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Critiques de Virginie DeChamplain (73)
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Avant de brûler

On voudrait parfois ne pas dire grand-chose d’un texte, juste garder un silence stupéfait et respectueux, et exprimer ainsi, par ce mutisme même, notre totale admiration, notre profonde adhésion à ce que ses mots nous ont donné. Et c’est bien le cas, à cet instant, en refermant le nouveau roman de Virginie DeChamplain, on aimerait lui épargner le bavardage du commentaire, à peine célébrer son étrange beauté et en quoi les histoires dont il est tissé nous touchent au plus intime, tant ici, comme dans le récit Farah le dit à un moment de l’œuvre de Margaret Atwood, on peut apprécier tout l’art mis par l’autrice pour laisser « la réalité se lover dans la silhouette terrifiante de la fiction ».

L’allusion à Margaret Atwood est, d’ailleurs, bien justifiée, puisque le roman de Virginie DeChamplain emprunte une voie narrative proche de celle de l’auteur de La Servante écarlate, en offrant comme décor à l’intrigue un monde à peine différent du nôtre, notre monde de demain peut-être, certains diront post-apocalyptique, en tout cas un monde bouleversé par les sombres évolutions politiques que nous pouvons redouter et les menaces climatiques que nous devons craindre.

La société dans laquelle vivent les personnages du roman a laissé les murs se construire de plus en plus haut autour d’elle, pour interdire l’accès au territoire à d’indésirables étrangers. Mais ces solides frontières n’ont en rien arrêté les ouragans, les vagues des flots déchaînés, les incendies violents, générés par un changement climatique, désormais incontrôlable… Cela vous rappelle quelque chose, non, ce paysage pas si dépaysant ?

Tous ont été contraints de fuir les villes, leur cadre de vie habituel, pour se réfugier là où c’était encore possible. Au cours de cet exil, la narratrice, dont on ne connaîtra jamais le nom, a rencontré Marco, un homme qui deviendra son compagnon, un ami bientôt, un amant merveilleux mais occasionnel, quelqu’un en tout cas avec qui envisager de reconstruire un monde. Ils habitent, désormais, au cœur d’une forêt, assez proches d’un village pour y proposer leurs services, mais assez éloignés aussi pour ne pas s’encombrer de trop de présence humaine, préférant à leurs congénères leur chien Django. Un jour, la jeune femme, en quête de vivres dans ce bois que hantent désormais les loups, découvre Farah, une mère entourée de deux enfants qui s’agrippent à ses jambes, et portant encore un bébé dans ses bras. Le premier contact est difficile, presque hostile, tant la rencontre semble menaçante. Mais Farah la suit, et très vite, la cohabitation s’organise, favorisée par l’attitude paternelle de Marco à l’égard des enfants et la danse joyeuse du chien autour d’eux…

Farah et la narratrice s’observent, se cherchent, lentement s’apprivoisent, apprennent à crier ensemble. L’une et l’autre sont habitées par leur passé, la disparition dans le déluge de leurs compagnes respectives, les traces récurrentes de deux amours fous. L’une et l’autre, aussi, sont en quête de reconstruction. Si leurs histoires divergent, elles ont toutes les deux, et il y a ici comme une mise en abyme de la fonction de la romancière dans son texte, une même passion pour l’écriture, Farah, comme chercheuse universitaire et journaliste critique, quand la narratrice, elle, cherche à garder trace des choses du monde et de leur transformation dans des carnets où elle consigne les détails de la « flore » et de la « faune » (« Flore » et « Faune » sont aussi, tiens donc, les titres des deux premières parties du roman), mais aussi dans de courts poèmes, qui cristallisent l’impression d’un moment.

