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Citations de Valère-Marie Marchand (17)


D'une écriture légère, bleu clair, il note les premières phrases de "L'écume des jours". Il aligne ces mots qui semblent dictés par un autre.
Il écoute sa voix.
Il scande sa jeunesse, au rythme du jazz. Il laisse sa vie s'écrire dans une écume d'encre.
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À jouer ainsi d'un soir sur l'autre, il en néglige son cœur qui bat la chamade, il en omet la prescription des médecins. Bien évidemment, il ne laisse rien paraître de sa fatigue. Indifférent à tout, il s'enivre de jazz. Il substitue à son souffle défaillant un mur de son qui le met peut-être à l'abri des bruits du dehors. Oui, grâce au jazz, il met son mal en sourdine, il résiste à cette foule qui l'encercle et le bouscule. Il se contente d'être là.

p.131
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En musique comme en littérature, il joue de sa vélocité pour "faire dire aux mots tout ce qu'ils ont à dire".
Jean Clouzet, Boris Vian

p.107
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Vian aime cette sensation immédiate que procure la peinture et dit souvent : "Il faudrait que l'on pût avancer dans un tableau comme dans un livre."

p.104
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La moindre trouvaille le conforte dans cette idée de vivre en bonne intelligence avec les choses. Il ne cesse de redéfinir son périmètre spatial et verbal et s'amuse des quiproquos qu'occasionnent ces objets qu'on dit inanimés et qu'il prend volontiers au mot...

p.220
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La science-fiction, que Vian définit comme un "dépaysement de la logique", lui permet en outre de concilier imaginaire et mathématique, fabulation et précision technique. "Penser aux choses auxquelles les autres ne penseront pas", tel est, en effet, le leitmotiv de ce familier de l'anamarphose et de l'analogie. Au club des savanturiers, nul besoin de se prendre au sérieux ni d'établir des hiérarchies entre cultures et savoirs. Pour Vian, c'est le moment rêvé de s'éloigner d'un milieu littéraire trop peu créatif à ses yeux...
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À vingt-six ans, Boris Vian constate ce double paradoxe. Plus on se réfère au réel, plus la fiction se précise. Et plus on libère les mots de leur registre habituel, plus on les réconcilie avec leur sens premier. À aucun moment, il ne lui viendrait à l'esprit de ne pas jouer le jeu de la fiction, de préserver ses personnages, en l’occurrence Colin et Chloé, des retombées matérielles de cette nouvelle dimension. Pas plus que la lampe d'Aladin, la pantoufle de vair de Cendrillon ou le fuseau de la Belle au bois dormant, le nénuphar de Chloé n'appartient à celui qui l'a créé. Proliférant où bon lui semble, parasitant jusqu'à l'asphyxie le corps de sa victime, cet intrus déclenche un compte à rebours qui va de la pulsion de vie à la pulsion de mort. Cette notion de course contre la montre, inhérente à toutes les futures œuvres de Vian, est aussi une course contre soi-même.

p.92
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"Chaque souffle dans ma trompette épuise ma vie", note-t-il avant d'oublier les bonnes résolutions de la veille.
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L’olivier de Saint Augustin
C’EST BIEN CONNU. LES LIVRES NAISSENT DES ARBRES…


