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Critiques de Trinh Xuan Thuan (121)
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Face à l'univers

Un tout petit livre dont le sujet de réflexion dépasse celui du seul titre. Trinh Xuan Thuan introduit tout en beauté ce "recueil" d'impressions et de réflexions sur l'univers, l'homme, le monde..., par un bref résumé de son œuvre de "vulgarisation", comme il dit.

Par le choix de ses " invités" et la justification qu'il en fait pour chacun d'entre eux, il élargit le regard du lecteur vers de multiples directions, de multiples "chemins de pensée", comme j'aime à les appeler.

C'est un petit livre à la fois récréatif et créatif, plaisant à lire.



Un petit bémol cependant : les illustrations ont grandement pâti du choix du papier sur lequel elles reposent, ainsi que de la disposition de certaines sur une double page, la jonction des 2 pages gâchant l'image originale. Peut-être un choix réfléchi afin de favoriser l'imagination du lecteur, je ne sais pas. Dommage, le principe de cette Collection Manifeste aurait mérité une plus grande attention sur ce point de détail.
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Dictionnaire amoureux du ciel et des étoiles

C'est un dictionnaire complet écrit par l'astrophysicien très connu Trinh Xuan Thuan, dictionnaire qui s'adresse à toute personne curieuse du ciel et des étoiles.

Pas besoin d'avoir un bagage scientifique; Le langage est simple et clair.

Pour les concepts difficiles l'auteur a recours à des images de la vie courante, ce qui facilite notre compréhension.

Il nous rappelle où nous en sommes dans la connaissance des origines de l'Univers, né d'une fantastique déflagration il y a quelque 14 milliards d'années, le big bang, à partir d'un état extrêmement petit, chaud et dense.

Issu d'un vide rempli d'énergie, l'univers n'a cessé de montrer sa créativité et son inventivité pour gravir l'échelle de la complexité.

Naines blanches, trous noirs, géantes gazeuses, étoiles à neutrons, exoplanètes, galaxies cannibales, pulsars, quasars, supernovae, le "bestiaire" est large! Les entrées de ce dictionnaire sont aisées. On se repère facilement dans les nombreux thèmes traités.

C'est un excellent ouvrage de référence.
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Le destin de l'univers. Le Big-bang, et après

Un auteur passionnant qui nous donne une analyse passionnante d'un sujet passionnant !!!
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Désir d'infini : Des chiffres, des univers et..

L'infini rend fou ......

Alors d'abord on élimine le sujet.



Les Grecs, champions de la Rhétorique choisissent de nier une conception que les mots et la logique sont impuissants à maîtriser.



Petit aparté:

L'anecdote sur la découverte par les Grecs du premier nombre "irrationnel" qui est décrété Secret d'Etat, de peur de provoquer une émeute populaire, laisse rêveur.

Aujourd'hui, la découverte du boson de Higgs fait 10 secondes au JT (s'il n'y a pas eu foot la veille ...)



Même rejet par les mathématiciens, dont la rigueur méthodologique ne sait que faire de ce concept bizarre, contraire à toutes les règles de bon sens, et qui met cul par dessus tête les fondements élémentaires de l'arithmétique.

Alors comme ça, une suite (infinie) que l'on ampute d'une de ses parties n'est pas plus petite que la suite originale ! Et puis quoi encore ! Vade retro satanas !



Et il faudra la foi d'un Cantor pour poser les premières règles des mathématiques de l'infini, de ces mathématiques de l'étrange.

Travail de pionnier et de défricheur forcené qu'il paiera de sa santé mentale, comme d'autres après lui.

Je dois avouer que j'ai été moi-même victime de quelques "embardées" du raisonnement lors de la simple lecture.



La "bête" semble domptée.

L'auteur nous emmène alors sur le champs de manoeuvre par excellence de l'infini : l'Univers.

Et là ça ne s'arrange pas .....



Nous voilà aux prises avec nos sosies innombrables, nos vies infiniment répétées, des paradoxes a priori inaccessibles à notre compréhension.

Alors d'autres hypothèses: plutôt qu'un Univers infini, pourquoi pas une infinité d'univers (infinis ? ...), le Multivers.

Et revoilà les Grands Questionnements du Début et de la Fin, et pourquoi quelque chose plutôt que rien ?

Une Création (un Créateur ?) et pas de fin ? Ou quelle(s) fin(s) ?

Ou plutôt la théorie des cordes, avec ses 10 dimensions (aux derniers recensements), ses branes qui collisionnent comme des cymbales dans un maëlstrom d'énergie, rythmant l'éternel recommencement des cycles.



Les mots pourraient être impuissants à nous accompagner dans la compréhension de concepts réservés à des approches supra-lexicales comme les mathématiques.

Mais Trinh Xuan Thuan réussit ici un tour de force de vulgarisation.

Si les non experts comme moi ne sont pas à l'abri d'une légère surchauffe de synapses, on arrive à suivre le cheminement intellectuel qui a conduit progressivement à une meilleure compréhension de l'Univers et du concept d'infini qui l'accompagne.

Et avec ce guide, c'est passionnant.

Il décrit ce que l'on sait, ce que l'on ne sait pas (encore), ce qu'il apparaît difficile de savoir un jour, les différentes hypothèses posées aujourd'hui, ce en quoi elles peuvent être crédibles, ce en quoi elles apparaissent incomplètes ou insatisfaisantes.



Il nous livre ses convictions et ses doutes. Il est d'ailleurs surprenant de constater à quel point les scientifiques semblent aujourd'hui les métaphysiciens les plus puissants (intellectuellement parlant), mais d'une métaphysique filtrée par la raison.