Dans la forêt aussi, il y a la bête, une biche, orpheline de son faon, sans cesse pourchassée par les loups, mais qui sait que les deux « humaines » peuvent la protéger… Trois femmes, en somme, et leur désarroi face à un monde dont elles ne savent pas comment il va tourner, vers la mort ou un renouvellement de la vie ?, « tombeau ou matrice » ?, cette expression revenant dans leur esprit comme une antienne. Et ce sera peut-être finalement au lecteur de décider, avec ou sans elles, du nouveau cours des choses…

On sent bien, oui, que nous y sommes également, lecteurs, dans cette forêt, pris, comme les deux héroïnes humaines, dans une « rencontre-miroir » et la même quête de sens. Mais pris au piège aussi d’une narration captivante et aux charmes d’une écriture où traîne parfois un accent québécois, d’une langue capable de nous donner un « chat tempête », « une femme racine », « une femme pilier », des « baiser orages et ruines…, baiser ongles et morsures », d’imaginer des « bras caverne », de décrire un Marco, amant protecteur, comme faisant partie « de cette catégorie secrète des garçons cathédrales, à la structure imposante, mais à l’intérieur remplis de chants chorals »… Oh oui, comme nous aimons, nous, ce roman cathédrale et les mots caverne de ce texte! Et vous aussi, maintenant, « avant de brûler» ?

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Avant de brûler

La Québécoise Virginie DeChamplain signe un roman gorgé d'humanité autant que de sensualité.
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Avant de brûler

Une fin du monde faite de déluges et d’incendies.

Elle est réfugiée avec Marco et le chien Django dans une maison isolée de la ville.

Lors d’une sortie en forêt, elle découvre Farah avec ses trois enfants, les pointe avec le “gun”, pose des questions sans réponses, barrière de la langue oblige.

Elle hésite, ne sait pas quoi faire, s’avance vers eux en ayant baissé le canon du “gun”, et d’un geste les invite à les suivre afin de les ramener dans la maison.

La bête, à l’abri de la canopée, surveille avec ses grands yeux noirs cette vie humaine, tout en se méfiant du cri des loups.



D’un thème qui pourrait paraître récurrent, mais tristement d’actualité, Virginie De Champlain livre une vision pleine d’espoir d’une fin du monde suite à un changement climatique.

Pas de zombies, de tribus anthropophages ou de luttes fratricides.

Non, juste une rencontre entre deux femmes, une sororité, mais aussi un accueil sans questions, un altruisme sans attente d’un retour.

Deux langues se comprennent sans mots, juste des regards, des gestes, des attentions.

L’espoir d’un monde nouveau, construit sur des ruines fumantes, basé sur l’empathie et l’écoute.

“Il faudra montrer à nos enfants comment prendre des chemins qui mènent ailleurs, quelque part où on pourra aspirer à autre chose que se détruire encore.”

Un livre qui apaise, qui réconcilie l’humain avec la nature et le monde animal.
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Avant de brûler

Virginie DeChamplain nous offre Avant de brûler, un deuxième roman qui confirme son talent.
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Avant de brûler

Apocalypse des fantômes, des souvenirs ; accueillir les vivants, les revenants, leur inventer des vies : survivre à l’écoute, dans l’enregistrement des altérations, dans le contact des sylvestres efflorescences. Roman envoûtant, inventif, Avant de brûler rejoue les codes du roman apocalyptique et ceux de l’éco-poétique pour spéculer sur le souvenir et la perte, deuil et mémoire, poésie et attention à un monde qui se noie et brûle. Virginie DeChamplain s’approche au plus près des sensations éperdues de son héroïne, ses inquiétudes et reconstructions, la subsistance de la beauté qui offre à son roman un au-delà d’une destructrice survie, un effarement animal pour se massacre dont personne ne réchappe.
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Avant de brûler

Dans un futur, peut-être pas si lointain, le désordre climatique est si intense, les tremblements de terre, déluges, ouragans, sécheresses, canicules si nombreux, et si meurtriers qu’ils ont obligé la population à fuir les villes et à se réfugier loin des côtes.

C’est le cas pour un homme et une femme, la narratrice, qui après la sidération, l’abattement, ont finalement trouvé un équilibre de vie fragile dans une maison à l’orée d’une forêt. Jusqu’à l’arrivée de Farah et de ses trois enfants. Jusqu’à l’apparition de la biche.

