Les derniers jours d'Ellis cutting

Comme le titre l'indique, dans Les derniers jours d'Ellis Cutting, on accompagne pour ces derniers instants de vie, Ellis Cutting, le personnage principal. Difficile de le qualifier de héros dans la mesure où, même si tout n'est pas défloré, on comprend bien que le gars a des choses à se reprocher et à se faire reprocher. Il est ainsi recherché plutôt mort que vif par les agents de Pinkerton. Ce n'est pas non plus un mécréant, aidera son prochain avant ces derniers jours, fera la rencontre d'une mère et de son fils qui apporte le cinématographe dans une ville en pleine ruée vers l'or, peut-être en plein Klondike donc, rencontrera un chercheur d'or que personne ne comprend quand il parle - un suédois peut-être - et périra d'une main à laquelle où on ne s'attend pas, non sans avoir échappé à quelques morts et mauvaises situations au préalable.

Cette première bande dessinée - à l'exception d'une autre en trois pages** - de Thomas Vieille qui s'occupe du scénario, du dessin et de la couleur, est une belle réussite. Savoir très rapidement qu'Ellis Cutting n'en réchappera pas n'enlève rien au plaisir de la lecture. Bien au contraire.

Pour le scénario, il y a du Dead Man de Jim Jarmusch, notamment pour le rôle que joue la rivière et le passeur qui lui annonce « Vous allez mourir de l'autre côté de cette rive », du Jack London de Croc-blanc ou L'appel de la forêt, pour la ruée vers l'or vers le Klondike même si ici c'est la fin de la ruée vers l'or, du Fargo des frères Coen, pour la neige et les coups tordus, et un peu de Poe avec Les aventures d'Arthur Gordon Pym, pour le côté triomphe sur les « vicissitudes de la vie » pour inexorablement mourir.

Pour le dessin, on est proche de la ligne claire. Et il y a un peu de Seth aussi***.

Le personnage du passeur est particulièrement intéressant - il a eut ma préférence avec Ellis Cutting. Dès qu'il voit Ellis Cutting, il lui prédit sa destinée mortelle et celle-ci se réalisera bien. le passeur fait le lien entre les deux rives de la rivière - entre deux mondes - entre lesquelles un pont est en construction. Il agit comme une espèce de pontonnier même si « [sa] connaissance de l'avenir se restreint à une rive » - il est dès lors étranger à cette autre rive, à cet autre monde. L'histoire commence et se termine avec lui. Il est le symbole d'une époque qui se finit. Comme le dit lui-même Thomas Vieille, Les derniers jours d'Ellis Cutting est aussi une oeuvre de fin d'époque, de "destruction créatrice" en quelque sorte - le cinématographe arrive, la chaise électrique est évoquée, le pont va remplacer le passeur - et de la réaction des gens à ces changements d'époque - Ellis Cutting est par exemple sceptique quant à l'avenir du cinématographe.

* Il est par ailleurs illustrateur pour Le Monde Diplomatique et Hermès.
** Elle est disponible sur son site, ainsi que les neuf premières pages de Les derniers jours d'Ellis Cutting et d'autres travaux de Thomas Vieille.
*** Thomas Vieille dit être influencé par Chris Ware.

Un western dans la neige au milieu des chercheurs d'or, des personnages pittoresques, Thomas Vieille maîtrise les codes du genre et se permet, pour notre plus grand plaisir de les réinventer.
Pas totalement convaincu par le dessin, c'est la structure narrative qui fait tout l'intérêt de cet album, on passe de façon subtile, imperceptible d'un personnage à l'autre sans nous incommoder pour autant, bien au contraire !
Auteur à suivre.

http://www.youtube.com/watch?v=fi-S9lrnLZ8&feature=related

Ce western est quand même très curieux. On a droit à la dernière tranche de vie d'un homme sans rien connaître de son passé. On sait juste qu'il fuit un riche magnat en chaise roulante. Il va passer sur une autre berge où il sait qu'il va vivre ses derniers instants. L'important n'est pas de savoir ce qu'il a fait mais comment il va mourir. Et généralement, pour corser le tout, on meurt de la façon la plus inattendue qu'il soit.

C'est le parti pris de l'auteur. Il faut dire que son récit n'est absolument pas ennuyeux. C'est plutôt bien construit. Cependant, j'aurais quand même aimé en savoir plus sur cet homme intelligent et fataliste à la fois. J'ai accepté ce schéma mais j'aurais alors voulu que cela soit en échange de quelque chose d'extraordinaire ce qui ne sera pas le cas. Bref, tout ça pour connaître la façon dont on meurt. S'agissant d'un western, il ne faut pas être devin pour savoir …

Au final, un bon western bien dosé mais dont on espérait quand même un peu plus !

Quand j'ai fini la lecture de cette BD il y a quelques heures, je ne savais pas quoi en penser et je me demandais ce que j'allais écrire sur son sujet.
Et maintenant, ma mémoire a fait le tri, et j'ai déjà bien oublié ce que j'avais lu. Je n'ai pas compris l'objectif du récit. On arrive dans une histoire sans connaitre son origine, ni savoir ce qu'il adviendra ensuite. Un peu comme pour un court métrage... mais là ça dure plus de 100 pages, alors forcément, quand on sait pas trop ce qu'on lit, ça fini par devenir long. J'ai croisé une foule de personnages, qui auraient pu être très intéressants, mais finalement ce n'était qu'une galerie de portrait.
Je suis déçue.

Ellis Cutting est un homme en fuite. Poursuivi par une bande de cow-boys qui en veulent à sa peau, il se réfugie dans une petite ville de chercheurs d'or, enfouie sous la neige. On ne saura pas pourquoi et peu importe. Un curieux passeur prophétique lui confie qu'il y laissera la vie. La route se termine mais il ne le craint pas. de toute façon, il n'a pas "de quoi payer une autre traversée"...

Nous voilà plongé en pleine ruée vers l'or, dans une ambiance western qui s'accompagne de personnages truculents : un chercheur d'or muet qui se fait piquer tout l'or qu'il trouve, une bande de truands, une bourgeoise visionnaire qui cherche à convaincre du miracle de la cinématographie, un barman qui loue des chambres avec filles de joie, un juge corrompu, et des tueurs à gages dont le devoir est aussi de supprimer quiconque à connu Ellis Cutting...
C'est au son de Bob Dylan, Bruce Springsteen ou encore Johnny Cash que ces humains qui cherchent (ou pas) à échapper à leur destin apprendront l'implacabilité de la destinée.
Si le destin de chacun est tracé, il ne se produira peut-être pas de la manière qu'on le pense...

Non dénué d'humour, cet album se déroule pourtant comme une tragédie grecque : un passeur, le Destin qu'on ne peut déjouer. Mélangeant les genres, l'auteur nous offre un étonnant album qui dépasse les codes du western pour se transformer en un récit fortement décalé.

Le dessin, plutôt sobre et naïf, se fait au trait épais et on pourra regretter l'absence de détails.

Je ne suis pas entièrement convaincue mais l'album se laisse lire avec plaisir mais que j'aurais souhaité plus dense.
Un premier album tout de même intéressant donc pour ce jeune auteur à suivre.
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