Pas pour autant des croyants stériles

Plutôt des interrogateurs féconds et des chercheurs passionnés par la puissance évocatrice des concepts qu'ils côtoient, et par l'enjeu de leur recherche.



Peut-être ne saurons nous jamais, mais au moins apprenons et comprenons ce qui nous est progressivement accessible.



On a fait beaucoup de chemin et le paysage est magnifique.





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La mélodie secrète

Très beau livre, ou plutôt, qui contient de très beau passages poétiques de vulgarisation scientifique. C'est lisible comme un Science et vie Junior, pour comprendre comme est né l'univers et comment il semble fonctionner... Je dis "semble" car l'auteur souligne bien la difficulté du savoir et le fait que les découvertes successives des scientifiques n'ont cessé de faire évoluer la théorie de la naissance de l'univers.

J'ai cependant mis deux ans à le lire... Le livre est assez complet et donc roboratif, mais ce qui m'a le plus rebuté est bien la police minuscule de l'édition folio essais, comme le souligne fort justement Tatooa dans sa critique!
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Le Cosmos et le Lotus

Première lecture de cet auteur et très bonne surprise. Tout d'abord la première partie, axée sur son expérience au début de ses études scientifiques auprès des plus grands et en tant que vietnamien lorsque son pays d'origine était ravagé par la guerre. C'est une partie touchante, dans laquelle l'auteur fait part de ses ressentis, de tout ce qui l'a amené à devenir astrophysicien, de ce qui l'a poussé à poursuivre son rêve, malgré la situation de sa famille au Vietnam, malgré les États-Unis, qui lui étaient totalement étrangers. Et tout ceci ne peut que pousser à l'admiration. Cette partie est d'autant plus intéressante que Trinh Xuan Thuan nous fait part de ses rêves mais aussi de ses désillusions en tant que jeune scientifique, de tout ces émerveillements que la science nous apporte et que tout passionné ressent à un moment donné.



S’ensuit une part de vulgarisation scientifique intéressante, non pas pour les thèmes traités (les galaxies, la matière noire etc...), puisque l'auteur ne s'attarde pas avec de grandes explications scientifiques mais plutôt pour tout ce qui entour la science. Toutes les réflexions qu'elle suscite, ses méthodes, les mouvements philosophiques qui l'ont accompagné et qui l'accompagne encore. L'auteur partage ses points de vue et ses prises de positions, entre déterminisme, « relativisme social », théorie du chaos etc... pour se concentrer dans la dernière partie sur le bouddhisme et le lien qu'il en fait avec la science.



Et cette dernière partie est très intéressante, puisque elle développe un aspect peu commun entre le monde de la science et de la spiritualité. Trinh Xuan Thuan y énonce clairement ce en quoi il croit, l'union entre les différents principes du bouddhisme et certaines théories scientifiques, d'un certain point de vue. Même si certains détails entre mes convictions personnelles et ceux de l'auteur divergent (principe anthropique, darwinisme...), cette dernière partie est un fabuleux développement, qui pousse à la réflexion, permet d'élargir un peu notre champs de vision sur les sciences et permet également de découvrir un peu plus cette philosophie-religion qu'est le bouddhisme.
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Le Cosmos et le Lotus

Cela faisait très très longtemps que je n'avais pas lu de vulgarisation scientifique. Ces retrouvailles avec Trinh Xuan Thuan sont dues au défi ABC, puisque celui-ci était mon dernier livre à lire pour le boucler.



Et je ne regrette pas ce choix. J'ai toujours aimé savoir ce qui amenait tel ou tel à faire ce qu'il faisait, et les biographies de scientifiques émérites m'intéressent, même si je n'en lis pas beaucoup, la dernière étant celle de Cyrulnik (Merci Babelio et son masse critique !). C'est donc avec plaisir que j'ai lu ces pages sur la vie et ce qui a amené l'auteur là où il est.



Outre que sa façon de vulgariser et rappeler les théories tout au long de l'histoire m'a permis de me remettre dans le bain en douceur, sans forcer, et sans difficulté particulière, j'ai adoré la vue d'ensemble qu'il nous offre de sa propre histoire personnelle. J'aime comment il parle simplement de lui, de sa jeunesse. Notamment sur le passage où il dit que,  très naïvement, il croyait que les grands scientifiques étaient aussi de grands doués en relations humaines et comment il est tombé de haut, cela m'a fait sourire, j'ai vécu exactement la même chose...



Il n'assène aucune vérité comme telle mais présente tout puis nous donne son avis, sans pour autant paraître prosélyte, que ce soit scientifiquement ou spirituellement. Il est le meilleur auteur actuel dans le domaine de la vulgarisation scientifique, à mon avis, loin de toute arrogance, hauteur ou pédanterie (Non non, si j'avais pensé aux Bogdanov, j'aurais dit "loin de toute mythomanie" en plus... Arf !), et laisse à chacun le soin de tracer son propre cheminement de pensée, avec toutes les dernières avancées qu'il met à notre portée grâce à des métaphores simples et des explications directes, sans vocabulaire incompréhensible. Même si la troisième partie de son livre donne le vertige, le même que lorsqu'on s'allonge et qu'on regarde le ciel par une nuit d'été sans nuage...