Ce court roman sonne juste et c’est sans doute pour cela que je l’ai trouvé différent d’autres romans du genre. Petit à petit on découvre l’histoire douloureuse de cet homme, force tranquille du trio, et de ces deux femmes, traumatisées par ce désordre, ce déchaînement de violence des éléments et par les pertes qui l’accompagnent, les leurs.

La forêt dans laquelle elles vont chaque jour, est certes réparatrice et nourricière mais également violente et menaçante.

Comment projeter un avenir dans ces conditions ? Et lequel ?

Bravo à Virginie DeChamplain qui signe un deuxième roman lumineux et maitrisé.

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Avant de brûler

L’une a survécu à un incendie (avec ses enfants), l’autre à une inondation (avec un presqu’inconnu). Toutes les deux se rencontrent, tous ensemble ils se retrouvent au cœur de la forêt, depuis laquelle les observe un animal.

Pour reprendre pied il leur faudra réapprendre la faune, la flore, le rythme des saisons, la douceur des peaux, comment dire et quoi se dire, entre survivants faire famille et avancer.

C’est avec une sublime langue venue de chez nos amis les québécois, une plume urgente de poésie et brûlante de beauté que Virginie DeChamplain signe un nouveau roman d’après le monde.

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Avant de brûler

« Avant de brûler », l'effusion insurpassable qui cristallise le sacre de ce livre.

L'écriture poétique, charnelle, somptueuse est déjà, à elle seule, l'entrée dans le grandiose.

« Il y a toujours quelque chose qui passe… Ici tout laisse une trace. »

La jeune narratrice est à la lisière du monde. L'ère post-apocalyptique, le dérèglement climatique, entre les pluies diluviennes, les feux dévastateurs. Elle est en repli dans les bordures de la forêt, et la clairière qui élève le vrai langage. La résistance face aux alias irrémédiables.

Le récit est une chapelle qui reste sur ses gardes et prend soin des personnages qui savent l'heure précieuse. Les petits riens qui sont dans cette orée des urgences vitales.

La trame est une feuille cousue d'or.

« Depuis que je suis ici, je note des choses… Je note parce qu'il est pas question que je me fasse encore surprendre par la fin du monde. »

Elle vit avec Marco, un compagnon, un allié, un homme amical et doux. Django son chien et son chat qui vit d'indépendance. Comme l'arche de Noé en quelque sorte.

« Moi je l'appelle Rien parce qu'il n'appartient à personne. »

Dans la forêt, il y a des meutes de loups. Tout semble renouer avec l'imprévisible. Et là, elle croise une biche. « La bête l'ignore, mais elle est depuis quelques heures la dernière représentante de son espèce. »

Dans un même cycle, à l'instar d'une fusion, d'un magnétisme, d'une destinée révélée, elle rencontre sur le seuil de la canopée fragilisée, Farah. Une jeune femme, avec ses trois enfants, dont un bébé dans ses bras. Une corbeille féminine. L'aura qui élève la fièvre essentialiste.

« Je me rappelle Farah comme un coup de poing dans le ventre. »

Elle est d'eux. Ils sont d'elle et des enfants. Ils vivent en fusion, en communauté, « et un semblant de routine s'est posé dans la maison comme de la neige sur la mousse. Je me réveille au son des enfants. »

L'hospitalité comme cercle, ils sont soudés dans cette vulnérabilité. le temps d'avant est rompu.

Ils ne travaillent plus. Le rien est devenu matière. L'autarcie et le végétal pour rideau. Ils ne vont que peu dans le monde d'avant qui s'écroule peu à peu comme une feuille qui se meurt, craquante et fragile.

Tout est transformé, défiguré, comme hors du temps et de l'espace. La narratrice rassemble l'épars. Compte les pas, cueille les plantes, retient et prend garde au moindre mouvement furtif.

Marco est le socle. Paternel avec le bébé, tendre et intuitif, la bonté naturelle. Il est la marche de leur antre de survie.

