Ulysse Caan

Ce blitzkrieg suicidaire s'est écroulé pour la première fois ce soir, lorsque j'ai compris qu’en profitant de mon absence pour quelques heures - j'avais décidé de lui laisser un peu de repos et m'étais forcé à me rendre à un obscur cocktail - Maud avait immédiatement envoyé à son amant un message via Skype qu'elle avait ponctué d'un dévastateur « tu me manques ».

Alors que je la presse de questions et m'efforce de lui faire enfin admettre qu'elle ne m'aime plus (après tant de trahisons), ou que tout est fini (pour de bon), ou qu'elle me quitte (définitivement), en somme à donner du sens à ce cauchemar, chacun des coups de poing qui devraient ponctuer ses hésitations, ses demi-mensonges ou ses silences terrorisés atterrit sur mon visage plutôt que sur le sien : l'automutilation et l'auto-tabassage comme seules réponses à ma propre colère, comme seuls moyens de la protéger, elle et son visage si pur, de la violence de l'univers.