AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Thelx


Caracalla, empereur dégénéré, monument à la fois ridicule et effroyable de la décadence, se rend lui aussi au cap Sigée où se trouve la cendre d’Achille. Par politique, par bêtise, par mégalomanie, il voudrait être Achille, il veut faire comme lui – croyant qu’on peut reproduire des gestes à l’identique, croyant que cette reproduction confère mécaniquement ou magiquement la gloire et la grandeur qui leur étaient attachées. Parmi ces gestes, il y a, sublime, celui de pleurer la mort de l’ami, Caracalla veut faire de même. Fâché de n’avoir pas d’ami mort à disposition, il s’en trouve un et le fait égorger proprement, pour le pleurer à son aise comme Achille pleura Patrocle. Cette sinistre comédie s’achève par une image dont on ne sait s’il faut en rire ou en être accablé. Achille avait coupé sa chevelure et jeté les mèches dans le bûcher de Patrocle, Caracalla s’en avise. Mais il est très dégarni. Et les soldats qui l’entourent de regarder alors, narquois, pleins d’un insurmontable et dangereux mépris, cet histrion féroce suer sang et eau pour s’arracher une maigre et galeuse touffe de cheveux. A voir agir certains, il arrive parfois que l’on se sente soldat de Caracalla.
Commenter  J’apprécie          40





Ont apprécié cette citation (2)voir plus




{* *}