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EAN : 9782213677163
306 pages
Fayard (10/04/2013)
4.17/5   6 notes
Résumé :
Des jeunes essaient de tuer des policiers à coups de marteau et sortent libres du tribunal. Des violeurs en série sont libérés sans précaution et récidivent dans la foulée. Des multirécidivistes accumulent les sanctions symboliques avec un sentiment d’impunité. Des victimes terrorisées doivent déménager à la suite de jugements qui autorisent leur agresseur à revenir vivre à proximité. Face à un ministère de la Justice qui ne croit plus à l’utilité de la prison, ce l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Révoltant, l'ouvrage politique et sociétal de Xavier Bébin donne du fil à retorde aux têtes pensantes de la magistrature française. le système pénal français n'est plus crédible : La prison ferme concerne moins de 10% des individus déférés à la Justice. […] En définitive, la prison ferme reste l'exception, le « derniers recours » voulu par la loi. Seule une infraction constituée sur trente aboutit à une peine de prison. Or, ces 4 millions d'infractions n'étant que la partie émergée de l'iceberg de la délinquance, la prison ferme s'applique en réalité au mieux à une infraction sur 50. Pour les mineurs , la prison ne s'applique qu'à 3% des auteurs identifiés. […] Les mineurs représentent environ 1% de la population carcérale, alors qu'ils sont responsables de 18% des crimes et délits.
D'autres statistiques viennent à confirmer le laxisme du système pénitentiaire en France : le taux d'incarcération – c'est à dire le nombre de prisonniers pour 100 000 habitants – est en France d'environ 100, alors que la moyenne européenne est de 122. le ratio des Etats-Unis dépasse les 700. Ainsi, la politique de Taubira voulant « en finir avec le tout carcéral » fait froid dans le dos, et pour cause ! Rachida Dati avait émis le même souhait en 2007, à savoir, supprimer les peines de prison ferme de moins de deux ans. Deux optiques pour la politique politicienne : rentabiliser au maximum les places de prison (au 1er février 2013, le taux d'occupation est de 114,8%), et une autre idéologie beaucoup plus profonde et sournoise cette fois-ci, la réticence de l'humain à punir au sans éthique du terme. L'auteur l'explique très bien : En fait, derrière les discours sur la nécessité d'individualiser la peine, pour qu'elle soit plus « utile » au détenu, derrière la promotion inconsidérée des libérations anticipées, parce qu'elles seraient le « meilleur outil de lutte contre la récidive », il y a une volonté de principe de réduire autant que possible la durée des peines, par simple réticence à punir. […] le refus de principe de la dissuasion générale explique pourquoi notre appareil judiciaire tolère l'impunité. le refus de la neutralisation, ou même de simples moyens de contraintes comme la castration chimique ou le bracelet électronique, explique l'impéritie de la prise en charge des criminels dangereux. Mais le dogmatisme pénal explique également pourquoi les victimes sont souvent laissées pour compte. Car la victime est gênante, dès lors que la priorité des priorités est d'éviter que l'État porte atteinte aux individus. Elle est tenue à distance, car l'empathie que l'on pourrait lui accorder risquerait – horesco referens – d'aggraver le sort des condamnés. En voulant atteindre le plus haut niveau du droit, par un soucis de justice évident (car l'homme éprouve par définition de l'empathie, mais il réfléchit avec la raison), on atteint la pire des injustices et le code pénal permet à des criminels dangereux d'avoir une vie paisible (alors que les victimes, elles, n'ont même pas le temps de se reconstruire avec l'idée d'une justice faite à leur égard). C'est aussi ce qui explique le fait honteux (mais pour autant rationnel) qu'une victime ne puisse pas faire appel d'une décision qui la concerne puisque elle est l'agressée. En effet, cela pourrait amener à des appels « abusifs » ou dans tous les cas un retard supplémentaire dans les procédures françaises, déjà suffisamment longues dans l'état actuel des choses. Or, il s'agit d'une injustice qui donne les pleins pouvoirs au condamné. Lors de procès, c'est l'enfance du condamné qui est abordée pour en tirer des circonstances atténuantes : psychiatres, psychologues et assistants sociaux sont appelés à la barre…
Autre problème dans ce système français : la réintégration. Non seulement à la sortie d'une peine les ex-détenus ne sont pas suivis par une instance de justice, mais ils ne sont pas tenus de rendre des comptes à la justice. Or, dans le cas des délinquants sexuels, un suivi médical devrait être obligatoire : le castration chimique est un traitement hormonal qui contrôle les pulsions sexuelles. Lorsque la thérapie est limitée au séjour carcéral, elle n'empêche donc pas la récidive. Les agresseurs sexuels suivent en majorité (66%) des psychothérapies simples, dénuées d'efficacité : Une enquête a révélé que la majorité des psychiatres hospitaliers français ne souhaite tout simplement pas prescrire les traitements antilibido, pour des raisons de principe, alors même qu'ils sont recommandés à la fois par la Haute Autorité des santé et l'Académie de médecine.
