𝙌𝙪𝙖𝙣𝙙 𝙡'𝙖𝙢𝙤𝙪𝙧 𝙚𝙨𝙩 𝙢𝙖𝙡𝙖𝙙𝙚 𝙚𝙩 𝙡𝙚 𝙥𝙖𝙨𝙨𝙚́ 𝙩𝙧𝙤𝙥 𝙡𝙤𝙪𝙧𝙙, 𝙘𝙤𝙣𝙨𝙩𝙧𝙪𝙞𝙧𝙚 𝙡'𝘼𝙫𝙚𝙣𝙞𝙧 𝙚𝙨𝙩-𝙞𝙡 𝙚𝙣𝙘𝙤𝙧𝙚 𝙥𝙤𝙨𝙨𝙞𝙗𝙡𝙚 ?
J'ai eu un ℂ𝕠𝕦𝕡 𝕕𝕖 ℂœ𝕦𝕣 pour ce livre et la plume de son auteur !
Dans ce roman psychologique sombre, Vincent DELAREUX nous entraîne au cœur du fonctionnement du cerveau, dans ses zones les plus sombres et complexes. Il nous amène à redécouvrir la psychanalyse à travers un texte bien documenté dont la plume fluide donne une facilité d'accès à tous et nous immerge dans son intrigue dont les rebondissements plairont sans aucun doute aux amateurs de suspense
Je vous le pitche rapidement :
Jeudi. Pour Victor, c'est le jour du rendez-vous chez son psychiatre, le Dr Bernard Adam. Victor a 33 ans. Il vit toujours chez sa mère, une mère étouffante, envahissante, tentaculaire, à laquelle il ne parvient pas à échapper. Elle l'empêche d'avoir des amis ou de travailler, sous prétexte de prendre soin de lui et de savoir ce dont il a besoin.
Victor aime sa mère et il est coincé dans cet amour, torturé, aux prises avec une forte ambivalence, entre son devoir de prendre soin d'elle et ses pensées et désirs d'émancipation. Ces dernières le font l'attaquer et en pensées ou dans ses rêves, allant jusqu'à souhaiter qu'elle soit morte. Mais, "Maman est toujours en vie", comme le rappelle inlassablement Victor à son psychiatre.
Dans ce couple mère-fils, personne n'est jamais venu faire tiers jusqu'à présent. Pas d'homme, pas de père, pas de grands-parents. Juste Victor et "Maman". Pas étonnant alors que le seul homme présent dans sa vie, le Dr Adam, puisse incarner ce père inconnu, dont il pourrait avoir les traits, des traits entre-aperçus quelques secondes sur une photo lorsqu'il avait 10 ans. Et puis son travail c'est justement de l'aider à s'individualiser !
Enfin, dans cette amorce de séparation, une autre personne va venir bousculer les choses, Eugénie, l'autre femme...
Et alors que des évolutions sont perceptibles, alors que c'est le jour de l'anniversaire de "Maman", elle disparaît soudainement...
Dans ce roman, raconté à la 1ère personne, et qui s'échelonne sur un peu plus de 3 semaines, on suit Victor et ce qu'il écrit de ses journées dans un cahier. On accède ainsi à l'évolution de sa pensée, de ses décisions.
Le choix de ce type de narration est très pertinent car il permet d'interpeller immédiatement le lecteur à cette place de témoin visuel du déroulement des faits 𝘢 𝘱𝘰𝘴𝘵𝘦𝘳𝘪𝘰𝘳𝘪. C'est efficace et on se connecte très vite à Victor qui va générer des sentiments ambivalents chez nous, en miroir des siens.
Au fil des chapitres, des journées, on se sent de plus en plus empêtré dans une toile d'araignée dont on ne sait comment on va pouvoir se sortir.
La fin n'est pas réellement une surprise, on peut la pressentir dès le début. Mais la force de ce roman est sa capacité à accompagner la montée en puissance des ressentis de son personnages principal et notamment de sa sensation d'étouffement et de son angoisse. C'est la compréhension du mécanisme qu'il permet qui fait de ce livre tout son intérêt, jusqu'à en donner des frissons au lecteur.
Confrontation au réel, construction fantasmatique, pulsions de vie et pulsions de mort, Œdipe, passages à l'acte, objet contraphobique, rituels, confrontations aux affects, manipulation ou encore déni, tant de concepts freudiens réunis dans un même texte, dans un même cas.
Quand les parents s'emmêlent et s'en mêlent, quand la réalité se construit sur des confusions de places, des problèmes de limites, que la toute-puissance d'un parent fait intrusion dans le moi en construction de l'enfant et que s'installe alors, pas après pas, baiser après baiser, en lieu et place de la sécurité et de l'estime de soi, une certitude plus forte encore, un dysfonctionnement inquiétant, une lutte pour la Vie...
Un coup de cœur pour ce 1er roman, tant pour son histoire que sa structuration. J'attends la suite des romans de Vincent sur la famille Sommer avec impatience !
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