Attention, les citations qui suivent ne sont pas extraites du livre de Vladislav Otrochenko.
Je les ai mises car j'ai pensé, en lisant ce livre, au tableau du peintre russe Ilya Répine « Les Cosaques zaporogues écrivant une lettre au sultan de Turquie » et elles m'ont semblé répondre à l'esprit de ce roman
Réponse des cosaques Zaporogues au sultan de Constantinople
"À Toi Satan turc, frère et compagnon du Diable maudit, serviteur de Lucifer lui-même, salut ! Quelle sorte de noble chevalier au diable es-tu, si tu ne sais pas tuer un hérisson avec ton cul nu ? Le Diable chie, et ton armée mange. Tu n'auras jamais, toi fils de putain, les fils du Christ sous tes ordres : ton armée ne nous fait pas peur et par la terre ou par la mer nous continuerons à nous battre contre toi. Toi, marmiton de Babylone, charretier de Macédoine, brasseur de bière de Jérusalem, enculeur de chèvre d'Alexandrie, porcher de Haute et Basse Égypte, truie d'Arménie, giton tartare, bourreau de Kamenetz, être infâme de Podolie, petit-fils du Diable lui-même, Toi, le plus grand imbécile malotru du monde et des enfers et devant notre Dieu, crétin, groin de porc, cul de jument, bâtard de boucherie, front pas baptisé, baise ta propre mère ! Voilà ce que les Cosaques ont à te dire, à toi sous produit d'avorton ! Tu n'es même pas digne d'élever nos porcs. Tordu es-tu de donner des ordres à de vrais chrétiens !! Nous n'écrivons pas la date car nous n'avons pas de calendrier, le mois est dans le ciel, l'année est dans un livre et le jour est le même ici que chez toi et pour cela tu peux nous baiser le cul !"
Signé : le Koshovyj Otaman Ivan Sirko et toute l'Armée Zaporogue
Poème D'Apollinaire que cette lettre a inspiré :
Plus criminel que Barrabas
Cornu comme les mauvais anges
Quel Belzébuth es-tu là-bas
Nourri d'immondice et de fange
Nous n'irons pas à tes sabbats
Poisson pourri de Salonique
Long collier des sommeils affreux
D'yeux arrachés à coup de pique
Ta mère fit un pet foireux
Et tu naquis de sa colique
Bourreau de Podolie Amant
Des plaies des ulcères des croûtes
Groin de cochon cul de jument
Tes richesses garde-les toutes
Pour payer tes médicaments
Le poète Gaius Valerius Catullus, la pire langue qui soit, à sauvé de l’oubli beaucoup de noms obscurs. La putain Ameana, « puella defututa » (la trop baisée) qui exige pour ses services des sommes fantastiques, le petit Juventus qui passe d’un débauché à l’autre, Postumia l’hétaïre qui a la haute main sur les banquets et les orgies, Thallus le roi de la fauche qui ramollit son corps dans les bains jusqu’à être aussi avachi « que la queue flasque de vieillard » (pene languido senis), le poète Volusius, auteur « d’annales bonnes à se torcher » (cacata carta), Egnatius qui rit en toutes circonstances et se lave les dents avec sa pisse – tous auraient dû disparaître sans laisser de traces. Catulle leur a donné l’éternité.
Et Malakh est né pour la guerre. C'est un guerrier. Et seule la guerre est gardienne de son âme, seule la guerre emplit son âme d'une paix solide et lumineuse, parce qu'à la guerre Malakh fait son métier. Et son métier est de se battre, sans éprouver pour le vaincu ni amour, ni mépris; c'est leur absence dans le cœur du guerrier qui porte le nom de vaillance.
La véritable poésie tsoog est apparentée au jeu de dés. Le poète, très rapidement (en une minute) élabore son vers à partir de mots "impondérables" qui n'ont pour l'instant aucun sens. Et si la minute d'après, par le fait du hasard (ou, pense-t-on, de l'amour de Dieu envers le poète) cette création acquiert sens et harmonie, cela provoque une explosion d'enthousiasme chez l'heureux poète et ses deux lecteurs- deux lecteurs permanents, en quelque sorte des fonctionnaires, sont toujours postés auprès du poète tsoog afin d'enregistrer le miracle de la naissance du vers.
A la guerre, dirait-il, il n'y a pas de vivants ou de tués, il n'y a pas de furie ni de pitié, il n'y a pas de courage ni de lâcheté - à la guerre il n'y a que la guerre.