Bref, j'aime beaucoup cet auteur, et il n'est pas impossible que je réitère avec lui pour le X du prochain défi ABC !
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La mélodie secrète

Ma boucle cosmique est bouclé, l’expansion gracieuse de l’univers a livré sa nouvelle vulgarisation passionnante, en son sein j’ai appris à jouer un peu de sa mélodie, les yeux bouche bée… Moi qui suis née le 10 février 1982 à 17H10 sans cheveux, moche d’après ma mère, je ne connais pas l’avis de mon père qui bien avant que je puisse comprendre le monde qui m’entourait me berça dans la nudité des femmes pleine de grâce, et aussi loin que ma mémoire s’en souvienne, à quatre ans je commençais déjà à éprouver une certaine innocence infantile devant la beauté télévisuelle d’une femme nue… puis les trois suisses et canal+ viendront parfaire mon éducation romantique avec l’idée que la fellation est aussi divine qu’une levrette au clair de lune le soleil levant… mais avant j’y mettrai bien une main dans le froc pour chatouiller ce qui s’y désire…



Vous m’imaginez obsédé, dépourvu de sensibilité poétique, perdu dans la vulgarité d’un langage cru, sans note romantique et pourtant, si je remonte le cours de mon passé en défiant le temps qui ne fuit que dans un sens, je peux enfin glisser un doigt sur cette furieuse excitation dans le « des seins » d’obtenir des réponses aux questions existentielles qui m’obsèdent… J’aurais très bien pu comme un bon fils moutonné m’en tenir à cette éducation religieuse qui m’a illusionné toutes ces années, passer mon temps à vénérer ce vieil homme planqué quelques part dans l’immensité de l’univers ignorant l’affligeante bêtise qui orchestre la vie sur terre et cette triste fatalité qui succombe à tout homme et qui finira par décimer l’humanité si on continue à ignorer le chaos qui régit notre déchéance…



Ainsi soit-il et pour les siècles des siècles…





Pourtant j’ai fait le choix inverse de croire que tout cela était beaucoup plus compliqué que deux êtres un peu timides résistant à leur instinct lubrique, punis pour avoir succombés au plaisir démoniaque d’un bon mélange de fluide universelle… donc tu fais comme tu peux, avec ta naïveté, et le peu de moyen intellectuel dont tu disposes, et tu avances à ton rythme, de connaissance en connaissance, et au fur et à mesure, tu apprends à écouter, à regarder, puis tu te passionnes et des questions remplacent d’autres questions…



Mais pourquoi la femme est-elle si mélodieuse ?



Commençons par le commencement, un Big bang, c’est tout minus et chaud bouillant, puis l’univers prépare son ascension magique en prenant son temps à l’échelle humaine et il se passe des tas de choses incroyables de la matière à l’antimatière, l’apparition des quatre forces : nucléaires forte, nucléaire fiable l’électromagnétisme, la force gravitationnelle… c’est l’ordre des choses qui engendre le désordre cosmique, du noir à la lumière, de galaxie en galaxie, d’étoiles en étoiles, de supernova en trous noirs, l’univers connait-il une limite ? lui qui construit son histoire dans le passé nous envoyant depuis la nuit des temps les lumières du commencement…



Et puis la physique quantique couplée avec la relativité complète l’ensemble de la partition, l’infiniment petit avec les quarks, neutrons, protons, neutrino, puis le mélange des genres, ça prend du temps, le hasard se prend pour Dieu : l’horloger de la complexité dit le grand architecte... et l’expansion se poursuit lentement, le refroidissement est continue, la matière invisible se planque…et les chiffres me font tournés la tête, les milliards deviennent d’une banalité sans compréhension, la purée du commencement dans ses détails m’échappe et me passionne dans les grandes lignes, mon fanatisme pour l’astrophysique s’arrête à la vulgarisation de masse et les détails m’ennuient…



Rappelez-vous Je suis le cul dans le canapé, Les yeux bouche bée devant l’incroyable, des ailes de curiosité me poussent dans le dos, le soleil du savoir qui éclaire l’immensité de mon ignorance m’attire, alors je prends mon envol et je me dirige vers l’infini de l’univers, mais il y a cette fenêtre dans mon salon, juste entrouverte laissant un léger courant de savoir qui m’excite, mais je me cogne sur le vitrage encore et encore, j’aspire à comprendre la mélodie entrainante, alors que je reste emprisonné dans les frontières de mon abyssale ignorance, bien sur que je pourrais tuer la mouche qui vit en moi, et ouvrir cette fenêtre en grand, mais ma patience n’est pas éternelle, donc je succombe à la facilité d’une ébauche vulgaire, que je nomme sans prétention, et il me faudrait pour persévérer dans les détails, si tenté que j’en sois capable, pour jouir d’une compréhension absolue, une bonne âme faite de féminité et de lubricité empoignant la luxure avec gourmandise et curiosité, me dessinant l’univers dans ces détails, enrichissant les visuels qu’il me manque pour cerner tout le potentiel qui m’échappe pas l’écrit, j’aime regarder, alors si à chaque explication cette âme charitable faisait glisser un bout d’envie lubrique laissant entrevoir sa chair à mon gout, je suis sur que ma motivation intellectuelle s’en trouverait transcendée et ma langue deviendrait pendante de perversité…



A plus les copains…

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Le Cosmos et le Lotus

Le choix d'un livre tient à peu de chose : une couverture, un titre, le hasard. Ici, c'est un peu le mélange des trois. J'avoue avoir eu envie de me plonger dans les étoiles de la couverture et le titre m'intriguait. Mais j'avais peur de me lancer dans un ouvrage scientifique, même de vulgarisation. Je suis allergique aux sciences dites dures et aux chiffres en particulier. Quant au bouddhisme, je n'y connais rien. La curiosité a été plus forte que la raison et je ne le regrette pas !





