Les cimetières demeurent des a priori.
Celui de Vézelay a encore de la place,
C’est un appel ironique au non-être.
Les tombes rectangulaires sont autant
De touches de piano que la drache, plus souvent le vent,
Ébrouent : « venez, venez, venez ! »
Le non-être flanche sous le mépris des vacanciers :
« Ne pas être en été, quelle folie ! »
Le cimetière s’affaire au troisième sous-sol
Si le rez-de-chaussée comprend la basilique.
Personne ne descend là quand le soleil rend rutilantes
Les espadrilles, et presque sympathiques les bedons.
Aucune rose trémière ne gémit hormis
Près de l’hôtel dit des glycines où les enfants
Goûtent des glaces qui gouttent, loin des places
Disponibles du cimetière de Vézelay.
À cinquante ans, on est forcément cadastré et clos. D’aucuns diraient immonde. On a beau se raconter des histoires sur ses réussites, c’est l’âge qui veut cela. C’est le moment auquel ce que nous n’avons pas fait prend le pas sur ce que l’on a réussi. Les hypothèses deviennent plus intéressantes et plus blessantes que les réalisations. La mort approche, inquiétante mais soumise. Le suicide est admirable. Les cicatrices n’ont plus aucune espèce d’importance. On peut se donner le change avec la beauté de ses enfants, sa vie professionnelle, sa maison bien aménagée et ses tableaux au mur. Il n’en demeure pas moins que le sentiment de l’échec se répand avec l’ennui long comme les bras d’un cul-de-jatte.
L’incendie de Notre-Dame
La cathédrale brûla cette nuit-là
Sans aucune partie de moi
Rien ne m’affecta
Ni le froid postérieur
Ni les controverses charbonneuses
Stimulant l’incendie.
Les poètes se goinfrent de sens
Qui les ridiculisent
La poésie n’a rien à dire de profond
Fort heureusement ;
La profondeur est un pastel de l’erreur.
Souvenirs ignobles
Je rêve d’un fait
Qui ne s’achèverait pas
En souvenir.
D’un acte, sans souvenir.
D’une pensée, sans souvenir.
Une vie évidée de souvenir
Solderait l’étroitesse des infinis.