La photographie est tout au plus une petite voix, mais il arrive parfois, pas toujours il est vrai, qu’un seul cliché, voire un ensemble, séduise nos sens au point de déboucher sur une prise de conscience.
Eugène Smith parla de "génocide industriel" et ne tenta pas de cacher ses sentiments à ce sujet. En fait, la présence parmi les villageois d'un célèbre journaliste américain qui s'était mis à partager leur nourriture empoisonnée donna de l'impact à leurs revendications et attira l'attention publique... "Il fallait que leur rage soit connue du pays tout entier", déclara Smith par la suite.
Là où l'approche classique en matière de photo-reportage consistait à l'époque, pour le photographe, à se mettre à la place du lecteur, Smith avait trouvé le moyen de se mettre à la place de son sujet ; il franchissait le cadre de la photographie et se plaçait au cœur de l'action qui se déroulait devant son objectif.