Extrait 3

     On ne le sait pas toujours, mais le crépuscule n’est pas forcément synonyme d’adieu. Voilà pourquoi quand le ciel prend une couleur d’acier, les arbres restent sur la défensive. Leurs feuillages se frôlent à peine et leurs racines ne sont jamais au coude à coude. Cette précaution d’usage a fait ses preuves parmi les conifères et aurait favorisé l’extension d’innombrables forêts. Depuis, il est de coutume chez les arbres de ne pas gêner leurs voisins. L’arbre d’Augustin, lui, a le sommeil si profond qu’il en oublie les offrandes inhumées à ses pieds. Dès le coucher du soleil, on le voit se recroqueviller sur lui-même, ce qui, chez lui, est signe d’un recueillement intense. Au lever du jour, il se redresse et se souvient de sa verticalité première. Mais il faut attendre le milieu de l’après-midi quand le soleil est à son aphélie, pour qu’il soit plus à son aise. À ce moment-là, ses feuilles resplendissent de lumière et sa silhouette élancée retraverse le ciel. En cet instant précis, la mer semble se taire et un bruit léger se fait entendre. « Prends et lis ! » croit-il écouter au loin… Ces mots qui furent ceux d’Augustin sont à présent les siens. La journée s’annonce radieuse. À 2 900 ans passés, l’olivier de Sidi Messaoud est toujours là où il est, sur ce bloc crayeux qui donne sens à l’azur. L’instant d’après, la sève monte sans bruit. Une autre saison s’insinue en lui. L’heure est venue de se sentir en vie et de comprendre toute l’importance d’être arbre…
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Plus tard, on lui reprochera son éclectisme, sa facilité d’écriture, son humour distancié. On le dira anarchiste, évadé volontaire d’une réalité trop étroite à ses yeux. On le classera parmi les inclassables, sans savoir qu’il n’a jamais cru en une littérature réduite à sa forme imprimée. Multiple et pluridisciplinaire, marginale et singulière, son approche des mots, des sons et des choses révèle que la culture écriture n’est plus ce qu’elle était, que la narration – ou ce qu’on désigne comme telle – pourrait bien être à la veille de changements tout aussi radicaux. Par ailleurs, il aime trop écrire pour considérer tout nouveau mode d’expression, quel qu’il soit, comme un genre mineur.
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En bon ingénieur ès lettres, il vit avec une étonnante facilité la vie des mots, la vie des autres, la vie des choses. […] Bien évidemment, il modifie tout ce qui l’environne, sa bibliothèque, ses livres, ses tableaux et les statuettes qu’il sculpte à ses temps perdus. Il réussit toujours à se constituer plusieurs univers en un seul, à œuvrer de ses mains bien avant de noter quoi que ce soit, à faire corps avec l’instant présent que certains vivent si mal ou si peu…
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A Saint Germain des Prés, il passe souvent pour le bon copain, l'interlocuteur discret qui n'en demande pas plus sur la vie intime des uns ou des autres. Il est serviable, courtois et toujours de bonne composition. Il sait. se faire apprécier pour sa réelle gentillesse, son tact et sa finesse d'appréciation. Il cultive une centaine élégance, décontractée et sans affectation. A son regard, à sa façon d'aller à l'essentiel, il peut sembler venu d'ailleurs. On ne sait où et comment il gagne sa vie, où et comment il prend le temps d'écrire, mais l'on sent bien à ses yeux cernés qu' « il a toujours, comme le souligne sa première femme Michelle, une bonne raison de ne pas se coucher. »
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D'où qu'ils viennent, les mots qu'il utilise sont comme ces boîtes qu'il collectionne avec Michelle. Mots dépareillés, recyclés, restructurés, reformulés, revitalisés, réaménagés en vue d'incessantes lectures de la réalité. Mots-valises qui se connectent les uns aux autres.
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Sons et couleurs sont des mots qui s'ignorent...
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C’EST BIEN CONNU. LES LIVRES NAISSENT DES ARBRES…


Extrait 1

     C’est bien connu. Les livres naissent des arbres, mais les arbres ne disent pas tout. Voilà pourquoi les livres ne révèlent jamais le fond de leur pensée. C’est à la fois leur force et leur faiblesse. Une fois ouverts, ils ne se ferment plus et résonnent du seul bruit de la vie. Ils peuvent même laisser au lecteur le soin de conclure… Pour Augustin, toute lecture vient peut-être de là. De ce besoin effréné de silence. De ces ombres passagères ou de ce ciel bleu-gris. Un jour ou l’autre, il faussera compagnie à cet arbre, il oubliera la beauté sidérante des plages et quittera ce paysage qui n’est qu’un prétexte à rêver. Le moment venu, il n’y aura plus que le poids de son ombre et le bruit des vagues au loin.
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Dans la famille" nageurs", je demande l'aquarêveur. En piscine ou en pleine mer, cet éternel flâneur flotte au gré des circonstances. On le reconnaît à son air distrait, son maillot de bain à l’ancienne, ses sandalettes antidérapantes, sa démarche sautillante, sa cage thoracique moindrement développée, son oeil vagabond et son profond détachement pour les us et coutumes de notre planète Terre.
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L’olivier de Saint Augustin
C’EST BIEN CONNU. LES LIVRES NAISSENT DES ARBRES…


Extrait 2

     Quand ce sera fini, l’arbre se souviendra peut-être de la proximité de l’eau claire et de l’ombre des falaises. Quand ce moment viendra, son arbre redeviendra un arbre comme les autres et rejoindra son espèce première. Autant dire qu’Augustin sera là le jour J. Il est en effet l’un des rares à parler le langage des arbres et à apprécier leur feuillage silencieux. Ce sixième sens lui vient de cette terre irradiante de lumière, de ces chemins où le vent se lève. Ce vocable lui vient de son bonheur présent et des errances passées. Dans son corps, il ressent enfin les bienfaits de la maturité. Il s’écoute revivre. La mer devient houleuse. Il suspend sa respiration. L’espace lui semble vide et dans un geste irréfléchi, il se tourne vers ce souffle chargé d’embruns.
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