Théologal dans sa pureté. Il est l'homme qui n'attend plus rien du monde. Ils sont dans cette échappée, cercle où la biche est l'emblème de la genèse agonisante. Unique.

La trame spéculative vaut mille vies. Elle retient les gestuelles. Elle sait l'heure de la déliquescence. L'omniprésence de la mort, la dégénérescence.

« Je vais m'installer dans le divan opposé à Farah et j'observe à la dérobée cette femme dompteuse de chaos, observe sa vie qui s'immisce maintenant dans tous les interstices de ma maison. »

Ils sont naufragés. La nature signe peu à peu l'advenir de ces êtres dont la maison, plus qu'un refuge est l'Alcazar. « Se bâtir quelque part où peut rentrer et descendre les épaules. « À la place je regarde Farah dormir sur le divan, en cuillère avec ses enfants. »

Farah et la narratrice déambulent dans la forêt. Toujours en quête de semences, d'essences, de bois craquant sous leurs pas. La biche happe leurs présences, cherche, elle aussi, un point d'appui dans ces miraculeuses connivences.

Le périple est un havre de verdure, salvateur. Sylvestres et conscientes de la fin du monde.

« Elle avait lu Margaret Atwood, et depuis quelques années elle observait, un rire jaune coincé dans la gorge, la réalité se lover dans la silhouette terrifiante de la fiction. »

« Avant de brûler » est un livre qui tresse la lecture à voix haute. L'écoute en veillée dans ce qui va advenir. Ce grand texte cardinal de Virginie DeChamplain qui honore la féminité, la solidarité-soeur, la biche, parabole d'un même coeur, l'union dans le délitement du monde vivant. Ce livre est une ode à la nature. Un texte fascinant d'empathie. Un lanceur d'alerte. Publié par les majeures Éditions La Peuplade.

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Avant de brûler

Virginie DeChamplain livre un récit d'anticipation apocalyptique ancré dans le territoire.
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Avant de brûler

Dans ce roman incandescent à l’allure de fin du monde, subsiste l’espoir ; celui qui infuse sous notre peau et fait crépiter nos particules les plus infimes. La langue chantante de la canadienne Virginie DeChamplain nous éclabousse de mille feux pour nous parler de l’urgence à ne pas baisser les bras. ‘AVANT DE BRÛLER ‘ nous sonne, nous étourdit et nous intime l’ordre de tirer les conséquences de nos actes, d’ajuster notre tir avant qu’il ne soit trop tard.



Au lendemain de feux incontrôlables, d’inondations meurtrières, de tremblements d’une Terre qui n’en peut plus, animaux comme humains apprennent la survie, regardent autour d’eux, se cognent à leurs propres solitudes et finitudes. Tous et toutes ont perdu un être cher imprimé dans leur chair. La forêt ne résonne plus des mêmes appels, les loups ont étendu leur territoire et une biche à la rêverie fragile ne sait même pas qu’elle est depuis quelques temps la dernière de son espèce.



Dans ce chaos, deux femmes vont se percuter au détour d’un chemin : l’une, Farah, a fui la ville avec ses 3 enfants et l’autre a tant bien que mal inventé une façon de continuer, hagarde, aux côtés de Marco, homme tronc, le chien Django et Sac à Puces, un chat qui déboule dans vos jambes comme un coup de vent. L’arrivée de Farah va bouleverser l’ordre bancal établi. Les cris joyeux d’enfants vont résonner dans la maison de la forêt : les 2 humaines elles vont se calquer l’une sur l’autre. Chacune trimballe son passé, son drame personnel : aucune n’est prête à en parler comme si évoquer l’horreur c’était la revivre. Mieux vaut enfouir.



Si l’une est femme pilier et racine portant le gun à l’épaule, l’autre serait plutôt roseau qui ne rompt pas, en quête avide de chaleur humaine. Une biche à l’esprit calme continue ses errances, tout en veillant sur ces humaines qu’elle croise au loin lors de promenades en forêt. Son œil ourlé de cils soyeux est sans cesse braqué vers ces deux humaines: serait-ce pour les avertir du cataclysme imminent qui se profile au loin, par-delà la clairière ?



