Ainsi de l'institution du mariage, qui mélange sans réserve l'intime et le public. Les familles les plus prudes, celles qui pour rien au monde n'oseraient parler de sexualité à leurs enfants, celles qui défilent la bonne conscience portée fièrement en bannière contre le mariage pour tous, n'ont pourtant jamais hésité à costumer ces mêmes enfants en filles et en garçons d'honneur pour faire cortège à la mariée, alors même qu'il ne s'agissait que de la mener à l'accouplement, comme une vache au taureau. Dans sa version bourgeoise contemporaine, le contenu sexuel du mariage est la chose à la fois la plus manifeste et la plus cachée. Voiles de tulle, jaquettes grises, jolies boîtes à dragées, fleurs et grains de riz n'ont d'autre fonction que d'ensevelir sous la solennité et la bienséance le signifiant sexuel de la cérémonie.