Ajin est un seinen prépublié depuis 2013 au Japon dans le magazine Good ! Afternoon de Kodansha, avec 15 tomes parus au format relié dans son pays d’origine contre 14 en France pour le moment. La série est auréolée d’une très beau succès, que ce soit au Japon ou chez nous, et a eu droit à une adaptation sur Netflix. Il s’agit d’un seinen orienté action et surtout horreur, avec des séquences très violentes qui demandent parfois d’avoir le cœur bien accroché. Mais de quoi ça parle ?
L’histoire se passe au Japon, alors que des êtres nommés Ajin ont été découvert. Il s’agit de gens comme vous et moi, qui ont la particularité d’être immortels et d’être reliés à des créatures fantômatiques, dont on ignore pour le moment la teneur. Le problème est que n’importe qui peut être un Ajin sans même le savoir, puisqu’il n’y a que lorsque l’on meurt (et que l’on ressuscite) que l’on en prend conscience. C’est le cas du jeune lycéen Kei Nagai, qui se fait renverser par un camion et meurt sur le coup, avant de revenir à la vie aussitôt. Notre jeune héros va tout de suite fuir et chercher aide auprès de son ami Kaito, qui n’a pas peur de lui et va au contraire chercher à le protéger.
Un postulat de base assez classique, mais très efficace, qui n’est pas sans rappeler Akira avec le personnage adolescent qui se découvre une aptitude surhumaine. Sauf que là où Tetsuo par en vrille tout de suite, Kei semble dans ces premiers tomes vouloir rester quelqu’un de bon, au point d’endurer un certain nombre de choses.
Le premier point qui m’a frappé, c’est que malgré le fait que ce soit un seinen, avec une histoire dure et une forte violence, le trait a un gros côté shonen, avec des personnages aux visages arrondis et doux. Le graphisme est d’ailleurs globalement très très beau, voire magnifique, et Gamon Sakurai fait un très beau travail de mise en scène, avec des idées de découpage que je trouve vraiment excellentes, notamment dans l’action. De ce fait, le titre se trouve déjà une forte identité grâce au visuel et ce dès ces deux premiers tomes, parfaitement aboutis sur ce point. Et pour terminer concernant le visuel, le récit étant sombre et violent, il fallait trouver une façon de représenter cette violence qui passe bien. Je ne vais pas trop en dire, mais dès le tome 2 il y a des séquences de torture, et Sakurai a réussi à être suffisamment suggestif pour rendre ces moments très difficiles émotionnellement, sans les traiter vraiment frontalement, et tant mieux en ce qui me concerne car j’aurai peut-être vraiment tourné de l’œil. Quoi qu’il en soit, on est prévenu d’emblée, le récit va être dur et il faudra avoir les nerfs solides !
Et toute cette esthétique est au service d’une écriture au top dans ces premiers tomes. On commence par un récit de fuite pour Kei et Kaito, avant de découvrir les deux autres Ajin japonais, qui font basculer un peu l’histoire vers autre chose. Ces deux personnages, qui semblent être des antagonistes sont parfaitement écrits, très mystérieux mais dégageant déjà une aura très forte. On comprend qu’ils ont un objectif et des plans pour les atteindre, mais on reste en surface pour le moment, nul doute qu’on nous en donnera plus par la suite. De même, d’autres personnages sont mis en avant et viennent enrichir le récit et les enjeux, nous permettant de comprendre que les gouvernements veulent en apprendre davantage sur les Ajin et les étudier (pour les exploiter ? Peut-être mais rien ne permet de l’affirmer pour l’instant).
Car les Ajin sont bien logiquement le cœur de tout ceci. On en sait pour le moment très peu sur eux. J’ai déjà parlé de l’esprit fantômatique qui apparaît, mais à ce stade, c’est compliqué de savoir réellement ce dont il est question. J’ai l’impression qu’il s’agit d’une forme d’extension des personnages qui a un certain degré d’autonomie tout en restant sous leur contrôle, mais franchement, c’est encore très nébuleux pour le moment. Ce qui est finalement très bien car cela contribue à poser des questions auxquelles on souhaite des réponses, tout en donnant un os suffisamment gros à ronger.
Ainsi, c’est sûrement ce qui caractérise le plus ces deux premiers tomes pour moi : l’auteur met brillamment en place un univers et des personnages en donnant pour le moment assez peu d’éléments. L’heure est plutôt aux questions, qui trouveront des réponses en temps voulu, je n’en doute pas. Et cette écriture très maîtrisée alliée au trait impeccable de Sakurai et à son sens du découpage et son traitement de la violence font que j’ai été totalement conquis par ces deux premiers tomes. De ce fait, continuer cette série est désormais dans mes priorités !
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