Dans l’urgence d’une langue indocile et sensuelle Virginie DeChamplain imagine une post-apocalypse féminine où le présent est accueilli comme un miracle. Le passé lui, a disloqué des cœurs et des corps, asséché les espèces animales, fait trembler des certitudes. Quand tout vacille, le futur n’est que brume ; la magie de cette plume qui nous vient du Canada, nous éblouit avec des chapitres courts – infimes goulées d’air salvatrices – traversés par de brefs poèmes déclarations de paix à l’existence.



La réincarnation semble possible, tout n’est que renouvellement encore faut-il que l’humain cesse de contrôler. Humains et animaux veillent les uns sur les autres à l’approche d’une menace sournoise ; la terre sera-t-elle tombeau ou matrice ? Ce qui bouleverse dans ce roman hautement inflammable, c’est l’évocation ultra-sensible et poignante du lien unissant êtres vivants humains et non humains. La biche est vigie, la femme est navire. Farah a porté ses enfants, la narratrice a bâti son refuge dans lequel elle peut rentrer en baissant les épaules, signe qu’il fait bon y vivre.



Le chaos extérieur est d’un calme déroutant presque réconfortant contre le chaos intérieur. L’autrice très touchée par l’éco anxiété qui l’habite sait porter la réflexion de manière juste et fait mouche avec cette plume irriguée d’ombres et de lumières. D’une façon ou d’une autre la forêt et tout ce qui l’habite rétablissent toujours ce qui doit être rétabli. C’est ainsi. Dans le passé les humains ont tenté de modifier le temps en ensemençant les nuages. Ils n’ont pas compris le danger et la futilité.



« On voulait pousser la technologie pour sauver les îles, renflouer les lacs, rééquilibrer les saisons, réherber les savanes, remplir les nappes phréatiques, recréer des espaces verts vivants et invulnérables, recréer la nature, recréer le monde comme il était juste avant qu’on avance collectivement le pied au-dessus du gouffre ».

La couleur des bleuets, la texture des premiers bourgeons, une lumière qui passe à travers le noir de nos âmes douloureuses et qui tombe en diagonale sur l’herbe encore un peu mouillée : la force d’évocation de la plume chantante de Virginie DeChamplain fait résonner ce roman « AVANT DE BRÛLER » telle une ode à la nature que nous malmenons tant. Un chant du cygne qui nous intime l’ordre de montrer à nos enfants comment prendre d’autres chemins, là où l’on aspire à autre chose qu’à se détruire encore.



« avant de partir nous

écrirons des guides de révolution

des cartes pour ne plus qu’on nous perde

et puis nous

brûlerons tout pour mieux rebâtir »

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Avant de brûler

"Je la vois la beauté d'ici. Je la comprends. Mais elle m'arrive de tellement loin qu'elle se dissipe avant de se rendre à moi. La brume se glisse entre les troncs d'arbres, se déploie au sol comme un drap de soie sous un lit."



Derrière une trame de fond de fin du monde, avec cette planète Terre qu'on malmène indûment et qui nous fait graduellement payer notre ingratitude et notre inconscience par toutes sortes de cataclysmes, il y a la plume d'une infinie douceur de Virginie DeChamplain. Ses mots qui apaisent la souffrance et la peur, ses mots qui nous rapprochent de la nature, ses mots qui tricotent délicatement la beauté au travers les brins de la désespérance. Une plume qui caresse et qui enchante.



Un cri, une ode à la nature et à la vie dans toute sa splendeur. J'ai adoré.
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Avant de brûler

Non ce n’est pas déprimant. Je n’ai pas lu La Route (honte à moi!!!) donc je ne peux pas dire si c’est le pendant féminin de ce récit. Ici, ce je peux dire c’est que c’est charnel, chaleureux et en même temps glaçant. C’est parfois dur mais à côté de cela tu as des moments d’une poésie magique. Un roman à découvrir d’urgence. C’est beau à pleurer. Un roman québécois, le deuxième de l’auteurice, un monde qui pourrait être le nôtre d’ici peu. J’en sors à l’instant toute bouleversée. Bon j’arrête là. 😉
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Les falaises

Histoire de femmes, histoire d’un deuil. Celui que doit faire V. à la mort de sa mère Frida, une mère tout à fait imparfaite, une mort que Frida a choisi de se donner.