L'auteur nous entraine de l'infiniment petit avec l'exploration des atomes jusqu'à m'infiniment grand à la poursuite des galaxies. Parfois, je me suis perdue dans les explications. Mais heureusement pour moi, il incorpore l'histoire de sa vie et l'Histoire avec un grand H : son enfance au Vietnam pendant la guerre, l'invasion communiste, un discours du Général de Gaule qui l'empêcha de poursuivre ses études en France. Son départ pour les États Unis et l'évolution de la société dans les années 60. Tout y passe. Plutôt qu'un livre de vulgarisation, qu'il défend comme étant un devoir du scientifique, je vois plus un livre de notes : aux découvertes scientifiques des 40 dernières années se mêlent des impressions personnelles. Les Lettres tiennent une place importante dans sa famille. Est ce pour cela que l'écriture paraît si fluide ? Quoiqu'il en soit, c'est un plaisir de le lire, d'y trouver des références poétiques.





Le livre est divisé en trois parties : sa formation, son métier, sa foi. Cette troisième partie m'inquiétait : j'ai un peu de mal à faire l'amalgame entre religion et science. Mais il s'en sort bien. Je ne suis pas toujours d'accord avec lui toutefois sa façon de présenter la religion comme une recherche personnelle, sans jugement, tout en essayant de concilier les textes bouddhistes et les découvertes scientifiques, m'a touché. Il est souvent fait référence au Tout, ce qui doit beaucoup parler à un explorateur des galaxies. Philosophie ou religion ? Il parait clairement que pour Trinh Xuen Thuan, le bouddhisme est une religion. Une religion qui s'accompagne de rites et textes sacrés. Le scientifique s'interroge alors sur la place du spirituel dans le monde de la recherche. Sa rencontre avec un autre scientifique mais aussi moine bouddhiste (Matthieu Ricard), l'aidera à voir plus clair et à répondre à certaines questions. Arrivé à la fin du livre, c'est moi qui suis en demande de réponses, aussi bien en ce qui concerne le cosmos…. que le lotus ! Pour ce qui est de la recherche scientifique, je suivrai avec un peu plus d'attention les articles qui passent discrètement dans les journaux. Quant au bouddhisme, j'aimerais approfondir un peu ce qu'explique Trinh Xuen Thuan et faire ma propre opinion.

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Désir d'infini : Des chiffres, des univers et..

Ouf, enfin fini, ai-je envie d'écrire. Car la lecture a été pour moi fort ardue et j'ai dû m'y reprendre à trois fois avant d'avoir le temps et le courage de rouvrir le livre et d'en arriver au terme.



Pourtant, la faute ne réside pas chez l'auteur, qui fait tout son possible pour vulgariser au mieux ces notions mathématiques, astronomiques et physiques de l'infini. Dès que je pouvais me concentrer suffisamment - car on est loin de la concentration nécessaire à un roman fût-il ardu -, le propos est tout à fait passionnant. Et effrayant aussi. Nous ne sommes véritablement pas grand chose.



Je recommande donc chaudement ce livre, même aux littéraires qui, comme moi, ont oublié leurs bases de mathématiques apprises il y a trop longtemps, car l'on découvre les merveilles des découvertes physiques, jusqu'au boson, avec une analyse critique de l'auteur qui plante sans hésitation une limite entre science et spéculations métaphysiques.
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La mélodie secrète

L’auteur l’a appelé La Mélodie secrète, sous-titré Et l’homme créa l’univers, mais il aurait pu attribuer à son ouvrage le même titre que celui de Marco Polo : Le Devisement du monde, sous-titré Le Livre des merveilles. A l’instar du célèbre voyageur italien, Trinh Xuan Thuan nous décrit le monde, mais sous l’angle de la matière cette fois-ci, et dans ses infiniment grandes et petites dimensions. Et l’émerveillement nous saisit, tout autant que l’incompréhension et l’incrédulité ! Un monde à peine croyable, en effet, mais dûment estampillé du sceau de la science, où la matière surgit du vide. Où « l’infiniment petit va accoucher de l’infiniment grand, (où) l’univers tout entier va jaillir de presque rien », où la matière triomphe de l’antimatière. Et où les particules fantômes des trous noirs violent les lois de la force électromagnétique et se transforment en lumière !



C’est sûrement l’un des acquis majeurs du XXe siècle que d’avoir offert à l’humanité un récit scientifique complet de l’univers, de ses origines à nos jours. Trinh Xuan Thuan nous le retrace ici avec un grand talent pédagogique, beaucoup de clarté, et des accents flirtant parfois avec la poésie. Du Big Bang jusqu’à l’apparition de la vie sur Terre, les grandes étapes de l’expansion de l’univers se déroulent sous nos yeux ébahis et l’auteur ne cache pas non plus les grands mystères encore nombreux que les scientifiques n’ont pas résolus. La recherche ne fait que commencer et elle se poursuit avec des outils toujours plus performants (radiotélescopes, satellites, accélérateurs de particules, etc.). L’auteur n’en reste pas là et nous explique aussi les futurs prévisibles de notre univers, selon les hypothèses liées à sa densité de matière. A priori, l’univers serait ouvert et son expansion se poursuivrait à l’infini, dans un froid toujours plus effroyable. L’option contraire d’un univers fermé promet à nos très lointains descendants les affres d’un four crématoire.