Parmi les problématiques évoquées par l'auteur, celle de « responsabiliser » les magistrats tout en leur interdisant une appartenance politique est évoquée : On ne peut pas tenir pour responsable des conséquences inattendues d'une décision dès lors que deux personnes raisonnables auraient pu aboutir à des conclusions opposées. Imaginons que l'on mette en cause systématiquement la responsabilité personnelle des juges, lorsque les criminels présumés placés en détention provisoire sont finalement acquittés par la cour d'assises. Dans un tel système les juges seront inévitablement incités à ne plus prendre aucun risque et à ne placer aucun accusé en détention provisoire.
Xavier Bébin fait part de ses inquiétudes sur le fonctionnement de la justice française. En voulant donner plus de sens humain au droit, on oublie le principe de la raison, et c'est ce qui fait basculer aujourd'hui, la France dans l'insécurité.
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À lire pour comprendre pourquoi la délinquance augmente.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
La prison ferme concerne moins de 10% des individus déférés à la Justice. […] En définitive, la prison ferme reste l’exception, le « derniers recours » voulu par la loi. Seule une infraction constituée sur trente aboutit à une peine de prison. Or, ces 4 millions d’infractions n’étant que la partie émergée de iceberg de la délinquance, la prison ferme s’applique en réalité au mieux à une infraction sur 50. Pour les mineurs , la prison ne s’applique qu’à 3% des auteurs identifiés. […] Les mineurs représentent environ 1% de la population carcérale, alors qu’ils sont responsables de 18% des crimes et délits.
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En fait, derrière les discours sur la nécessite d’individualiser la peine, pour qu’elle soit plus « utile » au détenu, derrière la promotion inconsidérée des libérations anticipées, parce qu’elles seraient le « meilleur outil de lutte contre la récidive », il y a une volonté de principe de réduire autant que possible la durée des peines, par simple réticence à punir. […] Le refus de principe de la dissuasion générale explique pourquoi notre appareil judiciaire tolère l’impunité. Le refus de la neutralisation, ou même de simples moyens de contraintes comme la castration chimique ou le bracelet électronique, explique l’impéritie de la prise en charge des criminels dangereux. Mais le dogmatisme pénal explique également pourquoi les victimes sont souvent laissées pour compte. Car la victime est gênante, dès lors que la priorité des priorités est d’éviter que l’État porte atteinte aux individus. Elle est tenue à distance, car l’empathie que l’on pourrait lui accorder risquerait – horesco referens – aggraver le sort des condamnés.
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On ne peut pas tenir pour responsable des conséquences inattendues d’une décision dès lors que deux personnes raisonnables auraient pu aboutir à des conclusions opposées. Imaginons que l’on mette en cause systématiquement la responsabilité personnelle des juges, lorsque les criminels présumés placés en détention provisoire sont finalement acquittés par la cour d’assises. Dans un tel système les juges seront inévitablement incités à ne plus prendre aucun risque et à ne placer aucun accusé en détention provisoire.
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Une enquête a révélé que la majorité des psychiatres hospitaliers français ne souhaite tout simplement pas prescrire les traitements antilibido, pour des raisons de principe, alors même qu’ils sont recommandés à la fois par la Haute Autorité des santé et l’Académie de médecine.
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Le taux d’incarcération – c’est à dire le nombre de prisonniers pour 100 000 habitants – est en France d’environ 100, alors que la moyenne européenne est de 122. Le ratio des Etats-Unis dépasse les 700.
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