Sankai Juku performance à Paris
aller se placer en face de la rivière.... Qu'y voit-on ? Une eau dense et massive qui s'écoule, sans cesse changeante. Et comme pour répondre à cette densité, l'air, pourtant plus subtil, et invisible de surcroît, n'est lui-même plus que flux, sans cesse changeant. Placez-vous devant les turbulences de ces éléments de densité différente, devant cette fuite de l'air et de l'eau, et cette situation de frontalité vous ramènera à la scène de théâtre telle que la découvre le spectateur depuis son siège, à cette perspective d'après laquelle il perçoit, dans leur durée, les oscillations toutes virtuelles ayant court sur le plateau. .. Entre le regardant et le regardé, quelque chose doit advenir, vers quoi tend le corps dans son dialogue avec la gravité :et c'est parce qu'il n'affronte là qu'une absence, que le corps est là, comme ce qui rend présent le monde
Immobilité et mouvement, absence ou présence du son, ténèbres et lumières ; incessantes variations, perpétuelles oscillations du temps et de l'espace que l'on reçoit dans la frontalité. Entre les deux côtés, entre le regardant et le regardé, quelque chose doit advenir, vers quoi tend le corps dans son dialogue avec la gravité ; et c'est parce qu'il n'affronte là qu'une absence, que le corps est là, comme ce qui rend présent le monde.
Je suis là, en tant qu'individu, parce que j'ai des parents, qui ont eux aussi des parents, et, de proche en proche, j'arrive à cette idée que je suis né après avoir refait, dans le ventre de ma mère, une aventure de plusieurs centaines de millions d'années
Je suis debout dans la lande, un train passe dans le lointain. Il file, non pas en ligne droite, mais en décrivant une large courbe. Je le suis des yeux, mon corps lui-même suit sa progression, mais son mouvement est infime en comparaison avec la course très rapide du train.
Je m'inspire de cette situation pour réaliser une giration complète. En un point central, se tient un homme ; à partir de ses tempes, je trace une ligne horizontale imaginaire, dont les deux extrémités, de part et d'autre de lui, à distance égale du centre, sont tenues par deux autres hommes, l'un de face, l'autre de dos. Sans rompre l'horizontalité de la ligne, ces deux hommes évoluent en suivant le mouvement de rotation sur lui-même du premier..
" Elle est retrouvée.
Quoi? L'Eternité.
C'est la mer allée
Avec le Soleil. "
Arthur Rimbaud, l'Eternité, mai 1872.
[...], mais le fait de "penser" avec sa tête entrave les mouvements du corps et leur fait perdre ce qu'ils ont de naturel. C'est pourquoi il faut faire en sorte de rester le plus inconscient possible sur scène.
La douleur physique ou le corps lui-même ne peuvent être partagés entre plusieurs, mais l'esprit, lui, peut entrer en résonance, "vibrer avec", jeter des ponts. De la même façon que
art et âme résonnent et vibrent autour les mots de cette voyelle a que toutes les langues du monde ont en commun.