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EAN : 9782864326748
120 pages
Verdier (20/09/2012)
3.17/5   6 notes
Résumé :
Suscitée par les images d’un album de photos, ou par les récits que la mémoire a légués au narrateur, la prose foisonnante d’Otrochenko nous emporte d’emblée dans les aventures et légendes d’une saga familiale hors du commun dont il tire une fabuleuse évocation.
Dans la Russie impériale du début du vingtième siècle, le Cosaque Malackh va engendrer treize enfants, treize « oncles » dont la forte personnalité nous est représentée avec un mélange de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
A « La Voix de la Russie » Vladislav Otrochenko, descendants d’une lignée de cosaques, explique à propos de ce livre qui porte comme sous titre « Légendes pour un album de photographies » :
« Je ne sais presque rien de l’histoire de ma famille à moi contrairement à la plupart des Italiens ou des Français. Leurs pays n’ont pas connu les cataclysmes sociaux qui auraient abouti à rompre totalement avec le passé. Et lorsque j’écrivais ce roman, j’avais devant moi ces photos qui étaient comme des petites îles. Et je ne savais pas ce qu’il y avait autour de ces petites îles. Et j’ai donc compensé tout cela par mon imaginaire. J’essayais de créer à partir de ces île minuscules qu’étaient les photos, le « continent » de l’histoire de ma famille ».

C’est donc à partir de photos éparses qu’il bâtit la légende de ceux qui pourraient être ses treize oncles, les treize frères Malakhovitch tous pourvu d’imposants favoris, fils de Annouchka et Malakh « l’immortel », qualifié par Sémion de soliveau stupide et décati, qui est retrouvé dans un placard d’une pièce de la maison où ils vivent, un véritable labyrinthe qui s’est développé au gré du temps, en direction des quatre points cardinaux. L’oncle Sémion fait exception, il a été conçu, alors que Malakh guerroyait, avec un grec de passage.

« Quand l'oncle Sémion se brûla accidentellement les favoris, il décréta le deuil dans la maison, fit voiler tous les miroirs de percaline noire et mit son costume noir à col de satin, qui puait la naphtaline à tel point que tous les moustiques et toutes les mouches de la maison s'enfuirent à tire d'ailes.
Le soir, il envoya à tous ses frères des télégrammes identiques :

VIENS TOUT DE SUITE, FISTON. LE FEU DE L'ENFER A DÉVORÉ MES FAVORIS. SÉMION MALAKHOVITCH.

Ce n'était pas le plus âgé des oncles, et ses favoris n'étaient pas les plus imposants - ceux de l'aîné, Porphyre Malakhovitch, lui tombaient aux épaules, et lui-même était si énorme qu'il avait du mal à passer certaines portes… » p 11

Ce conte burlesque et poétique entraîne le lecteur qui le veut bien, dans une gigue endiablée où l’auteur laisse libre cours à son imagination pour se bâtir une histoire familiale à sa démesure à partir des photos prises par trois « luminoscribes » (photographes). Parfois on fait appel à Kikiani le très lent ou à deux français beaucoup plus rapides « gais, pleins de faconde ».

« Les préparatifs de l’opération magique accomplie par le mécanisme caché dans l’appareil Freiland était assez longs. Visiblement, Kikiani prenait un plaisir particulier à faire durer ces minutes, éprouvantes pour ses dociles modèles et enivrantes pour lui-même, où il avait encore le pouvoir de transformer certaines choses déjà ombrée d’éternité, d’introduire à sa fantaisie quelques changements, certes négligeables mais délicieusement arbitraires, dans le tableau unique, inébranlable, entièrement prédestiné au seul instant indestructible où le temps capturé par surprise ne bougerait plus au-delà d’une certaine ligne mystérieuse. » p 51

Otrochenko sait raconter. Il est un peu comme un bonimenteur de foire, il sait tenir en haleine le lecteur qui, se trouvant aspiré dans un véritable maelström, ne peut plus se dégager et, arrivé à la fin, souhaite y replonger.

J’ai pensé, en lisant ce texte, au tableau du peintre russe Ilya Répine « Les Cosaques zaporogues écrivant une lettre au sultan de Turquie » Les trognes réjouies de ces cosaques, riant du texte qu’ils sont en train de dicter, correspond bien aux treize oncles. Je mets le texte de la réponse au sultan dans les citations ainsi que le poème d’Apollinaire qui en est né, les deux proches de l’esprit rabelaisien et farceur des « Treize oncles » d’Otrochenko.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Attention, les citations qui suivent ne sont pas extraites du livre de Vladislav Otrochenko.
Je les ai mises car j'ai pensé, en lisant ce livre, au tableau du peintre russe Ilya Répine « Les Cosaques zaporogues écrivant une lettre au sultan de Turquie » et elles m'ont semblé répondre à l'esprit de ce roman

Réponse des cosaques Zaporogues au sultan de Constantinople
"À Toi Satan turc, frère et compagnon du Diable maudit, serviteur de Lucifer lui-même, salut !  Quelle sorte de noble chevalier au diable es-tu, si tu ne sais pas tuer un hérisson avec ton cul nu ?  Le Diable chie, et ton armée mange.  Tu n'auras jamais, toi fils de putain, les fils du Christ sous tes ordres : ton armée ne nous fait pas peur et par la terre ou par la mer nous continuerons à nous battre contre toi.  Toi, marmiton de Babylone, charretier de Macédoine, brasseur de bière de Jérusalem, enculeur de chèvre d'Alexandrie, porcher de Haute et Basse Égypte, truie d'Arménie, giton tartare, bourreau de Kamenetz, être infâme de Podolie, petit-fils du Diable lui-même,  Toi, le plus grand imbécile malotru du monde et des enfers et devant notre Dieu, crétin, groin de porc, cul de jument, bâtard de boucherie, front pas baptisé, baise ta propre mère !  Voilà ce que les Cosaques ont à te dire, à toi sous produit d'avorton !  Tu n'es même pas digne d'élever nos porcs.  Tordu es-tu de donner des ordres à de vrais chrétiens !!  Nous n'écrivons pas la date car nous n'avons pas de calendrier, le mois est dans le ciel, l'année est dans un livre et le jour est le même ici que chez toi et pour cela tu peux nous baiser le cul !"
Signé : le Koshovyj Otaman Ivan Sirko et toute l'Armée Zaporogue

Poème D'Apollinaire que cette lettre a inspiré :
Plus criminel que Barrabas
Cornu comme les mauvais anges
Quel Belzébuth es-tu là-bas
Nourri d'immondice et de fange
Nous n'irons pas à tes sabbats

Poisson pourri de Salonique
Long collier des sommeils affreux
D'yeux arrachés à coup de pique
Ta mère fit un pet foireux
Et tu naquis de sa colique

Bourreau de Podolie Amant
Des plaies des ulcères des croûtes
Groin de cochon cul de jument
Tes richesses garde-les toutes
Pour payer tes médicaments
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Et Malakh est né pour la guerre. C'est un guerrier. Et seule la guerre est gardienne de son âme, seule la guerre emplit son âme d'une paix solide et lumineuse, parce qu'à la guerre Malakh fait son métier. Et son métier est de se battre, sans éprouver pour le vaincu ni amour, ni mépris; c'est leur absence dans le cœur du guerrier qui porte le nom de vaillance.
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A la guerre, dirait-il, il n'y a pas de vivants ou de tués, il n'y a pas de furie ni de pitié, il n'y a pas de courage ni de lâcheté - à la guerre il n'y a que la guerre.
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