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Citation de gigi55


Je ne l'aime pas ! s'écria la pauvre malheureuse enfant ; et en même temps elle se pendit au capitaine qu'elle fit asseoir près d'elle. Je ne t'aime pas, mon Phébus ! Qu'est-ce que tu dis là, méchant, pour me déchirer le cœur? Oh ! va! prends-moi, prends tout! fais ce que tu voudras de moi, je suis à toi. Que m'importe l'amulette? que m'importe ma mère? c'est toi qui es ma mère, puisque je l'aime ! Phébus, mon Phébus bien-aimé, me vois-tu? c'est moi, regarde-moi ; c'est cette petite que tu veux bien ne pas repousser, qui vient, qui vient elle-même te chercher. Mon âme, ma vie, mon corps, ma personne, tout cela est une chose qui est à vous, mon capitaine. Eh bien, non ! ne nous marions pas, cela t'ennuie; et puis, qu'est-ce que je suis, moi? une misérable fille du ruisseau, tandis que toi, mon Phœbus ! tu es gentilhomme. Belle chose, vraiment ! une danseuse épouser -un officier ! j'étais folle. Non, Phœbus, non ; je serai ta maîtresse, ton amusement, ton plaisir, quand tu voudras, une fille qui sera à toi. Je ne suis faite que pour cela, souillée, méprisée, déshonorée, mais qu'importé ! aimée. Je serai la plus fière et la plus joyeuse des femmes. Et, quand je serai vieille ou laide, Phœbus, quand je ne serai plus bonne pour vous aimer, monseigneur, vous me souffrirez encore pour vous servir; D'autres vous broderont des écharpes; c'est moi, la servante, qui en aurai soin. Vous me laisserez fourbir vos éperons, brosser votre hoqueton, épousseter vos bottes de cheval. N'est-ce pas, mon Phœbus, que vous aurez cette* pitié? En attendant, prends moi ! Tiens, Phœbus, tout cela t'appartient, aime-moi seulement! Nous autres égyptiennes, il ne nous faut que cela, de l'air et de l'amour.
En parlant ainsi, elle jetait ses bras autour du cou de l'officier; elle le regardait du bas en haut, suppliante, et avec un beau sourire tout en pleurs. Sa gorge délicate se frottait au pourpoint de drap et aux rudes broderies. Elle tordait sur ses genoux son beau corps demi-nu. Le capitaine enivré colla ses lèvres ardentes à ces belles épaules africaines.. La jeune fille, les yeux perdus au plafond, renversée en arrière, frémissait toute palpitante sous ce baiser.
p. 437
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