Je pense que ma vie n'aurait pas été aussi créative sans la lecture et les livres. C'est une source inépuisable d'idées, d'aération, de voyages intérieurs, et un moyen inouï de se relier autres et à leurs vies et créations.
Le cerveau droit est notre cerveau "artiste ", le non-verbal, l'intuitif. C'est lui qui peut s'exprimer le mieux par l'art et la créativité.
Créer c'est donner une dimension supplémentaire à la vie.
Les idées émergent souvent dans des moments de relâchement et les temps passés à ne rien faire : trajet de bus, sieste, file d'attente, promenade...il est indispensable pour un créateur d'avoir des moments "off".
Certes, la dystopie a le mérite d’alerter et elle est nécessaire en tant qu’expression culturelle, mais ces visions cauchemardesques ne nous permettent pas d’imaginer un futur vivable. Rien de bien réjouissant pour se projeter ou passer à l’action !
Il existe pourtant aussi un art positif, qui ne vire pas au cauchemar, mais il n’a pas été spécialement rendu visible dans l’art récent. Or, sa visibilité permettrait de rétablir un certain équilibre et de nous mettre un peu de baume au cœur face aux défis immenses qui nous attendent. On sait que les images négatives peuvent paralyser et décourager. Nous sommes déjà en quelque sorte plongés dans le dystopie aujourd’hui. Elle est devenue le quotidien pour un certain nombre d’habitants de la planète. Les images dystopiques abondent déjà dans le réel et dans les médias.
Pourquoi ne pas davantage exposer d’œuvres positives, sensibles et poétiques, qui nous permettraient de renouer avec l’espoir et nous donneraient l’énergie d’avancer ? Ne serait-ce pas aussi le rôle de l’art ?
Utiliser des matériaux que l’on récupère chez soi pour créer est assurément un acte écologique qui pourrait bien devenir une nouvelle norme. Certains considéreront que c’est une goutte d’eau, mais si de nombreux artistes le font, on sait que cela peut devenir un mode de vie, bien plus en phase avec l’époque de l’Anthropocène dans laquelle nous sommes déjà entrés.
Avons- nous même le choix ? Cest certainement difficile à admettre et à envisager pour beaucoup de créateurs, cela leur demande de repenser l’usage des matériaux. Mais ceux-ci sont assurément en train de devenir précieux, et même rares dans certains cas.
Dans leur façon de produire, les artistes non occidentaux font preuve d’inventivité et de bon sens quand ils sont situés dans des zones où ils n’ont presque rien à disposition pour créer. Cette frugalité, cette économie de moyens est un bel exemple pour nous, artistes et créateurs occidentaux, dans la crise climatique et sanitaire que nous traversons. Ce que l’on a longtemps considéré comme une forme de pauvreté dans des arts dits « primitifs » pourrait bien être en réalité un bon socle de réflexion pour penser l’art du XXIème siècle.
Les arts non occidentaux ont bien des leçons à nous transmettre sur le vivant, le respect de la nature, le geste artistique, sur l’humain, qui n’est pas supérieur à son environnement. L’art occidental doit repenser sa production et sa diffusion, le lien entre l’art et la planète, et certainement aussi sa vision du monde.
On peut recréer un monde artistique davantage axé sur le local et les autres, autour de chez soi. L’art et les artistes ont un véritable rôle à jouer dans le développement d’une écologie locale.
On en finirait donc avec l’artiste isolé du monde, le maudit, l’ermite et le mythe du génie supérieur aux autres qui l’accompagne. L’artiste écologiste s’intègre à ce qui l’entoure, tout en conservant un jardin secret et des moments de solitude indispensables à sa création s’il le souhaite. C’est en effet complémentaire et certainement pas antinomique. Il s’agit de décentrer le point de vue.
Je dédie ce livre à tous les lanceurs d'alerte, écologistes et personnalités qui ont œuvré, ou œuvrent, chaque jour, pour transformer le monde en un monde durable. J'ai une pensée particulière pour toutes les personnes qui ont perdu la vie ou la liberté à cause de leurs engagements écologiques et politiques dans le but de rendre le monde plus pérenne.
Je dédie ce livre à nos enfants, dans l'espoir de leur laisser une planète habitable.
Pour visualiser le monde de demain, l'artiste a un rôle lié à l'utopie et au poétique : la cabane, la ville végétale, la vie dans les bois, l'enchantement du rapport au monde, le décentrage, le respect, le soin, la réparation et l'empathie. Cela n'a rien de naïf, c'est un univers avec lequel il nous faut renouer pour retrouver nos liens avec le vivant.