Citations de Valérie Lieko (100)
Voilà, Flore, ce qui se passe lorsqu'on ne s'attaque pas immédiatement aux racines du mal. C'est ce qui arrive si on laisse les choses s'encrasser... On devient spectateur de son déclin, de sa propre mort.
Rémi l’imaginait mal en tailleur jupe, en train de décrasser des casseroles. Elle devait plutôt surfer sur le net et les réseaux sociaux, l’occupation favorite des femmes. Elle ne lui proposa ni bière, ni café, ni même un verre d’eau. Si elle voulait s’intégrer dans la région, il faudrait qu’elle comprenne vite que cela faisait partie des usages incontournables que d’offrir à boire à un visiteur. (Gwenola Kerjean)
Peut-être que tout être humain, pour être tout à fait équilibré, devait avoir des goûts populaires dans un domaine particulier. Comme ces grands philosophes qui refaisaient le monde avec leurs Socrate, Platon et compagnie, mais qui ne pouvaient pas rater un match de foot du Mundial.
Un, se lever. Deux, se laver. Trois, vite déjeuner. Quatre, des lèvres s’effleurant à peine pour se dire au revoir. Ils n’en étaient pas encore arrivés au stade « bise sur le front », mais n’en étaient plus très loin. Cinq, chacun dans sa voiture pour une course contre la montre. Six, le soir, rentrer. Sept, converser quelques instants presque par politesse, puis chacun retournait devant un écran, jusqu’au souper. Huit, se coucher, si possible, avant minuit. Parfois faire l’amour, au moins le vendredi ou le samedi. Même le sexe était devenu mécanisé, fonctionnel. Leurs journées étaient décomposées ainsi, en huit partitions monotones. (Rutger et Heike)
- As-tu déjà arrêté un ami, Jean-Marie ?
- Non, mais quand tu deviens policier, c’est difficile l’amitié. Flics, contrôleurs des impôts, psychiatres, on est un peu tous dans le même sac. On évite de vous inviter à votre domicile, par peur qu’on découvre je ne sais quoi…
La neige se faisait donc plus rare et un sentiment d’insécurité s’était installé dans le paysage condruzien, sensation inexistante vingt ans plus tôt. Deux phénomènes que les habitants mettaient sur le compte de la mondialisation, du réchauffement climatique, de l’élargissement de l’Union européenne et pour certains, de la perte de l’hégémonie du parti socialiste en Wallonie et de la fermeture des mines de charbon dans les provinces de Liège et du Hainaut…
« J’espère que les générations futures pourront un jour manger autre chose que des légumes imprégnés de pesticides ou du thon aux métaux lourds. » (Dixit Dimitri)
C’est une illusion de voter. J’y vais parce que c’est obligatoire, mais je place un bulletin blanc dans l’urne. On est gouverné de toute façon par des multinationales, la finance, les lobbys. Regarde ce qu’on subit avec le lait. On ne peut plus en vivre.
Il pensa à ces fermes usines de Hollande et d’Allemagne, robotisées à l’extrême, avec plus de mille têtes de bétail et où les vaches ne voyaient plus la lumière du jour, hiver comme été. Plus besoin de chien comme le sien pour les conduire jusqu’à la prairie.
Miles Davis, vraiment, il a créé une musique pour les flics. Quand j’entends ça, je suis dans la peau d’un détective privé, je rôde dans les rues de New York et je m’arrête dans un bar boire un whisky… (Jean-Marie)
Elle avait d’abord résumé l’intrigue et couché un premier jet, pour le prologue et les trois premiers chapitres. Elle avait modifié les noms des gens, implanté le décor dans une petite ville américaine de la côte est, près de la frontière canadienne, faisant déjà le calcul marketing que cela se vendrait mieux à l’international qu’une fiction qui se déroulait dans un village du Condroz belge. Elle avait peut-être tort. (Lydie)
La psychiatrie n’est pas une science exacte… Et la justice non plus. (Jean-Marie)
Le village endormi baignait dans un brouillard épais. La plupart des gens trouvait cela triste, angoissant. Pas lui. Au contraire de la pluie qui le rendait maussade, brume et brouillard avaient quelque chose d’insolite, de féerique et lui procuraient une mélancolie heureuse, celle qui vous lavait de l’intérieur. (Rémi)
[…] bien manger était, avec le sexe, l’un des piliers du mariage.
Après tout, elle était à la campagne, avec l’avantage indéniable que l’on pouvait sortir avec des bigoudis sur la tête, sans avoir à en rougir.
Il y a des secrets qu’il vaut mieux emporter dans sa tombe.
La Terre semblait dire au monde entier qu’il était peut-être déjà trop tard. Cela ne leur faisait pas baisser les bras. Au contraire, il fallait agir de plus belle, frapper de plus en plus fort, retrousser ses manches, affirmait-il. Il la fascinait. Cette lueur qu’il avait dans les yeux, de celle qu’ont les hommes habités par des idéaux. Mais quelque chose avait changé en lui. D’habitude très planificateur, Dimitri était devenu ces derniers temps, plus nerveux, impatient. Subissait-il trop de pression d’avoir ouvert tous ces commerces ? Bientôt, il y aurait ce magasin de meubles recyclés. N’en faisait-il pas trop ? D’autant plus que, comme il le lui avait rappelé, le jour J approchait à grands pas.
— Allez, Madame, en général on a beaucoup à raconter sur les belles-filles.
Elles sont toujours loin d’être parfaites, surtout lorsqu’elles vous piquent votre fils unique. Si vous saviez ce que ma mère a déjà déballé sur ma femme...
Il venait de faire sauter la soupape de sécurité, celle qui empêchait Kristel de s’exprimer avec franchise.
S’instruire était sa drogue douce. Une autre façon de voyager, malgré son emprisonnement à perpétuité à la ferme. Mais qui pouvait imaginer son degré d’érudition, lorsque les gens le voyaient en salopette ou en tenue d’agent de quartier. Il reprit sur un ton las : — Tu sais, la réalité dépasse souvent la fiction, continua-t-il... En Angleterre, une femme au foyer, au-dessus de tout soupçon, a été condamnée récemment pour meurtre avec préméditation. Elle avait fait boire des litres d’eau à son mari et il en est mort. Le comble, car c’était un alcoolique notoire. Cela aurait pu passer inaperçu, si la sœur du gars n’avait pas insisté pour qu’une enquête soit ouverte. On avait fini par trouver dans l’historique de l’ordinateur de la veuve, la preuve qu’elle avait consulté des sites médicaux qui parlaient de l’intoxication à l’eau.
Cours pour flic débutant
Leçon numéro 19
- Jean-Marie, tu as parfois confié à quelqu'un tes avancées sur une enquête ?
- Oui...A une seule personne.
- C'est risqué, elle pourrait tout balancer à quelqu'un d'autre.
- J'avais parlé à la bonne personne. Choisis bien, c'est tout.
- C'était qui ?
- Quelqu'un qui ne répéterait jamais rien. Un prêtre...