Willem Wittstamm

Par hasard, j'appris qu'un séminaire de yoga se tenait dans un village voisin. Mais le hasard existe-t-il vraiment ? Personnellement, je crois plutôt à ce que les Français et les Anglais appellent coïncidence, qui signifie plutôt «cohabitation d'événements». À ce moment-là, je voulais changer radicalement de vie. Dès la première heure d'exercice, je sentis qu'il ne s'agissait pas en yoga de briller par des contorsions acrobatiques, mais plutôt que je venais de trouver exactement ce dont mon coeur avait besoin. Un doux chemin vers l'autoguérison. Dès le début, j'aimais particulièrement la sensation que cela me procurait : le calme en moi, le lâcher-prise. Ce ne fut pas ma tête, mais mon corps qui décida de suivre la voie du yoga. Je sais aujourd'hui que cette première expérience a marqué pour moi un tournant salvateur, qui m'a empêché de sombrer dans le cynisme et la dépression et de ressentir encore plus l'absurdité de mes activités. Je suis resté fidèle au Kundalini yoga enseigné ce week-end-là - à ces exercices dynamiques, à la respiration guidée, et surtout à ses mantras, si faciles à chanter. Après le séminaire, j'ai commencé à pratiquer le yoga régulièrement. J'instaurai rapidement une routine quotidienne qui m'offrit un soutien et m'aida à retrouver le chemin de la vie. Le yoga me redonna la conscience de ma force intérieure ; il m'apporta la paix et la certitude que mon talent pouvait servir à bien plus qu'à faire du profit, et que je ne devais plus me consumer dans l'événementiel commercial.

J'ai été drôle toute ma vie, et j'ai pris du plaisir à faire rire les autres. Mais avec le temps, j'ai eu la sensation que ma capacité à divertir les autres par l'humour et la légèreté, et aussi à les passionner pour des thèmes complexes, se dissipait peu à peu. Mon don était devenu une routine : près de 100 représentations par an dans les salons internationaux à faire de la publicité pour des produits innovants et compliqués de l'industrie de la communication moderne ; mon boulot, c'était d'être rigolo pour faire grimper le chiffre d'affaires de mes clients. J'ai soudain pris conscience que je ne me reconnaissais plus depuis longtemps dans ce que je faisais.

«Chaque fin contient également un début !»