pourtant, elle n'avait reçu la visite d'aucun d'entre eux.
Elle avait un but mais ne connaissait son point de départ. « Comment me mettre à l’abri ce soir ? Où suis-je ? Que me reste-t-il à parcourir ? » C’est en pensant à tout cela qu’elle fit ses premiers pas dans l’étroit sentier qui quittait la plage pour déboucher sur l’inconnu.
Le petit chemin partait à l’opposé du port. Commençant par longer l’océan avant de s’en éloigner, Phan Lim remarqua de vieilles épaves échouées le long de la côte avant de s’enfoncer sous les arbres. Au bout d’une heure de marche, la végétation devint plus aérée. Une centaine de mètres plus loin, quelques constructions apparurent.