Vous êtes séduisant, Leandro, et je crois que vos caresses seraient capables de faire fondre un iceberg. Et même une statue...
Dans le cadre ovale, en bois doré, une jeune fille blonde aux yeux d'un bleu changeant souriait, menton levé d'un petit air crâne. Le corsage désuet, brodé de perles de cristal, dégageait les ravissantes épaules et le cou de cygne de l'inconnue. Le peintre avait su traduire l'énergie latente de son modèle, son intelligence, sa joie de vivre.
Pour la dernière fois, Catherine contempla les palais aux tons fanés et leur reflet. Pour la dernière fois, elle passa sous le Rialto.
La dernière fois... la dernière fois... Ces mots résonnaient en elle comme un glas. Elle ne s'étonna pas d'avoir la vue brouillée par les larmes.
« Tout le monde pleure en quittant Venise ».
Même lorsqu'il la tenait dans ses bras, même au cours de leurs étreintes les plus passionnées il restait en lui une part de réserve, une frontière qu'elle ne parvenait pas à franchir.
Jamais, même pendant les heures d'amour, même pendant l'instant de lassitude heureuse qui suit le plaisir, jamais il ne se livrait.
— Quoique les fauves n’attaquent pas souvent l’homme, il vaut mieux se montrer prudent.
— Quels fauves ?
— En gros, il faut se méfier des lions, des léopards, des buffles. En général, ils n’attaquent pas les premiers, sauf si on les dérange, et on ne les rencontre guère dans les parties cultivées. Mais ça arrive.
Elle lit, elle tient le ménage de son père, tout cela prudemment, au ralenti. Souvent, elle s’assied sous le flamboyant et reste là, immobile, les yeux au loin. Je ne pense pas qu’elle s’ennuie, non, mais elle rêve. Et le rêve est parfois plus dangereux que l’ennui.
Ce sont souvent les choses à l’aspect le plus innocent ou banal qui sont les plus dangereuses.
Frémissant sous ses caresses, troublée par le contact de son corps, elle savourait ces minutes trop rares où il semblait aimer sa présence. Les yeux clos, elle lui rendit ses baisers, consciente d'exprimer l'élan qui la portait vers lui.
Il n'est pas, il n'est jamais sage de se décider sous l'empire de la colère.
Le lourd silence, ce silence qui précède habituellement les orages, n'était rompu que par le tic-tac de la pendule sur laquelle Vénus poursuivait inlassablement sa toilette en compagnie des petits Amours.