Il est à quelques centimètres de moi. Il est à une main. Un geste de moi. Et je ne le fais pas. Alors, je peux survivre à tout. Toutes les solitudes, toutes les peurs, tous les élans. Si je m’en vais avant de saisir le visage de cet homme dans mes mains et d’enfoncer ma langue dans sa bouche, et tenir, longtemps, ce baiser plein de sang et de reconnaissance, si j’arrive à ce froid-là, cette inhumanité, alors plus rien jamais ne pourra m’atteindre. Je ne suis plus une femme. Je suis la désincarnation. La sublimation désespérée. Enfermée en moi-même, pire qu’un un couvent.