V. retrouve à cette occasion la maison familiale, une maison habitée par des femmes sans homme, par les vents de Gaspésie et dans laquelle sa grand-mère a laissé de précieux cahiers de souvenirs.

C’est un livre bouleversant bien sûr, qui raconte la difficulté à se reconstruire, à faire des projets, à aimer. Mais aussi l’envie plus forte de se réaliser malgré tout, qui que l’on soit, d’où que l’on vienne. Une histoire de voyages.

L’écriture de Virginie DeChamplain est musicale, rythmée de mots québécois inconnus pour moi jusqu’alors et qui ajoutent au plaisir de la lecture.

Je vous recommande chaudement ce roman !
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Les falaises

V. se rend en Gaspésie, au bord du fleuve Saint-Laurent, afin d'aider sa sœur et sa tante à vider la maison de sa mère qui vient de mourir noyée dans le fleuve.

Très vite, elle propose de prendre en charge seule cette tâche et se retrouve écrasée dans son isolement par les souvenirs douloureux et les découvertes qu'elle fait, sur sa mère et sa grand-mère. Elle flotte entre rêve et réalité, passé et présent, deuil et amour.



Je n'ai pas aimé cette lecture, tant à cause de l'histoire que du style.

Le récit est flou et j'ai dû parfois faire des retours en arrière pour comprendre et déclencher des images mentales.



L'histoire de cette famille, de ces trois femmes, ne m'a pas touchée et je n'en ai pas saisi la finalité.



Le style choisi par l'autrice est le langage parlé québécois au présent. Sur 200 pages, c'est lassant et j'ai très vite eu envie de retourner à une lecture plus littéraire.



Ce premier roman présente cependant des qualités appréciables: le personnage de V. est très attachant, comme d'ailleurs plusieurs personnages rencontrés au cours de l'histoire; les émotions et sentiments peu exprimés par des mots sont pourtant bien ressentis par le lecteur; le récit non linéaire, fait de flashbacks, d'extraits de journaux intimes de la grand-mère, est très bien maitrisé.



Je lui souhaite de trouver son public.
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Les falaises

A la mort de sa mère, V. se rend dans la maison familiale en Gaspésie, lieu dont elle a jusqu’ici plutôt cherché à s’éloigner. Pendant qu’elle trie les affaires de la défunte, refluent les souvenirs rythmés par l’humeur fantasque de la mère, par les voyages aussi, comme si toujours il fallait aller chercher ailleurs une part manquante. En rangeant la vie de sa mère, V. tombe sur des carnets rédigés par sa grand-mère maternelle de 1968 - année de la naissance de sa mère - à 1992 - sa propre naissance. Elle y découvre une filiation islandaise et s’envole vers cette île de volcans, de falaises et d’aurores boréales, sur les traces de ces deux femmes si insaisissables. Un départ comme une urgence, un vertige nécessaire pour enfin s’ancrer dans la terre.

Dans ce premier roman, Virginie DeChamplain explore les manques qui forgent, les cicatrices avec lesquelles on se construit, l’amour maladroit, la puissance de la filiation. Partir toujours, rêver ailleurs : les femmes de la famille ont appris à déguiser la fuite et pourtant toutes finissent par revenir au même endroit, dans cette maison au bord du Saint-Laurent. Parce qu’il y a des liens qui vous obligent, inexorablement.

Un livre découvert comme en apnée, dans un vertige, chavirée par la poésie que draine la langue aux accents québécois de Virginie DeChamplain.
Lien : https://31rstfloor.wordpress..
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Les falaises

Un livre sur le temps qui passe, la transmission entre générations. La narratrice V est de retour dans la maison familiale suite au suicide de sa mère, c’est le moment de faire le ménage, mais les blessures du passé non cicatrisées réapparaissent.

