Je suivais cette femme
Je suivais cette femme tous les soirs dans la nuit sans la connaître ni l’aimer. La ville était comme enneigée. J’avais presque perdu l’usage des mots. En moi j’appelais l’hiver. Je m’étais attaché à elle comme à un mystère. Elle sortait d’un immeuble, marchait sur les trottoirs déserts et disparaissait dans une cour intérieure assombrie. Elle ne me remarquait pas, serrait son sac contre son manteau. Elle marchait vite. Les rares vitrines ne l’arrêtaient pas. La ville avait changé de visage. Je marchais des heures, d’autres heures, au hasard. J’espérais et j’avais peur de la rencontrer. Elle aurait levé les yeux vers moi et son regard m’aurait effacé. Elle était ponctuelle, je la suivais comme une ombre.