Laure Moulin : résistante et soeur du héros
Thomas Rabino
Éditions Perrin
Collection Biographies
Une biographie de
Laure Moulin (1892-1974), soeur de
Jean Moulin. Elle a elle-même fait partie des femmes résistantes, en tant que secrétaire de son frère dont elle conservait les papiers compromettants et pour qui elle remplissait des missions. A sa mort, elle est devenue la dépositaire de la mémoire familiale et s'est attachée à faire connaître l'action de son frère à travers la France. ©Electre 2021
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L’union de Jean et Marguerite Moulin soufre de l’ombre envahissante de Mme Cerruty. Non contente de répendre des bruits sur la fidélité de sa fille celle-ci conspue son gendre et les Moulin, qu’elle voit comme « des athées, des politicards de gauche » coupables de lui avoir « volé son enfant » et de convoiter sa fortune.
La ligne éditoriale de Gringoire n’est pas plus compatible avec les idées politiques d’un homme de gauche ; ( …) Cette apparente contradiction révèle, en filigrane, la capacité de « Moulin-Romanin » à comprendre des tendances et des individus si différents de lui, d’une façon finalement très similaire à l’ouverture d’esprit dont il fera par exemple preuve, courant 1941, lors de ses discussions avec Henri Frenay, du mouvement de résistance combat et partisan déclaré de la révolution nationale. Enfin, Romanin n’est pas Moulin. Le premier dispose d’une liberté interdite au second.
En février 1939, la Retirada lui donne l'occasion d'éprouver sa fibre humanitaire : 450 000 personnes, des combattants et des familles entières franchissent les Pyrénées. Cet afflux est canalisé, notamment dans l'Hérault, vers des camps dits de concentration (qui n'ont pas encore leur sinistre vocation des années noires) , ainsi que vers des structures d'hébergement. Cet internement administratif est rendu possible par les décrets-lois de 1938-1939, promulgués contre les " étrangers indésirables ", assignés à résidence et privés de leur liberté de déplacement.
Dans la ville d'Agde, à vingt kilomètres de Béziers où feu le conseiller général Moulin comptait de nombreux amis, 7 750 étrangers " jugés indésirables " sont internés dans un " camp spécial " hérité de la défunte République : 250 hectares d'un terrain couvert de 250 baraquements aux toitures percées, sans chauffage, sales et infestés de rats. Depuis la loi du 4 octobre 1940, Vichy y regroupe 3 000 juifs étrangers parmi lesquels vivent 300 enfants de moins de trois ans, mal nourris et parqués aux côtés de travailleurs indochinois et de républicains espagnols.
Devant l’impossibilité de fuir et la crainte de céder, Jean Moulin ne voit qu’une issue : La mort. « Elle ne me fait pas peur. Je sais que le premier être humain qui pourrait me demander des comptes, ma mère, me pardonnera lorsqu’elle saura que j’ai fait cela pour que des soldats français ne puissent être traités de criminels et pour qu’elle n’aie pas à rougir de son fils. »
Alors que son compagnon d’infortune s’est assoupi, Moulin s’empare d’un éclat de verre jonchant le sol et se tranche la gorge. Moulin se laisse aller. Il attend la mort.
Le rapport Kaltenbrunner, plus ancien que le rapport Flora, se révèle également plus précis et surtout plus accablant pour Hardy : "Didot [] a fait des aveux complets", souligne le document, où sont mentionnées des précisions que seul l'intéressé pouvait fournir. "Il s'est prêté de bonne grâce à collaborer avec nous. [...] Grâce à une mises en scène à laquelle Hardy s'est prêté, le Kommando d'intervention de la Sicherheitspolizei et du SD de Lyon [...] a réussi à surprendre à Lyon une réunion de dirigeants des Mouvements unis de Résistance."
Après vingt mois de mariage, Jean Moulin demande le divorce en mai 1928. Ce ne fut qu’à la veille de sa demande qu’il nous informera, précise Laure. Il obtient, par l’intermédiaire de son avocat, que le tribunal civil de Chambery prononce, le 19 juin 1928, un divorce « aux torts et griefs de la femme, défenderesse défaillante faute de comparaître, ni personne, ni pour elle.
L’ampleur de la mission « Rex » se précise. L’ex-préfet devient le représentant personnel du général de Gaulle et le délégué du Comité national en zone libre, avec pour objectifs de placer les chefs résistants sous l’autorité du général, et réaliser l’unité d’action de tous les éléments qui résistent à l’ennemi et à ses collaborateurs.
Notre tâche sera assez facile tant que nous n'aurons devant nous que des Allemands car ils sont lourds et lents à s'initier aux coutumes et à la mentalité française. Mais dès qu'ils trouveront des Français qui travailleront pour eux, alors le danger sera plus sérieux. (Jean Moulin)
La Saint-Andiolaise ignore que Barbie, de passage en Allemagne et jamais inquiété, serait venu en 1969 au Panthéon déposer un bouquet d'œillets sur le tombeau de Jean Moulin.