Angoulême 2011 - Interview de Thomas Vieille - Les derniers jours d'Ellis Cutting
J'ai beau me réfugier aux confins du monde, les marchands de modernité ne tardent jamais à pointer leur nez.
" Bien qu'elle illumine nos villes comme la voie du progrès, la Fée électricité ne se cantonne pas à l'éclairage.
A ceux que l'Humanité a jugés perdus l'Ohio offre une nouvelle voie vers la rédemption:
Un confortable siège dans lequel mourir.
En adoptant la chaise électrique comme méthode d'éxécution, l'Etat entre dans une ère plus moderne.
On peut espérer que le pays entier suive cette voie propre et miséricordieuse vers une plus haute civilisation."
Le dernier jour de la terre. Vis aujourd'hui, comme si c'était le dernier jour. Et fais des projets, comme si tu étais là pour l'éternité.
- Ah ! Te voilà chercheur d’or ! Alors… Tout s’est passé comme prévu. Tu es riche et misérable. Tu sais, ça passera. La culpabilité… Enfin, je ne sais pas. Ma connaissance de l’avenir se restreint à une rive. Et ça n’est pas celle-là… Alors… Un homme, sans monture, avec un couteau… 57 cents. Oh, et puis non… C’est cadeau. Après tout, c’était ma traversée autant que la tienne. Le pont est bientôt fini. Je n’ai plus rien à faire ici… Il est temps de reprendre la route. Tu trouveras la première ville à trois jours de marche vers le sud. Quant à moi, je vais voir l’Océan. Adieu, chercheur d’or. Et bon retour !
- Lük...
- Lük?
- LÜK LÜK !! LÜK LÜK !!
- Ha ha !! Lük ! Ha Ha Ha !
- Puis ils ont trouvé de l’or sur la rive en face… Les premiers n’avaient pas fini de monter leurs tentes que déjà débarquaient les suivants. Alors ils ont commencé à bâtir un pont. C’est plus pratique un pont. Seulement, l’hiver est tombé, et depuis il n’y pas un jour sans neige ou sans brouillard. Dans ces conditions, ils ont arrêté la construction… Ils préfèrent se consacrer à trouver de l’or. Remarquez, ça ne me dérange absolument pas. Ça me permet de travailler pour quelque temps encore. Vous, vous n’êtes pas chercheur d’or...
- Non, pas vraiment. Je ne cherche pas de l’or…. Je cherche à ce que l’on ne me trouve pas. Et puis, on trouve plus d’or dans le fond des poches que dans le lit des ruisseaux.
- Quelque chose me dit que vous avez une part de responsabilité dans ce pugilat...
- C’est un cadeau pour vous. Une représentation de l’intemporelle aptitude de l’Homme à sombre dans la sauvagerie. Avouez qu’aucune machine miraculeuse ne pourrait rendre compte de ce spectacle vivant.
- Vous seriez étonné. D’ailleurs notre démonstration a lieu ce soir. J’espère vous y voir.
- N’y comptez pas trop. Et profitez bien de ce spectacle-là.
- Je suis certain qu’il se cache dans la foule. C’est pas qu’il aime l’humanité, non… Mais il a besoin de ça. Des poches pleines à vider, des têtes savantes à éduquer, des brutes à dompter, et des putains à respecter. Il va essayer de faire profil bas, mais il ne peut pas se retenir et c’est tout ce que je peux vous dire… BANG
- Non, je n’ai aucune idée d’où il peut se planquer. Mais si vous le trouvez , n’hésitez pas à lui briser les jambes de ma part. La dernière fois que je l’ai vu, c’était de dos : il s’enfuyait avec ma part. Non sans avoir pris soin de baiser ma femme… Alors si vous BANG