Un livre qui se lit avec le ventre, avec palpitation, un premier roman qui secoue le plus intime et une fois le livre commencé, impossible de s’arrêter avant d’assembler toutes les pièces du puzzle . Les chapitres sont courts, entrecoupés d’apartés poétiques, des carnets de la grand-mère que V a retrouvé et dont elle s’est entourée. Il va falloir réapprendre à vivre, prendre son envol en se réappropriant les vertiges intérieurs, et aussi entreprendre un retour au pays natal de la grand-mère l’Islande.

Un roman puissant, hypnotisant, j’ai adorée !!!!

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Les falaises

Il y a V., une fille qui danse dans le salon de sa maison d'enfance.

Pas facile, l'enfance. le père inconnu au bataillon, ou c'est tout comme. La mère, une funambule sur le fil du rasoir, qui fuit l'hiver comme la peste, emmenant autour du monde ses deux filles dans des voyages où tout peut basculer à chaque instant. Toujours l'air d'être sur le point de craquer, Frida, pas vraiment le modèle rassurant d'une maman gâteau et verre de lait... Les chagrins, c'est blotties l'une contre l'autre que V. et sa soeur les affrontaient.



Et puis voilà. Ce jour-là elle a sauté, Frida. Silhouette blanche qui avait hésité plus d'une fois et qui avait fini par faire le dernier pas, celui où l'on s'en remet au vide, advienne que pourra.



Dans "Les Falaises", il y a les mots, qui sentent le vent et l'air humide du Saint-Laurent. Les phrases de Claire, la grand-mère, qui de carnet en carnet dévident les méandres d'une vie sans racines. Claire qui sécrète les bourgeons incandescents qui écloront dans la poitrine de sa fille. Une bombe à retardement.



En vidant la maison familiale, V. boit les rêves de sa grand-mère, boit les verres que lui sert Chloé, la barmaid au visage de renarde. Fascinante, réconfortante Chloé. Une ancre dans la tempête. Un corps auquel s'accrocher. V. fait ce qu'on fait toutes dans ces moments-là : elle fait comme elle peut. Elle cherche, elle trouve, elle se saoûle, elle se souvient. Elle part, pour faire le point.



"Les Falaises" débute par un suicide et nous aspire au coeur du deuil. Ne passez pas votre chemin. Rien de plombé, dans la prose de Virgine DeChamplain qui nous offre cette histoire de femmes fortes, un peu fées, un peu fêlées. le parler, poétique et enveloppant, nous donne envie de Québec et de liberté, d'amour et de sororité. Ce livre nous rappelle que la route est accidentée, qu'on s'y écorche parfois les genoux, mais que la vie continue, malgré tout. On le sait, mais dit comme ça, ça change tout.



La mort, ça niaise. "J'ai une falaise au bord des lèvres", dit V.

Et nous donc.


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Les falaises

« J’ai l’automne à l’envers. En dedans au lieu d’en dehors. Humide, tiède dans le creux des joues. Du vent qui craque dans la cage thoracique.

C’est octobre.

Ma mère est morte et j’ai pas encore pleuré. »



Voici comment s’ouvre ce roman. Comme une éclipse d’une vision qui hantera à jamais l’auteure.



Voyage introspectif dans les eaux troubles de la maternité, ses silences, ses non-dits, ses apocalypses.



Au rivage des falaises de Gaspésie au Quebec, la mère de l’auteure est retrouvée morte telle une sirène échouée. Nul doute n’est permis. C’est un suicide. V. nous livre ici un texte hypnotisant d’une mère au bord du naufrage tout le long de sa vie, une femme ayant toujours préféré partir le plus loin possible. Toujours plus loin.

Ça la rassurait, trouver le chaos ailleurs. S’assurer qu’on existe encore à l’autre bout du monde.