Par un paradoxe plus apparent que réel, le discours scientifique introduit par la théorie du Big Bang ainsi que l’étude des origines de la vie replacent face à face les théologiens et les hommes de science. Ces derniers sont incapables d’expliquer l’instant 0, leur récit débute à partir du mur de Planck, à 10 puissance moins 43 seconde après le Big Bang, c’est-à-dire un zéro suivi de 42 zéros après la virgule avant le 1er chiffre non nul, ce qui constitue pourtant un intervalle de temps inimaginablement court ! Les origines de la vie, en particulier les mécanismes pouvant expliquer l’évolution entre les premiers acides aminés et les hélices enchevêtrées de l’ADN, restent aussi énigmatiques.



Les cieux proclament tes merveilles, Seigneur / Hasard / Grand Architecte / Principe Créateur / Autre : cochez la case correspondant à votre situation actuelle... C’est le second grand mérite de ce livre que de faire le lien entre physique et métaphysique : le Big Bang est-il l’œuvre de / d’un Dieu ? Sommes-nous là par hasard ou existe-t-il un principe anthropique, développé par l’astronome anglais Brandon Carter en 1974 et selon lequel l’univers a été réglé très précisément pour l’émergence de la vie et de la conscience ? Pour Trinh Xuan Thuan, Dieu n’est plus nécessaire : en vertu du flou quantique, « l’univers n’a plus besoin d’une cause première. Il apparaît par la grâce d’une fluctuation quantique ». Mais l’auteur (qui est bouddhiste) affirme par ailleurs sa croyance en un « être suprême » (cf. p. 309). Le hasard implique non-sens et désespoir, c’est pourquoi il préfère parier sur le sens et l’espérance portés par le principe anthropique. Il considère aussi qu’il serait fort surprenant que la vie n’existât pas ailleurs dans l’espace, eu égard au nombre astronomique d’étoiles et de galaxies qui peuplent cet univers homogène et isotrope. Conséquence logique, en effet, si le moteur universel est anthropique et si l’univers immense est identique en tout lieu …



En définitive, Trinh Xuan Thuan nous invite à écouter les autres « mélodies secrètes » de la nature, concurrentes de celle du Big Bang, pour mettre à l’épreuve ce schéma dominant. Ce badaboum primordial au parfum de mythe conserve à ce jour toute son élégance esthétique, toute sa force de démonstration et toute sa pertinence scientifique. Mais l’auteur ne doute pas que d’autres mélodies se feront entendre : « Après l’univers du Big Bang, l’homme continuera à en créer d’autres, qui se rapprocheront toujours plus de l’Univers sans jamais l’atteindre, et qui illumineront et magnifieront son existence. »



Alors, c’est décidé : quand je serai petit, je travaillerai bien à l’école pour devenir astrophysicien et comprendre à mon tour ces mécanismes fascinants. C’est n’importe quoi, vous entends-je ricaner : la flèche du temps est unidirectionnelle, cela ne se peut. Je ne pourrai jamais devenir astrophysicien. Mais le flou quantique autorise justement toutes les audaces et espérances: la Lune ne pourrait-elle pas un jour nous lâcher et aller orbiter autour de Jupiter (cf. chap. IV) ? Tout est possible si on attend, prétend Trinh Xuan Thuan. C’est juste l’attente, qui risque d’être très, très, très longue… Qu’importe.

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Le Chaos et l'Harmonie : La fabrication du réel

Très bon livre de vulgarisation sur la physique et les lois dites naturelles qui régissent le cosmos et notre monde. Ce livre contribue à ouvrir notre esprit sur des perspectives plus globales et à voir chaque chose comme faisant partie d'un grand tout.

Balayer le temps nous plonge d'en une histoire des sciences passionnante à la découverte des grands chercheurs et de leurs fulgurantes théories révolutionnant pour toujours notre vie. On pourra regretter à terme que la pensée grecque, reprise à sa sauce par l'église catholique, aie tant conditionnée notre mode de pensée alors que Descartes affirmerait bien plus tard que les êtres vivants, sur cette Terre, étaient au service de l'Homme. Cela dit, sans l'école grecque il n'y aurait pas eu une telle propagation de la science.

Les principes d'autoorganisation et d'émergence, eux,sont trop rapidement abordés et la définition d'une vision holistique de l'univers reste brumeuse (peut être que mon niveau de compréhension n'a pas su se hisser jusque là).

Lorsque l'auteur s'attaque à la partie biologie qui est la conséquence directe de l'application des lois naturelles sur notre planète cela devient plus vague, un poil moins rigoureux. On reste en fait très largement à la surface des choses. C'est la partie la moins solide du livre.

Dans l'ensemble le livre est très agréable à lire et le glossaire permettra aux néophytes de combler leurs lacunes au niveau du vocabulaire employé (j'ai eu à faire quelques aller-retour pour certains termes obscures).
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L'Infini dans la paume de la main : Du big-..

Si l'on peut admettre relativement aisément que des loi similaires règlent l'infiniment petit et l'infiniment grand, que ces deux mondes ne sont qu'un et se ressemblent plus qu'ils ne se différencient, j'ai été autrement surpris par les concordances dans les conclusions entre approche scientifique et pure méditation. Evidemment nous sommes tous à la fois composés d'atomes, de particules élémentaires et de poussières d'étoiles, mais delà à imaginer que sans aucun support scientifique, sans vérification d'expérience, sans ordinateurs par la seule force de l'esprit grâce à la méditation il soit possible de découvrir le big-bang je suis abasourdi.

Un magnifique dialogue entre deux grands esprits, beaucoup de respect mutuel, un même émerveillement vis-à-vis de la beauté du monde. A lire aussi pour combattre l'effet de certains obscurantismes par la propagations d'idées et d'ondes positives.
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Désir d'infini : Des chiffres, des univers et..

