La prison ferme concerne moins de 10% des individus déférés à la Justice. […] En définitive, la prison ferme reste l’exception, le « derniers recours » voulu par la loi. Seule une infraction constituée sur trente aboutit à une peine de prison. Or, ces 4 millions d’infractions n’étant que la partie émergée de iceberg de la délinquance, la prison ferme s’applique en réalité au mieux à une infraction sur 50. Pour les mineurs , la prison ne s’applique qu’à 3% des auteurs identifiés. […] Les mineurs représentent environ 1% de la population carcérale, alors qu’ils sont responsables de 18% des crimes et délits.
On ne peut pas tenir pour responsable des conséquences inattendues d’une décision dès lors que deux personnes raisonnables auraient pu aboutir à des conclusions opposées. Imaginons que l’on mette en cause systématiquement la responsabilité personnelle des juges, lorsque les criminels présumés placés en détention provisoire sont finalement acquittés par la cour d’assises. Dans un tel système les juges seront inévitablement incités à ne plus prendre aucun risque et à ne placer aucun accusé en détention provisoire.
En fait, derrière les discours sur la nécessite d’individualiser la peine, pour qu’elle soit plus « utile » au détenu, derrière la promotion inconsidérée des libérations anticipées, parce qu’elles seraient le « meilleur outil de lutte contre la récidive », il y a une volonté de principe de réduire autant que possible la durée des peines, par simple réticence à punir. […] Le refus de principe de la dissuasion générale explique pourquoi notre appareil judiciaire tolère l’impunité. Le refus de la neutralisation, ou même de simples moyens de contraintes comme la castration chimique ou le bracelet électronique, explique l’impéritie de la prise en charge des criminels dangereux. Mais le dogmatisme pénal explique également pourquoi les victimes sont souvent laissées pour compte. Car la victime est gênante, dès lors que la priorité des priorités est d’éviter que l’État porte atteinte aux individus. Elle est tenue à distance, car l’empathie que l’on pourrait lui accorder risquerait – horesco referens – aggraver le sort des condamnés.
Une enquête a révélé que la majorité des psychiatres hospitaliers français ne souhaite tout simplement pas prescrire les traitements antilibido, pour des raisons de principe, alors même qu’ils sont recommandés à la fois par la Haute Autorité des santé et l’Académie de médecine.
Le taux d’incarcération – c’est à dire le nombre de prisonniers pour 100 000 habitants – est en France d’environ 100, alors que la moyenne européenne est de 122. Le ratio des Etats-Unis dépasse les 700.