La création des pays "socialistes" d'Europe de l'Est, la victoire du communisme en Chine et en Corée du Nord, marquaient des conquêtes territoriales qui complétaient la conquête des esprits.
Même s'ils continuent à marteler l'idée - médiatiquement inefficace d'ailleurs - de lutte contre le terrorisme islamique.
En Yougoslavie, les américains se saisirent du prétexte Milosevic pour montrer au monde qu'on ne joue pas avec le Nouvel Ordre mondial.
En Tchétchénie, les Russes saisissent eux aussi l'occasion pour montrer que la Russie n'est pas la Serbie.
En retrouvant leur histoire, les Russes retrouvent donc aussi, et presque par hasard, cette "idée russe" qu'ils croyaient eux mêmes évaporée.
Une découverte confortable à bien des égards, car elle place l'hostilité actuelle de l'Occident dans le contexte d'une méfiance traditionnelle face au modèle alternatif de civilisation, incarné par leur pays.
Le communisme eut beaucoup de succès. À un moment donné, près de la moitié des pays du monde étaient communistes. Auréolée de sa victoire à la fois héroïque et incontestable sur le nazisme hitlérien qui, entre 1938 et 1941, avait conquis l'Europe continentale, l'Union des républiques soviétiques socialistes (URSS), autrement dit la Russie communiste, avait imposé sa domination aux pays d'Europe orientale, mais avait aussi séduit, sans rien leur imposer, des centaines de mouvements révolutionnaires et de décolonisation en Afrique, en Asie et en Amérique latine. La guerre froide qui a commencé après la victoire de l'URSS sur l'Allemagne hitlérienne et l'expansion conséquente du communisme a, pendant des décennies, soumis les relations internationales aux aléas des rivalités entre Moscou et Washington.
Pour nous, KGB et démocratie sont des notions antinomiques.
Pas en Russie, où même l'intelligentsia libérale sait désormais que la pérestroïka et la glasnost, qui ont fini par emporter le système communiste, avaient été conçues par le dernier "grand" chef du KGB, Youri Andropov.
Ce sont les critères moraux, spirituels, religieux qui ont en tout temps été primordiaux.
Cette volonté d'incarner une alternative serait donc, par son existence même, un défi lancé à la vision occidentale du monde.
Car la "symphonie" des pouvoirs, cette complémentarité qui va jusqu'à une certaine égalité dans le partage des compétences, constitue pour elle le socle d'un Etat idéal.
Car le seul avantage de l'oléoduc Bakou - Ceyhan, était de contourner le territoire russe.
Autrement dit, d'exclure leur pays du "Grand jeu".
Les "dénigrements occidentaux" commencèrent dès le règne d'Ivan le Terrible.