Trinh Xuan Thuan est un type épatant ! Peut-on imaginer qu’un astrophysicien né au Viêt-Nam, à Hanoï, ayant fait ses études au Caltech, où il fut l’élève de Murray Gell-Mann et de Richard Feynman, (deux prix Nobel de physique, rien que ça), et à Princeton, où il fut l’élève d’Arno Penzias (encore un prix Nobel de physique, décerné pour la découverte du fond diffus cosmologique), poursuivant une carrière aux Etats-Unis, où il découvre à l'aide du télescope Hubble la plus jeune galaxie connue à ce jour, peut-on imaginer que cet écrivain vietnamo-américain publie directement en langue française, des ouvrages scientifiques de haut niveau ? Après nous avoir fait rêver à la lecture de ses précédents essais explorant les limites de l’Univers observable, pour ainsi dire à portée de télescope, il décide d’aller cette fois encore plus loin et nous convie à une très complète réflexion sur « l’infini ».



Pour aborder l’infini, Trinh Xuan Thuan décide d’élargir un chouia le périmètre de son champ de vision (pourtant déjà bien large) et d’explorer de nouveaux territoires : il ajoute donc dans son panorama les mathématiques bien sûr et, également, les domaines artistique, philosophique et religieux, où le concept d’infini fait sens avec des approches certes différentes mais bien liées, pour revenir in fine à son domaine de prédilection : les théories physiques les plus en pointe.



Le tout nous est livré comme toujours dans un style irréprochable, avec un luxe inouï de détails et d’anecdotes en tout genre. Ainsi, il évoque pêle-mêle Pascal, que l’infini effraie, le googol (10 puissance 100, à l’origine du nom de la célèbre firme de la Silicon Valley) et le googolplex (10 puissance googol), le reflet de votre nuque chez le coiffeur (répété à l’infini, si les miroirs étaient de qualité), les dessins vertigineux de Maurits Escher (cet artiste génial déjà cité par Jean-Pierre Luminet dans L’Univers chiffonné, son ouvrage qui comporte le plus de similitudes avec celui-ci), les fractales, l’intrigant hôtel Infinité imaginé par le mathématicien David Hilbert, les paradoxes de Zénon, les calculs empiriques du nombre π, le nombre d’or, les mathématiciens grecs, impossible de les citer tous, mais aussi Cantor, Descartes, Borges, Gödel, Copernic, Kepler, Newton, Einstein, Hubble, Lobatchevski, Riemann, Friedmann, Edgar Allan Poe (qui avança une théorie sur le paradoxe de la nuit noire, eh oui), le chanoine Lemaître (un religieux imaginant le big-bang), le pape Pie XII (un religieux s’enthousiasmant pour le big-bang), j’en oublie sûrement, je termine donc cette liste inachevée qui tendrait bien vers l’infini (--> ∞) par un etc. muni d’un point final bien pratique.



Parmi les théories les plus en pointe, que j’évoquai plus haut, on peut citer : la topologie cosmique (l’Univers est-il plat, courbe, fini, homogène ?), la matière noire ordinaire et exotique, l’énergie noire, les WIMPs, l’inflation, les multivers, le boson de Higgs, l’énergie du vide, le rayonnement fossile, les apports des satellites COBE, WMAP et Planck, la théorie des cordes, les dimensions enroulées suggérées par les 10 puissance 150 formes de Calabi-Yau possibles, sans oublier les univers-branes, la M-Théorie, l’hypothèse des particules super-symétriques et celle des univers parallèles holographiques… Un vrai festin de physique fondamentale premier choix réactualisée par les plus récentes études (l’univers est donc plat alors, finalement ?) et magnifiquement illustrée par un encart de 37 photographies en couleur situé au beau milieu du livre à la page 240.



Pour terminer son livre Trinh Xuan Thuan conclut, comme toujours, par un petit laïus rappelant la théorie du rasoir d’Occam pour réfuter l’hypothèse des multivers, et s’appuyant sur la précision surnaturelle du réglage des constantes fondamentales pour déboucher tout droit sur le principe anthropique. C’est son petit côté Bogdanov, mais à l’opposé du style emphatique des deux frères avides de surenchère médiatique et amateurs de raisonnements oiseux, Trinh Xuan Thuan préfère constater simplement la beauté et l’harmonie du monde, enrobe ses arguments de philosophie bouddhiste assumée, sans faire de prosélytisme, et parvient à produire ainsi un discours bien plus audible et convaincant.
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Le monde s'est-il créé tout seul ?

Dans ce livre, la question fondamentale (et conceptuellement excitante) « le monde s'est-il créé tout seul ? » n'est pas considérée sur un plan religieux. Elle a été posée à plusieurs scientifiques de très haut niveau. Ils y ont répondu en fonction de leurs compétences et accessoirement de leurs convictions. Dans leurs réponses (argumentées), ils indiquent leur position personnelle vis-à-vis du principe anthropique "fort". Rappelons que, selon ce dernier, la vie biologique et la conscience humaine auraient été présentes, en puissance, dès le début de l'Univers. Si on admet cette formulation, une force créatrice (que l'on peut nommer Dieu) doit avoir présidé à la formation du cosmos.



En fait, seul un des scientifiques interrogés considère clairement le principe anthropique "fort" comme valide: l'astrophysicien Trinh Xuan Than. Pour justifier sa position, celui-ci développe notamment des considérations qui ne sont pas nouvelles mais qui restent troublantes. Les constantes fondamentales de la Nature et les conditions initiales de l'Univers semblent avoir été très exactement "ajustées" pour satisfaire toutes les conditions nécessaires à l'apparition de la vie telle que nous la connaissons; la probabilité pour que ces conditions soient réunies est moins qu'infime, donc ce n'est pas un hasard.