Ce livre, ce sont quelques bribes poétiques, toujours immergées dans l’eau des falaises. Des éclipses temporelles, des émois de femmes, de deux sœurs, de deux corps à corps. Des tentatives pour accrocher l’oxygène, gonfler ses poumons d’instantanés quand reviennent en carambole les souvenirs.



Le roman s’entrecoupe des pages manuscrites de la grand mère, au temps où elle portait son enfant, la mère de l’auteure.

On devine une souffrance intergénérationnelle, un fardeau de mère en fille, une souffrance latente.



Les larmes sont au bord du cœur, retenues dans les eaux froides de Gaspésie. On entend les fantômes murmurer les chants des défunts, on voit des sirènes couler loin des bras aimants des marins, les falaises enlèvent, réveillent, retiennent et sondent les cœurs tristes.

Les falaises au bord des lèvres pour distiller l’encens de ces amours qui jamais ne s’éteignent.



Un premier roman hypnotisant à souhait, d’une rare beauté où viennent se perdre quelques mots québécois pas toujours évidents à comprendre, un langage à la fois fort, brûlant et jeune avec ces phrases abruptes sans négation, flottant entre poésie et regards acerbes.

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Les falaises

Je suis complètement passée à côté de cette lecture, et je suis dégoûtée. Le résumé me faisait tellement envie, j’aurais tellement aimé, mais non malheureusement. Ce qui m’arrive très rarement, je n’aime pas faire ce genre de chronique, mais pour moi, ça ne l’a pas fait. C’est sûrement un avis très personnel, j’ai lu beaucoup de bons avis sur ce livre.



Déjà, il faut savoir que ce livre est bourré de québécois, ce qui m’a complètement bloquée dans mon écriture. Je n’y connais rien, à part le char qui veut dire voiture, je n’ai donc pas compris toutes les expressions utilisées dans le texte. Un énorme frein pour moi, je n’ai pas réussi à passer au-dessus, je suis donc resté assez hermétique à l’histoire.



C’est en plus une lecture vraiment particulière, très courte (moins de 200 pages), où tout va très vite, trop vite pour moi. J’avais été étonné de sa taille à la réception et quand j’ai commencé à le feuilleté encore plus. Tout est plus ou moins survolé, tout manque de profondeur et j’ai eu du mal avec certains aspects de l’histoire. J’ai trouvé ces femmes vraiment étranges, je ne les ai pas comprises, elles ne m’ont pas touchées.



L’auteure a une plume très particulière, très crue, très cash, mais avec un sens de la poésie et des rimes assez prononcées.



Pourtant, ce livre avait tout pour me plaire, une histoire de femmes, de générations, de passé plus ou moins cachés, de voyages, de liberté. Une histoire de deuil, de page à tourner, de chemin à trouver.



Toutes les femmes de cette famille ont été à un moment donné perdue. Je crois que ce que j’ai le plus aimé dans ce livre, ce sont les extraits du carnet de la grand-mère de la narratrice.



C’est donc une lecture très mitigée pour moi, je suis passé complètement à côté de ma lecture, je n’ai pas été touchée. Sans doute à cause de la plume particulière de l’auteure et du parlé Québécois. Une lecture qui n’était pas faite pour moi, mais si mes points négatifs ne vous dérangent pas, n’hésitez pas à vous faire votre propre avis.
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Les falaises







V. apprend la mort de sa mère. Elle retourne dans sa maison familiale pour s’occuper de ses affaires avec sa soeur et sa tante. Là, elle découvre les écrits de sa mère, repense à sa grand-mère morte le jour de sa naissance. Cette grand-mère vient d’Islande, une terre qui a fasciné sa mère.

L’occasion de revenir sur les espoirs, les regrets et la transmission.

Le style est très beau. J'ai aimé la langue surtout qui ajoute une belle énergie. La nature y est magnifiquement représentée. Un très beau décor pour cette quête de soi.

Ce récit poétique et intense au rythme effréné est une très belle plongée dans le froid et les souvenirs avec la narratrice.

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