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Valéry Molet (Autre)
EAN : 9782919483860
58 pages
L'échappée belle (02/11/2020)
5/5   3 notes
Résumé :
L'EXTRAIT
J’étais arrivé. J’ouvris. Nathalie m’écrivait que « je pouvais la rejoindre en Bretagne si le cœur m’en disait ». Je répondis : « oui ! ». Je m’éloignai du bord au grand dam des étrilles et des goélands qui piaillaient déjà à l’idée du cadavre déchiqueté. Les animaux ne m’avaient jamais aimé. Je ne les aimais guère. Je restais dans le zoo malgré tout. Je rentrai, totalement harassé mais rempli d’une joie indescriptible. Je bus deux bouteilles de rou... >Voir plus
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Sombre et empreint d'une ambiance digne d'un huis-clos âpre et acide, « Dénouements » est une nouvelle captivante qui accroche immanquablement son auditoire à l'évènementiel qui va enfler subrepticement. À l'instar d'une porte que l'on ouvre et que l'on entend grincer.
Le narrateur est en proie à la mélancolie, aux questions existentielles. Il pressent l'abîme. Anti-héros, terne et dépressif, il semble l'un des personnages de « Mes amis » de Bove.
« Je n'avais rien, je ne voulais rien. Je croyais ne rien attendre, pas même la mort. »
« Les Pères du désert ont théorisé l'acédie comme un manque de soin de la vie spirituelle. »
Il va louer une maison au Mont-Saint-Michel, entre vagues et ressacs. Nathalie, une conquête, va venir. Une amante, un dérivatif pour lui, voire salvateur. Elle est mariée côté ville. Inconstante, c'est elle qui mène le jeu.
« Nous croisions le regard des vitraux des chapelles, interrogatifs devant ce désir de bâtir des rectangles de pierres. Elle avait une grâce spéciale. Chaque femme en possède une. »
Nathalie cherche une aventure. Une éclaircie dans sa vie, pourtant elle semble terriblement superficielle. Lui, imagine la solidité d'une falaise à flanc de mer. Il est soumis à cette femme glissante et libre.
« Elle avait eu du mal à cerner mon intrusion. Personne n'était à la portée de personne. » « Elle était restée gaie, ne s'ennuyait jamais et les petits riens lui procuraient un cantique d'elle-même. En un mot elle était mon exact opposé. »
la trame est un bonbon fondant en bouche. Résolument douée, d'une vive intelligence. Valéry Molet écrit en dressant des chapelles de toutes beautés.
Ce mélo-drame, contemporain, à la minute même est cinématographique. Les bouleversements relationnels sont la somme de nos vies. le narrateur un peu nihiliste, défaitiste est un manteau gorgé de pluie. La nouvelle est pourtant lumineuse car sincère et confidente. Nous sommes pris dans cette narration et l'on entend la plume crisser. L'exutoire d'un amour édifiant pour lui parlera à beaucoup.
« Elle m'ignorait et, de superbe que j'étais quand elle se trouvait avec moi, je devenais une loque sans elle. La clochardisation me fascinait. »
« Dénouements » est une nouvelle serrée comme un café fort. Tragique et réaliste, profonde et intuitive, elle est le Complexe de l'Albatros. L'effet dominos à grande échelle.
Remarquable quant au fond qui perce les murailles de nos existences insatisfaites. On ressent un homme fragile, masochiste en proie à l'existentialisme. Une quête perdue d'avance.
« Dénouements » est à l'instar du doute même de sa propre vie. Magnifique, tant ses pistes sont immenses.
Écoutez : « Dans la vraie vie, seuls les actes comptent. »
Publié par L'Échappée Belle Édition.
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Le for­ge­ron de l'amour

Le der­nier récit de Valéry Molet est une réus­site tant tout se dit en demi-teinte pour mieux mettre en exergue ce qui fait le com­mun du nar­ra­teur. Il est par­fai­te­ment lucide quant à sa dépres­sion et ses fai­blesses.
Mais ne sont-ce pas les secondes qui, tout compte fait, décident du sort de la première ?

Et ce, en hom­mage à une femme (Natha­lie) avec laquelle il soli­loque de facto en avouant aux lecteurs.trices ce qu'il ne peut lui dire : “Elle inten­si­fiait tout. Ce n'était pas une femme c'était un ten­deur”. Et qui plus est, entre deux néants d'une exis­tence deve­nue “caca­huète chiée”, du moins pour un temps.
Car comme tout bon ten­deur, celle qui a le vin — ou plu­tôt l'alcool fort — tout sauf triste finit par revenir.

Le nar­ra­teur en reste donc son yoyo, et après avoir cultivé le dégoût de lui-même qui le conduit “simul­ta­né­ment à l'andropause, la lobo­to­mie et l'alopécie”, il suf­fit qu'elle ou qu'il l'appelle pour qu'il fasse un sort aux deux gro­seilles qui pointent dans le secret de son che­mi­sier.
Qu'elle le déchire — en s'approchant trop près d'un ron­cier dans le secret d'un sous-bois bre­ton près de la côte de gra­nit rose où la lumière ne sèche jamais la rosée de la nuit ou des embruns — et il passe ses doigts dans le trou qui laisse voir la blan­cheur d'une poi­trine déjà offerte.

Il peut alors sen­tir rou­ler une larme d'éros sur sa joue sans savoir de qui exac­te­ment cette larme venait. Dès lors, était-ce pour l'amour de ce qui s'était enfui que le sou­ve­nir pleu­rait ?
Et le nar­ra­teur avait-il en lui le vide ou était-ce seule­ment l'ombre de l'absente ? Ou si l'on pré­fère : d'où vient ce manque qui creuse le silence ?

Le texte est ici pour le dire, là où le nar­ra­teur lutte tou­jours contre le doute. Et le doute tou­jours contre la lutte. Les deux insé­pa­rables.
Mais ce qui est sûr, c'est qu'il fond (non sans humour) comme un flo­con de neige dès que Natha­lie vient.

Qu'importe si l'occasion, comme à la fin du livre, est l'entrée du funé­ra­rium où est accueillie la dépouille de la mère de l'aimée. Et tan­dis qu'elle brûle encore, ce sont d'autres feux qui réunissent l'homme et celle qui, en dépit de ses men­songes et tra­hi­sons, reste l'émouvante dans son “cor­set de dou­leur tue”.
Preuve que ce qui ne tue pas rend en quelque sorte plus fort .

Cela méta­mor­phose chez le pâle héros, dépres­sif mais écri­vain imper­ti­nent, ces fer­veurs qu'il ne se croyait plus capable de “manu­fac­tu­rer” ou d'usiner.
Et son récit est un délice délé­tère et pré­cieux, drôle et incisif.

jean-paul gavard-perret
Lien : http://www.lelitteraire.com/..
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Valéry Molet a publié des romans, nouvelles, essais et poésies. Editeur, il préside les éditions www.sansescale.com. Dénouement est son second recueil de nouvelles. Il est la suite du Noeud du pendu, publié également aux éditions de l'Echappée Belle.


Dénouement est la seconde saison des amours d'un quinquagénaire. Après le noeud du pendu, tragique, grotesque et noir, cette longue nouvelle rappelle que l'espoir n'est pas qu'une entame de saucisson. L'amour, beau, frais et sodomite, existe comme les coiffeurs pour chiens. Ce texte est l'occasion de desserrer le noeud du suicidé par une langue bien pendue et d'un hommage à une fiction si vieillotte et si splendide : l'éternel féminin.
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