S'exprimant à sa suite, I. Prigogine prend le contrepied de l'astrophysicien en considérant les "structures dissipatives". Dans ces systèmes, loin de l'équilibre thermodynamique, la dissipation de l'énergie et de la matière peut devenir spontanément une source d'ordre. Ces phénomènes sont rares en physique, mais I. Prigogine cite un exemple trivial: les "courants de Bénard", apparaissant dans l'eau d'une casserole (chauffée par-dessous et refroidie par-dessus) correspondant à une convection macroscopique a priori hautement improbable. Les "structures dissipatives" sont beaucoup plus fréquentes dans les systèmes vivants (hors équilibre). La création est pour lui un phénomène fluctuant, probabiliste, irréversible, présentant des bifurcations; le principe anthropique "fort" n'est donc pas pertinent, selon lui.

J.-M. Pelt est un scientifique qui a la particularité d'être chrétien; mais il distingue très bien les domaines de la science et de la spiritualité. Ainsi, il se déclare hostile au principe anthropique "fort" et aux divers courants créationnistes. J. de Rosnay, lui, rejoint grosso modo les positions de Prigogine, en insistant sur la notion d'auto-organisation. H. Atlan, autre contempteur du principe anthropique "fort", explique qu'aucune différence fondamentale n'existe entre l'inanimé et l'animé (celui-ci présente seulement un degré d'organisation supérieur). A. Jacquart, pour sa part, nie qu'on puisse raisonner sur l'instant zéro (il est situé hors du temps, car il n'y a pas de... "avant"); cet instant est d'ailleurs rejeté à moins l'infini si l'on utilise une échelle logarithmique.



Ainsi, ces scientifiques ont des positions assez différentes sur la question posée initialement. Justifiant leurs réponses dans le cadre de leurs études personnelles,les personnes interviewées s'éloignent parfois du coeur du sujet soulevé. Malgré tout, le livre m'a semblé vraiment intéressant. Force est de reconnaitre que les avancées assez récentes sur des "structures dissipatives" et sur l'auto-organisation mettent en difficulté les tenants du principe anthropique "fort".

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Le monde s'est-il créé tout seul ?

Une série d'entretiens avec des d'éminents scientifiques. La vision de la création de l'univers set surtout de "l'avant", est très différente selon les sensibilités de chacun. Certitudes pour les uns, comme Jacquard par exemple, où interrogations et doutes pour d'autres, Thuan , Pelt. Partant du principe anthropique fort Thuan lance le débat...Le monde s'est il crée tout seul, où une main invisible lui a-t-il rendue la tâche plus facile? Que l'on soit convaincu d'une théorie ou d'une autre, la question ne manquera pas d'agiter les consciences e de pousser les réflexions et recherches pendant encore de très nombreuses années... Passionnant !!!
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Le Cosmos et le Lotus

Cet essai est le livre idéal pour faire la connaissance de Trinh Xuan Thuan, en tant qu’individu, car il nous livre ici un beau et émouvant récit sur sa vie privée et sur sa carrière d’astrophysicien, et en tant qu’auteur, car Le cosmos et le lotus nous donne un bon aperçu de ses convictions et de son style d’écriture, simple et efficace mais véhiculant des idées d’une grande profondeur.



Disons-le tout net, je partais avec un a priori plutôt mitigé connaissant les idées bien arrêtées de Trinh Xuan Thuan sur le principe anthropique, credo clairement revendiqué et développé dans la totalité de ses livres. Mettre en avant le principe anthropique, mettre en perspective la science selon quelques idées héritées du confucianisme ou du bouddhisme, tout cela me semblait bien cadrer avec le personnage, mais aussi s’écarter un tant soit peu de la rigueur attendue de toute démarche scientifique. Or, après cette lecture véritablement enthousiasmante, et je pèse mes mots, comment ne pas réviser quelque peu son jugement ?



Cet essai est organisé en trois parties, sobrement intitulées : ce que je suis, ce que je cherche, ce que je crois.



Dans la première partie, l’auteur dévoile sans fausse pudeur son parcours, qui commence à Hanoi en 1948. Bon élève, élevé dans une culture francophile, fervent amateur de romans policiers, dont il compare les enquêtes policières à la recherche de la vérité scientifique, un avenir radieux semble être tout tracé. Puis il subit les soubresauts de l’histoire : le discours de Phnom Penh du général de Gaulle entraîne la fermeture des frontières entre le Vietnam et la France. Conséquence directe : Trinh Xuan Thuan n’ira pas faire ses classes préparatoires à Louis-le-Grand, où il est admis, mais fera ses études supérieures et toute sa carrière aux Etats-Unis. Bien que parlant mal l’anglais, son dossier lui ouvre les portes des plus prestigieuses universités américaines : le MIT à Boston, le Caltech à Pasadena et l’université de Princeton. Il choisira le campus de Caltech pour son climat, rencontrera des professeurs aussi mythiques que Richard Feynman et Murray Gell-Mann, on peut faire pire, et ce n’est là que le début... Son parcours se lit avec intérêt et émerveillement, et on retiendra une grande modestie dans la façon de raconter une carrière à la fois fascinante et exemplaire.



La seconde partie ouvre un chapitre épistémologique. Trinh Xuan Thuan s’interroge sur l’immuabilité des lois de la nature, s’extasie devant la beauté du monde et réfléchit sur le processus de création scientifique. Il relance le vieux débat sur le déterminisme et le libre arbitre, ce dernier réapparait grâce au flou quantique et à la théorie du chaos.



La troisième partie s’annonce plus délicate. On quitte l’autobiographie et l’épistémologie pour un nouveau débat qui relève des croyances et des convictions philosophiques, voire l’interprétation religieuse (si on considère le bouddhisme comme une religion). Le lecteur, qui peut ne pas partager les mêmes convictions, est-il sommé d’adhérer aux thèses bouddhistes ou croire au principe anthropique (les deux n’étant d’ailleurs pas forcément compatibles) ? Trinh Xuan Thuan est bien plus malin que cela. D’une part, le discours scientifique se poursuit, à un très bon niveau : paradoxe EPR, pendule de Foucault, Big bang… D’autre part, loin de faire du prosélytisme, Trinh Xuan Thuan ne fait qu’analyser et rapprocher les enseignements ancestraux du bouddhisme et les concepts hérités de la science moderne. Il compare et trouve des convergences : l’interdépendance des phénomènes dans le bouddhisme et la non-séparabilité en physique quantique, la vacuité et le principe d’incertitude, l’impermanence et la virtualité des particules... Ces rapprochements restent un pur exercice intellectuel, et non une tentative d’annexer l’une des disciplines par l’autre. Au contraire, Trinh Xuan Thuan met en avant leur utilité respective et leur complémentarité. Et le résultat est surprenant ! Paradoxalement, la seule divergence constatée réside dans la nécessité du principe anthropique, que le bouddhisme réfute, et que la science, selon lui, impose, sinon suggère fortement.



Il apparaît également, nous dit Trinh Xuan Thuan, que les questions éthique, morale et spirituelle sont exclues du champ de la science (qui d’ailleurs ne prétend pas les intégrer) mais restent nécessaires pour donner du sens à nos décisions et à nos comportements. Si la science permet de faire progresser la connaissance et la compréhension technique du monde, en l’absence d’un référentiel de valeurs éthiques ou morales, elle reste impuissante à définir la notion de progrès pour l’humanité.



Contrairement et aux frères Bogdanov et à Stephen Hawking, Trinh Xuan Thuan ne postule pas l’existence ou l’inexistence d’un principe créateur au nom de la science. Il explore la réalité du monde par plusieurs moyens et compare les différents outils mis à sa disposition. Puis il donne son avis mais ne l’impose pas, laissant au lecteur le choix de ses convictions, et c’est bien ce qui fait toute la différence.

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Le monde s'est-il créé tout seul ?

Un sujet passionnant, qui est bien brièvement abordé par les six intervenants de ce livre.

Ces entretiens sont cependant fort intéressants, et l'occasion de s'orienter pour qui désire poursuivre avec des ouvrages plus complexes.
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L'Infini dans la paume de la main : Du big-..

La science et la spiritualité adressent fondamentalement les mêmes questions: "Qui sommes nous?", "D'où venons nous?". On se rend compte de plus en plus que la science arrive aux mêmes conclusions que les intuitions et réalisation spirituelles découvertes notamment dans le bouddhisme. Les concepts d'impermanence, d'interdépendance, de vacuité sont communs aux deux disciplines. Le dialogue philosophique passionnant entre Matthieu Ricard et Trinh Xuan Thuan nous en apprend beaucoup et nous donne envie de pousser la réflexion encore plus loin.

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L'Infini dans la paume de la main : Du big-..

Un livre sous forme de dialogue entre Matthieu Ricard le bouddhiste et Trinh Xuan Thuan l'astrophysicien. Ce livre est passionnant car il aborde fondamentalement les problèmes existentiels essentiels, qu'est-ce que le réel? qu'est ce que la réalité scientifique? Existe t-il un sens dans l'univers ?

Certes, a priori, ces questions n'ont rien d'innovantes et il pourrait même sembler iconoclaste au XXI siècle d'associer dans ces réflexions, science, philosophie voire religion, alors que depuis le siècle des lumières l'affaire semblait entendue.

Or, au fil de ces échanges la réflexion du lecteur candide est confrontée à un argumentaire méthodique par lequel il apparait que les travaux scientifiques les plus récents indiquent que les fondations à partir desquelles la recherche scientifique occidentale travaille sont pour le moins sujets à caution. En premier lieu, le réductionnisme qui consiste à privilégier l'analyse du comportement de l'univers à partir de particules de base est discutable d'une part par l'interactivité dans laquelle sont insérées ces particules (il n'existe pas d'objet isolé) et d'autre part parce que les systèmes physiques, au delà d'un certain seuil, ne sont pas linéaires. Les limites de la science tiennent en particulier à l'impossibilité de connaitre toutes les conditions initiales d'un système non linéaire. Il n'existe pas de déterminisme et la théorie du chaos doit être privilégiée. Chaos ne signifie pas absence d'ordre mais impossibilité quant aux prédictions.

En second lieu, les deux dialoguistes rappellent que la recherche scientifique est solidaire de certains a priori idéologiques voire métaphysiques.

Il s'agit naturellement de raccourcis et le livre aborde bien d'autres questions. Certains passages sont un peu difficiles pour le lecteur qui comme moi n'a pas une culture scientifique académique, mais l'intérêt de ce livre est que les propos ne sont pas linéaires d'un chapitre à l'autre voire à l'intérieur d'un même chapitre et que l'on peut "sécher" ponctuellement sur un passage sans perdre le fil de la lecture irrémédiablement.

Un livre à lire sans hésiter non pas pour avoir des réponses mais pour stimuler puissamment la réflexion .

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